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C’est l’un des rares gestes élégants que le Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé vient de faire à l’égard du président national de l’ANC.
 
Après avoir fait une descente surprise au domicile de Fo Gil à Forever la semaine dernière, et avec qui il a échangé sur les termes de la lettre de Jean-Pierre Fabre, l’héritier d’Eyadema s’est résolu à répondre. Et il l’a fait.
 
Tant mieux et c’est d’ailleurs à son crédit, puisque de fait, il a instauré un système dans lequel, ni l’administration publique, ni celle du privée ne répond plus aux lettres écrites dans ce pays.
 
Alors, qu’il se résolve à répondre à une lettre qui était supposée se retrouvée déjà dans sa poubelle comme c’est souvent le cas pour beaucoup de dossiers même sensibles de l’Etat, est un fait positif qu’il faudrait saluer.
 
Le Chef de l’Etat a, pour ainsi dire, posé un acte de courage puisqu’à vrai dire, il n’avait pas d’éléments de réponse adéquate à donner à Jean Pierre Fabre, du moins sur le fond de la demande qui lui est formulée.
 
Jean-Pierre Fabre demande à Faure Gnassingbé d’initier un dialogue en vue des réformes institutionnelles et constitutionnelles avant la présidentielle de 2015.
 
Il faut juste noter que cette lettre est adressée à un Chef d’Etat qui est au pouvoir depuis neuf ans et dont la mission cardinale était justement d’initier et de conduire des réformes dès les premières heures de son arrivée au pouvoir.
 
Le canevas de ces réformes avait d’ailleurs été tracé par l’APG signé en août 2006 pour faciliter la tâche au fils du père dans la mise en œuvre de cette mission primordiale qui lui est confiée et qui devrait permettre de muer le Togo vers une alternance pacifique et une gouvernance moderne où les institutions de la République pourraient au moins revêtir l’image d’un crédit minimal.
 
Si jusqu’à présent, 8 ans après cet APG, l’on est encore à la case de départ, sans doute que le prince s’est détourné de cette mission sacrée pour s’accrocher aux privilèges plutôt qu’à autre chose.
 
L’on convient alors qu’il n’a pas de réponse judicieuse à donner à Jean-Pierre Fabre si ce n’est de tenter de fourvoyer ce dernier en le larguant dans des conceptions stéréotypées du genre le « le débat républicain se fait à l’Assemblée Nationale » comme s’il ignorait allègrement les prescrits de l’APG qui fait du consensus politique, la clé de voûte pour conduire les réformes sensibles qui s’imposent à notre pays.
 
Mais, malgré son habilité et son désir de fuir le débat et de le transférer à l’Assemblée Nationale pour donner le sentiment que le Togo était un Etat normal, il est encore resté de fait dans le piège de ces réformes.
 
Lisons plutôt cette portion de la lettre du Chef de l’Etat :
 
« La consolidation de la démocratie dans notre pays, exige que chaque institution joue pleinement son rôle. Le peuple togolais a aujourd’hui l’avantage de disposer d’une assemblée nationale où les principaux courants politiques sont représentés. Elle offre ainsi le cadre plus indiqué pour débattre utilement des réformes envisagées conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global.
J’ai instruit à cet effet le Premier ministre afin qu’il prenne les dispositions pour l’ouverture prochaine au sein de l’Assemblée Nationale, des discussions sur les propositions de réformes institutionnelles et constitutionnelles ».
 
Dès lors que le Chef de l’Etat reconnait qu’il faut rester conforme à l’esprit de l’Accord Politique Global, lequel accord recommande indubitablement le consensus politique avant toute réforme sérieuse, le débat est en principe clos.
 
Faure Gnassingbé se sait donc lié par l’APG, il sait qu’il n’a pas encore vidé le reliquat de cet accord et qu’il ne saurait, objectivement se dérober de son esprit pour se cacher derrière son Assemblée Nationale dont il détient tous les leviers.
 
Mieux, il sait aussi plus que quiconque, que s’il avait fait ces réformes préconisées depuis 2006 et où le mandat devrait être déjà limité à cinq ans renouvelable une seule fois, il ne pourrait aujourd’hui entretenir de débat sur la possibilité ou non pour lui de rempiler en 2015.
 
Ce n’est donc pas parce qu’il a joué sur le temps, ce n’est pas parce que le peuple peut lui pardonner ce retard cuisant qu’il a accusé avant d’initier de telles réformes, qu’il pourrait malhonnêtement chercher à faire oublier cette exigence de deux mandats qui le frappait déjà à la signature de l’accord.
 
Tout le monde convient alors que le débat sur la non-rétroactivité de la loi constitutionnelle n’est pas adapté au contexte togolais. Le fait même que Faure Gnassingbé ait échoué de faire les réformes depuis 2006 est une faillite pour laquelle se doit d’ailleurs de s’expliquer devant peuple togolais.
 
Il a donc beau contourner, il a beau trouver de subterfuges pour se cacher derrière cette Assemblée, il a beau jouer sur le temps, il aura au final du mal à s’échapper.
 
Les réformes devront impérativement et indubitablement avoir lieu et de façon consensuelle avant la présidentielle 2015. Et lui-même sait ce qui va en retourner.
 
togoinfos
 

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