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«Celui qui décrit le mieux le problème est celui qui est le plus à même de le résoudre » (Dan Roam)

Faure Gnassingbé, il y a quatre ans, prenant le Premier ministre espagnol Zapatero à témoin, avait donné l’impression d’abolir la peine de mort dans son pays. Simple folklore ! C’était le 24 juin 2009 devant l’Assemblée-mouton togolaise. Un petit retour en arrière permet aux citoyens de découvrir la grande clémence et de l’humanisme de la peine capitale au Togo pendant toutes ses décennies d’existence. Il n’y a qu’à comparer la période 2009-2013 (quatre ans) à la période d’indépendance à ce jour (soit 53 ans). Le nombre de prévenus en attente de jugement ou de condamnés purgeant des peines privatives de liberté et décédés dans leur détention en l’espace de quatre ans après l’abolition de la peine de mort n’a rien de raisonnable et tout porte à croire que le pouvoir de Faure n’a rien de sincère et qu’il s’est servi de cette mesure, juste pour tromper la communauté internationale, tout en montrant un autre visage à ses concitoyens. De mémoire d’homme, sous la peine de mort, en tout et pour tout, un seul exécuté sur décision de justice. C’était dans les années 70 sous Eyadèma.

Certes, cela ne voulait pas dire que sous lui, la vie humaine fut sacrée et respectée ; loin de là. On procédait à des assassinats sur les lieux de détention sous des formes déguisées (empoisonnements, tortures et autres), qu’on mettait sur le compte d’une crise cardiaque ou de suicide, etc. On se rappelle les cas Méatchi, Kongo et bien d’autres. Sous la deuxième période, signalons qu’après une sorte de ‘’délai de grâce’’ entre 2009 et 2010, c’est surtout à partir de 2011 jusqu’à ce jour que la courbe ascendante des décès dans nos prisons aura été des plus effarantes. Pour la seule année 2012 et pour la seule prison civile de Lomé, une cinquantaine au moins de détenus ont rendu l’âme. Et qu’en serait-il des autres centres pénitentiaires du pays ? Pourtant l’UE a investi une dizaine de milliards de francs dans la modernisation de la justice et des milieux carcéraux en vue de les rendre plus humains. Pour tout dire, cette mesure de Faure est destinée beaucoup plus à flouer la communauté internationale qu’à faire montre d’esprit humaniste à l’égard des gens tombés sous le coup de la loi. Son étonnante indifférence face à des décès en cascade s’apparente ni plus ni moins à du cynisme. Peut-on abolir la peine de mort dans un pays et aider ses compatriotes à mourir ?

Aujourd’hui, en dehors du cas d’Etienne Yakanou mort à la gendarmerie, la prison de Lomé a enregistré tout récemment cinq nouveaux cas de décès. Dans les pays normaux et civilisés, la prison n’est pas un lieu conçu pour aller y laisser sa vie. Quel est donc ce Togo où l’on abolit la peine de mort, de toute évidence, une manifestation de la reconnaissance du caractère sacré de la vie humaine et où en même temps, on enregistre une montée en flèche des décès due à de très mauvaises conditions de détention voulues par les premières autorités ? Aussi curieux que ça paraisse, depuis plusieurs mois, chaque fois qu’un décès est enregistré à la prison de Lomé, LIBERTE ne s’est privé de le porter à la connaissance du public et des autorités, tout en dénonçant les exécrables conditions de vie ainsi que le mépris affichés à l’égard des malades. On attend le dernier moment, quand la situation est désespérée, pour penser à évacuer les souffrants. C’est ce qui a fait perdre vendredi dernier la vie à ce responsable de l’ANC.

Ni le chef de l’Etat, ni le chef du gouvernement, ni le ministre de la justice, ni le procureur de la République n’ont rien entrepris depuis plus d’un an que des détenus meurent sous leurs yeux, pour démontrer que l’abolition de la peine de mort au Togo est une initiative de gens responsables qui veulent protéger la vie humaine. Si l’Exécutif togolais et le judiciaire ont pu marquer une telle indifférence jusqu’ici par rapport aux pertes en vies humaines en cascade, cela voudrait dire que l’abolition de la peine de mort au Togo n’est que du folklore et que le cœur n’y participe pas du tout.
Alain SIMOUBA

Liberté Togo

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