Psychose après les révélations de projets de coups d’Etat parallèles
Faure Gnassingbé obligé de se sédentariser au Togo pour monter la garde autour de « son » fauteuil

 
Le dernier épisode du procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat s’est joué jeudi dernier avec le verdict final proclamé par le « juge inique ». On le présageait depuis, Kpatcha Gnassingbé ne pouvait pas se sortir de cette affaire bien pensée au plus haut sommet de l’Etat, ainsi que la sentence retenue. Félix Kadanga, celui par qui le feuilleton a été inauguré dans la nuit pascale de 2009, a prononcé le verdict avant l’heure, et Abalo Pétchélébia n’a fait que le confirmer.
 
Dans cette guerre « familialo-étatique » qui oppose les deux présidentiables de la « Grande royale », c’est Kpatcha qui est le perdant tout fait, et Faure le grand vainqueur. Le « Gros » devra passer encore environ dix-huit (18) ans de sa vie entre les quatre murs de la Prison civile de Lomé et ne devrait en sortir, à moins de circonstances heureuses, qu’en 2029. Il est également déchu de ses droits civiques et tous ses biens sont confisqués. Le tout-puissant Kpatcha Gnassingbé devient donc tout petit, et même moins loti que le citoyen lambda. Pendant ce temps c’est son « rival » qui doit avoir la paix de l’âme et les mains libres pour gérer en toute sérénité son « bien ». Mais Faure Gnassingbé n’est pas pour autant libre. Il s’est fait, certainement sans le vouloir, prisonnier de Kpatcha Gnassingbé.
 
S’il y a une qualité que Faure Gnassingbé a montrée aux Togolais depuis 2005 que Kpatcha, Assani Tidjani – ils doivent le regretter amèrement – et autres lui ont offert le fauteuil présidentiel sur un plateau d’or, c’est celle de voyager à tout vent. Il ne se passait pratiquement plus de mois ou de semaine où le « Leader nouveau » ne s’envole pour l’extérieur. Tantôt c’est un pays du continent africain, tantôt c’est l’Europe ou l’Asie. Il ne se fait conter aucun sommet ; même si l’objet de la rencontre ne le concerne pas. Sommet sur le changement climatique, il est présent ; conférence mondiale sur le VIH/Sida il est là ; panel sur la survie des pygmées de la forêt d’Afrique centrale ou des Amérindiens, Faure Gnassingbé est au rendez-vous ; panel des « femmes battues » pour la réclamation de leurs droits, il est présent ; conclave des esquimaux unijambistes, il est encore là. L’Italie, particulièrement Rome et Milan lui étaient devenus comme son second Pya. Ce réflexe lui avait valu de bien belles caricatures : globe-trotter, pigeon voyageur, flying docteur. Mais avec ce procès de la honte, plus rien ne sera comme avant. Comme dégât collatéral, il est cloué au Togo, obligé de monter personnellement la garde autour de son fauteuil plus que jamais menacé, même si le concurrent direct est immobilisé dans les quatre murs de la prison.
 
Il nous revient en effet qu’au cours de la semaine dernière, il y eut un sommet de chefs d’Etat autour de la situation sécuritaire entre la Côte d’Ivoire et le Liberia née de la crise post-électorale qui a secoué ce pays moteur de l’Afrique de l’ouest. Dans les conditions normales de température et de pression, Faure Gnassingbé devrait être le tout premier dirigeant à débarquer, surtout qu’il fait partie des alliés affichés d’Alassane Dramane Ouattara lors du bras de fer qui l’avait opposé à Laurent Gbagbo. Malheureusement n’ayant pas la paix de l’âme avec cette affaire de coup d’Etat et de procès, il n’a pas pu faire le déplacement. Il devrait également s’envoler le week-end dernier pour l’Assemblée générale des Nations unies (Onu), mais il a dû se faire remplacer par son Premier ministre d’ornement Gilbert Fossoun Houngbo. Cela doit faire beaucoup de bien au fils d’Agbandi, lui qui est désœuvré depuis quelque temps. Il nous est déjà revenu que Faure Gnassingbé devrait s’offrir des vacances (sic) en Italie ; mais à cause du procès, il a été contraint d’y surseoir.
 
Faure qui s’absente aux grands rendez-vous, et qui se sédentarise au Togo, cela risque d’être désormais l’habitude, du moins pour le moment avant que les choses ne reviennent à la normale. Parce que la sérénité et la paix de l’âme ont fui le « Leader nouveau ». Celui qui lui disputait le fauteuil est coffré et en a jusqu’en 2029, ce qui lui offre encore trois (03) mandats de plus. Mais Faure Gnassingbé n’est à l’abri de rien. C’est la tentative, le flagrant délit requalifié en « complot pour préparer un attentat contre la sûreté de l’Etat » qui a fait l’objet de procès du 1er au 15 septembre 2011. Mais le déballage a permis de savoir qu’il y avait aussi d’autres groupes qui fomentaient parallèlement à l’initiative supposée de Kpatcha Gnassingbé, des projets de coups d’Etat. Ont été cités Yark Damehane, Atcha Titikpina, Massina Yotroféï, Félix Kadanga et Rock Gnassingbé. Les deux seconds en voudraient au jeune pour ses envies de les livrer à la Justice pour leur implication présumée dans le trafic de la schnouf.
 
Dans un premier temps on était tenté de croire que ces déclarations étaient faites par certains prévenus dans ce procès juste pour créer des ennuis à ces officiers auxquels ils en veulent énormément; mais on a dû se raviser et donner tout le crédit nécessaire à ces témoignages vu que Rock Gnassingbé lui, est venu confirmer à la barre qu’en intelligence avec certains membres de la famille et d’autres personnes, il avait été programmé, non de faire un coup d’Etat, mais d’empêcher l’avion de Faure Gnassingbé de retour d’un voyage à l’extérieur d’atterrir, et de ne le faire qu’après avoir réglé un différend familial ; mais qu’il en avait été dissuadé par le Général Béréna Gnakoudè. Ces officiers cités n’ont guère été impliqués dans cette affaire,-certains n’ont même pas été appelés à la barre, et ceux qui l’ont fait ont été bien aidés par Abalo Pétchélébia à évacuer les questions-, mais il se fait que ce sont les plus proches collaborateurs de Faure Gnassingbé, ceux qui ont des contacts au quotidien avec lui. Même si Titikpina, Yark, Massina et Kadanga n’ont aucun projet réel, ces allégations des prévenus qui les donnent fomentant d’autres projets de coups d’Etat ont l’effet de semer de la psychose chez le « Leader nouveau ».
 
Tout le monde devient donc suspect aux yeux de Faure Gnassingbé qui doit voir dans ses songes des comploteurs contre son fauteuil partout. Désormais il doit dormir avec un seul œil, et il est obligé de se sédentariser pour monter soi-même la garde autour de son « bien ». Ce qui le fait finalement prisonnier de Kpatcha. Quand un bébé empêche sa maman de dormir, cela le contraint aussi à veiller, dit l’adage. Le maître, à force de s’évertuer à maintenir l’esclave dans son état, finit par devenir l’esclave de l’esclave, apprend-on par ailleurs. Faure est en train de l’apprendre à ses dépens.
 
Tino Kossi
 
source : liberté hebdo togo

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