« La vérité ne m’aime pas. Dès que je la dis, elle change de figure et se retourne contre moi. J’ai l’air de mentir et tout le monde me regarde de travers. Et pourtant je suis simple et je n’aime pas le mensonge. Je le jure » (Jean Cocteau)

Un forum économique des investisseurs français en Afrique suffit-il à édulcorer les chiffres réels en matière économique du Togo ? Une information relayée sur un site du gouvernement, Republiquetogolaise.com est passée inaperçue alors que ce qui y est dit peut choquer les esprits critiques.

Lors du lancement de l’édition 2021 dudit forum, le chef de l’Etat s’est ainsi adressé aux participants : «.Le Togo est le pays où il est le plus facile de faire des affaires. L’édition 2020 du Doing Business de la Banque mondiale classe notre pays comme premier réformateur en Afrique et troisième meilleur au monde. Et en matière de création d’entreprises, le Togo se place au quinzième rang mondial. Malgré la crise sanitaire, notre taux de croissance élevé, 5%, est l’illustration la plus récente d’une économie agile, créative et pugnace », a écrit le site le 18 mars 2021.

Si ce que Faure Gnassingbé a annoncé était vrai en matière de taux de croissance malgré la crise sanitaire, alors le pays devrait être classé premier sans deuxième. On parle pourtant de crise sanitaire mondiale ayant affecté toutes les économies du monde. Et le Togo serait le pays qui aurait engrangé un taux de croissance de 5% en pleine crise, c’est-à-dire au cours de l’année 2020 ?

Heureusement que d’autres se sont prononcés sur l’état de l’économie togolaise avant la tenue de ce forum. « Après un taux de 5,3% enregistré en 2019, le taux de progression de l’activité économique au Togo est révisé à 1,3% pour l’année 2020, contre une prévision initiale de 5,5%. Ceci, en raison de la forte décélération que laissent apparaître les projections, avec une perte de croissance de 4,2% », révélait en juillet 2020 le ministre de l’Economie et des Finances. C’était lors d’une session extraordinaire du Conseil National du Crédit (CNC).

En décembre 2020, le portail du gouvernement français, Tresor.economie.gouv.fr publiait des chiffres sur le Togo. On était le 15 décembre 2020. Ainsi, il ressort que depuis 2016, les autorités togolaises ont conduit une politique constante de réduction du déficit public qui est ainsi passé de 9,5% du PIB en 2016 à 2,9% en 2019 et à une prévision initiale de 1,9% pour 2020. « L’impact du Covid tant au niveau des dépenses additionnelles (soutien aux populations fragiles avec le programme NOVISSI, subventions aux tarifs de l’eau et de l’électricité, soutien aux produits de base –farine-, report de charge des entreprises) que de la baisse des revenus de l’Etat a conduit le gouvernement à présenter une loi de finances rectificative avec un déficit de 7,1% du PIB. L’objectif est de revenir aux 3% du PIB à l’horizon 2024-2025 ».

Mais le clou de l’information réside dans les prévisions et la réalité liée au Covid-19. « Après l’impact de l’agitation sociale de 2017 avec un taux tombé à 4,4%, l’activité s’est progressivement redressée (+4,9% en 2018) pour atteindre 5,3% en 2019, taux très proche du niveau de 2016 (+5,6%). L’objectif de 2020, initialement fixé à +5,4%, a dû être revu à la baisse en raison de la crise sanitaire mondiale et s’établit désormais à 0%», a annoncé le trésor français.

Entre le ministre de l’Economie, le trésor français et Faure Gnassingbé, qui croire ?

Godson KETOMAGNAN / Liberté

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