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COMMUNIQUÉ DU 11 MAI 2014

 
Malgré  des indicateurs économiques en amélioration sélective, car la pauvreté ne fait qu’augmenter au Togo, il est important de se replonger dans le système de gouvernance de Faure Gnassingbé qui privilégie systématiquement la défense des intérêts étrangers avant ceux du peuple togolais. Cette gouvernance consiste à surprendre l’adversaire en le mettant devant le « fait accompli », ce alors qu’il ne s’y attend pas. Il faut donc bien comprendre ce système pour mieux organiser des contre-pouvoirs efficaces. L’exemple de cette gouvernance du « fait accompli » appliqué à la Diaspora et aux relations entre l’opposition togolaise et le pouvoir en place, sont édifiants. 
 

1. LE SYSTEME DE GOUVERNANCE DE FAURE GNASSINGBÉ 

 
Face à la pression exercée par une partie de l’opposition effective, – celle qui lutte pour la démocratie et la défense des intérêts du peuple togolais sans jamais désarmer depuis l’élection présidentielle usurpée par Faure Gnassingbé le  3 mars 2010 -, et la pression occidentale, Faure Gnassingbé a choisi de rencontrer son adversaire politique le plus déterminé. C’est cette pression qui est appelée « patate chaude ». Son contenu n’est rien d’autre que le démarrage effectif des discussions sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles au Togo, mais aussi le calendrier de leur mise en œuvre. Faure Gnassingbé, restant fidèle à ses principes, a choisi d’appliquer sa méthode préférée de gouvernance : la gouvernance du « fait accompli ».  En effet, toutes les analyses sur les modalités de prise de décision du système actuel au pouvoir au Togo peuvent se résumer en cinq phases :
 
1.1   Phase du refus catégorique : Le pouvoir nie toute évidence et refuse de traiter des réformes constitutionnelles et institutionnelles ainsi que les modalités d’organisation et de choix de personnes pour la mise en œuvre ;
 
1.2   Phase du « faire semblant » : suite à des pressions conjuguées internes, locales et internationales, le pouvoir cherche  alors à gagner du temps en proposant de faire un geste. En réalité, c’est la période où le pouvoir prépare une proposition unilatérale et sans concertation, qu’il s’emploiera à imposer aux parties prenantes non membres de sa coalition ;
 
1.3   Phase de la « patate chaude » : le pouvoir fait un geste, par exemple recevoir Jean-Pierre Fabre,- le Président de l’Alliance Nationale pour le Changement -, celui-là même qui devrait aujourd’hui occuper le fauteuil présidentiel usurpé par Faure Gnassingbé, si ce dernier n’avait pas détourné les institutions de la République avec l’appui de l’armée, pour institutionnaliser la « contre-vérité des urnes » et se maintenir au pouvoir, d’abord en 2005, puis en récidivant en 2010 ;
 
1.4   Phase du « fait accompli » : C’est le moment ou Faure Gnassingbé fait des annonces, généralement à quelques semaines des dates butoirs. Ses représentants gouvernementaux et ses soutiens politiques (RPT/UNIR/UFC), annoncent des solutions unilatérales et affirment que c’est à prendre ou à laisser. Il s’agit de créer le sentiment dans l’imaginaire collectif des parties prenantes qui ne sont pas sous son contrôle à savoir – les partis politiques, la société civile et les mouvements citoyens, la population togolaise dans sa globalité –  qu’elles n’ont d’autre choix que d’accepter , car il est le seul qui peut faire de concessions sur ce qu’il veut bien concéder… L’opposition politique  est donc placée devant le fait accompli.
 
1.5   Phase de la « contre-vérité des urnes » : c’est l’organisation méthodique et structurée de la conception et de l’opérationnalisation du concept « Gnassingbé » : « comment rester au pouvoir indéfiniment ». tout en donnant un semblant de légitimité démocratique.  Ceci à l’intention des pays occidentaux  disposés à s’accommoder de la démocratie de façade et finalement peu regardants sur la question démocratique dès lors qu’elle ne les concerne pas directement et surtout sécurise leurs intérêts économiques.
 
Tous les responsables de partis politiques, de mouvements citoyens, de la société civile ainsi que l’ensemble de la population togolaise, y compris la Diaspora, qui se hasarderaient à analyser la gouvernance de Faure Gnassingbé en dehors de ce schéma, risquent de se faire rouler dans la farine de manioc par les agents du système militaro-civil  de Faure Gnassingbé. Surtout lorsque la partie « barbare » du système n’hésite pas à user et abuser de la bastonnade en règle, à infiltrer les manifestations de l’opposition pour leur faire porter le chapeau de la responsabilité des débordements, comme cela fut le cas à Lomé le 27 avril 2014, jour anniversaire de l’indépendance juridique du Togo. En effet, parce que M. Vincent Bolloré, PDG du Groupe Bolloré, l’homme dont la fortune est estimée à 8 milliards d’Euros (soit 5 240 000 milliards de FCFA) a débarqué ce jour-là au Togo pour une visite officielle, digne de celles offertes par les chefs d’Etat africains adeptes de la servitude volontaire. Faure Gnassingbé n’est pas une exception, loin s’en faut.
 

2. FAURE GNASSINGBÉ PRIVILIGIE LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS ETRANGERS D’ABORD

 
Il fallait absolument d’abord défendre les intérêts de cet investisseur français. Pourtant c’est ce Monsieur qui a tout fait pour éviter que le tracé du chemin de fer Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan 1 permettant, d’abord et principalement, d’évacuer le minerai d’uranium exploité par la société française Areva – dans des conditions contractuelles dénoncées par les autorités du Niger -, ne passent plus par le Togo et son port en eaux profondes. Le Togo est en fait absent de ce dossier. Bénéficiant indirectement des accords secrets de défense entre la France et le Togo, pays inféodé sur le plan militaire et monétaire à la France, Vincent Bolloré ainsi que quelques grands milliardaires africains dont Aliko Dangote, – l’homme le plus riche d’Afrique – sont en train de devenir des facteurs bloquants de l’alternance au Togo, compte tenu de leurs accointances avec le pouvoir en place. Ces liens se sont développés au cours des processus précédant les phases de montage financier et d’investissements au Togo.
 
Pour mémoire, Aliko Dangote valait 25 milliards de dollars américains en 2013 (soit environ 12 500 milliards de FCFA). Cette richesse est basée sur une grande diversification sectorielle et géographique de ses sociétés non sans rapport avec des liens privilégiés avec les dirigeants des Etats africains, ce qui se traduit très souvent par des défiscalisations secrètes importantes et des arrangements privilégiés et exceptionnels en regard du code minier et du code des investissements des pays ciblés pour ses investissements. Rappelons tout de même sa résilience au Nigeria. Il a survécu et donc travaillé avec les dix derniers dirigeants au sommet de l’Etat fédéral du Nigeria 2. On ne peut survivre dans ces conditions au Nigeria sans contreparties… Les changements à la tête de l’Etat nigérian ne sont pas des exemples de « vérité des urnes ».
 
Il faut donc espérer que les investisseurs étrangers qui affirment vouloir « investir » au Togo ne soient pas à terme des gens qui ont endetté le Togo sur plusieurs générations du fait de la garantie de l’Etat accordée par le régime de Faure Gnassingbé, ce sans véritable contreparties en termes d’emplois, d’amélioration des salaires et du pouvoir d’achat.
 
Les conditions financières inavouables d’attribution de la construction d’une centrale thermique de 100 MW par la société américaine Contour Global pourraient être réajustées. Ceci du fait d’une rupture d’approvisionnement des fournisseurs d’électricité du Togo que sont le Ghana (réduction de moitié passant de 60 MW à 30 MW) et le Nigeria (turbines en révision et instabilité généralisée de la production avec 200 MW qui ne sont plus fournis) qui ont choisi de réviser leur politique énergétique  afin de servir d’abord leur pays avant de servir les voisins 3.  Il demeure que le transfert de la dette sur les populations togolaises est important. L’impunité institutionnalisée par le régime de Faure Gnassingbé et l’omerta qui l’accompagne transfère le coût des erreurs d’arbitrage et celui de la corruption sur plusieurs générations du peuple togolais, qui doit payer en dernier ressort des erreurs aussi grossières que stratégiques…
 
Il n’empêche que si le Gouvernement togolais avait aussi opté pour une part d’énergie solaire, cela aurait créé les conditions d’autonomisation des populations et une réduction de la dépendance envers Contour Global. Mais cela aurait mis en cause les intérêts du monopole. La recherche sur les énergies du futur comme le lithium devrait commencer par l’identification de réserves dans le pays.
 
Aussi, les incantations de projections futuristes relatives à l’émergence du Togo à l’horizon 2030 cumulées aux erreurs stratégiques passées, ne sont pas de nature à rassurer sur la capacité de ce Gouvernement à mettre en pratique ses affirmations, dès lors qu’il s’agit de réaliser quelque chose à partir de la demande des citoyens du pays. Le doute persiste du fait de la priorité accordée aux intérêts étrangers alors que la dette intérieure et les créances du secteur privé sur l’Etat demeurent une préoccupation majeure des opérateurs sur le terrain. En réalité, il s’agit, là encore, des conséquences de la défaillance de la gouvernance du « fait accompli », qui conduisent les investisseurs étrangers sérieux à fuir le Togo, alors que cette méthode fondée sur la non-prévisibilité des engagements, attire ceux qui opèrent à la marge de l’abus de pouvoir avec des contrats dolosifs. Cette pratique semble plus facile à mettre en œuvre avec des dirigeants issus de la contre-vérité des urnes.
 

3. GOUVERNEMNET-DIASPORA : EXEMPLE DE LA GOUVERNANCE DU « FAIT ACCOMPLI »

 
Chaque citoyen togolais pourra étayer le tableau suivant avec ses propres exemples. 4 L’exemple choisi concerne d’abord la Diaspora togolaise (voir Tableau 1), puis les relations Gouvernement-Partis d’opposition dans le cadre de la concertation sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles (voir Tableau 2).
 

TABLEAU 1 : TOGO ET LA GOUVERNANCE DU FAIT ACCOMPLI : DIASPORA TOGOLAISE

 

Méthode perverse utilisée par le Gouvernement togolais et « gobée » par les autorités africaines et internationales y compris les bailleurs de fonds

Actes posées par le Gouvernement de Faure Gnassingbé

Actes posés par la Contrepartie concernée : La Diaspora togolaise représentée par le Conseil Mondial de la Diaspora togolaise (CMDT)

  1. Phase du refus catégorique
Refus de recenser la Diaspora togolaise lors du dernier recensement général de la population Lettre de protestation envoyée aux autorités togolaisesProposition de corriger l’erreurAucune réponse de Faure Gnassingbé
  1. Phase du « faire semblant »
Faire croire à un dysfonctionnement du système de recensementPromettre que l’on fera mieux la prochaine fois Suite à des pressions du CMDT et de quelques Etats démocratiques, Le CMDT a pu obtenir verbalement des bribes d’explication-justification du statut quo, à savoir qu’i l y a eu dysfonctionnement du système et que la Diaspora n’est pas organisée
  1. Phase de la « patate chaude »
Sous pression des bailleurs de fonds, le gouvernement togolais usurpe les droits et l’argent de la Diaspora ; En effet, l’Union européenne, la Banque africaine de développement et le Programme des Nations Unies pour le Développement mettent à disposition quelques budgets pour soutenir la Diaspora togolaise mais posent comme condition que cela se fasse avec la Diaspora. Lettre de CMDT demandant au Gouvernement togolais d’associer la Diaspora indépendante (et non une Diaspora créé de toute pièce par le système de Faure Gnassingbé)Lettre de CMDT à quelques bailleurs de fonds pour expliquer qu’ils se trompent en confiant la gestion des fonds dédiés à la Diaspora au Gouvernement togolais. Le manque d’efficacité de ce choix des bailleurs de fonds ne s’est pas fait attendre : moins de 20 % d’exécution des budgets alloués et exclusion du CMDT
  1. Phase du « fait accompli »
Le Gouvernement togolais pris dans son incohérence et refus d’associer la Diaspora indépendante, opte pour une série de conférences entre le Gouvernement et le Diaspora (Zone Europe, Amérique du Nord et Afrique). Mais le Gouvernement change les objectifs de renforcement de la Diaspora togolaise en appel à candidature pour des postes dont personne n’a vu les termes de référence, ni les conditions réelles de recrutement…La Diaspora s’est trouvée devant les propositions du Gouvernement (le fait accompli) avec comme seule option d’adopter la position du Gouvernement (ce qui a été rejeté tant que la Diaspora togolaise indépendante ne sera pas associée à l’ensemble du processus d’élaboration des projets concernant la Diaspora togolaise CMDT a dénoncé l’approche du Gouvernement par courrier officiel mais a démocratiquement et par consensus décidé d’être présent aux assises organisés par le Gouvernement entre ce dernier et la Diaspora (Paris, Montréal, Washington et Lomé).CMDT s’est vu refuser la présentation de ses positions. Sur 7 heures de conférences, CMDT a eu droit à 3 mn, ce grâce à l’ambassadeur du Togo à Paris.Aucun recrutement n’a eu lieu.CMDT a officiellement indiqué que les 49 propositions faites par ses membres pour améliorer la situation de la Diaspora ont été copiées en grande partie par le Gouvernement togolais et mise en œuvre sans le CMDT.CMDT a indiqué que le Gouvernement ne peut se présenter auprès des bailleurs de fonds pour représenter la Diaspora togolaise et annoncer que la Diaspora n’est pas organisée. C’est une désinformation.CMDT rappelle qu’il s’agit d’une structure confédérale avec une autonomie pleine et entière des associations, groupements et individus membres et sympathisants du CMDT.
  1. Phase de la « contre-vérité des urnes » :
Le Pouvoir togolais annonce que tout s’est bien déroulé entre lui et la Diaspora togolaise, faisant croire au passage que CMDT était en harmonie avec ses positions, ce qui fut dénoncé par CMDT. CMDT met en ligne sur les sites :www.cmdtogo.org et www.cvu-togo-diaspora.org son propre compte rendu et présentation de ses propositions avec des débats d’explications sur la radio www.kanalk.ch et ses relais africains

 
Voici comment l’Etat togolais perd beaucoup de temps au lieu de s’atteler réellement à améliorer ses rapports avec la Diaspora togolaise. Par ailleurs, la désinformation orchestrée autour d’une vraie fausse adhésion de CMDT aux thèses du Gouvernement relève de « radio trottoir » et de la diffamation. CMDT reste une structure indépendante de la Diaspora et tente, tant bien que mal, d’agréger les différentes composantes des Togolais et Togolaises à l’étranger, qu’ils ou elles soient de tel ou tel bord politique.

4. GOUVERNEMENT – OPPOSITION : EXEMPLE DE LA GOUVERNANCE DU « FAIT ACCOMPLI »

L’exemple choisi concerne les relations entre le Gouvernement et les partis d’opposition en référence au processus de concertation sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles (voir Tableau 2).
 

 TABLEAU 2 : TOGO ET LA GOUVERNANCE DU FAIT ACCOMPLI : RELATION GOUVERNEMENT-OPPOSITION

 

Méthode perverse utilisée par le Gouvernement togolais et « gobée » par les autorités africaines et internationales y compris les bailleurs de fonds

Actes posées par le Gouvernement de Faure Gnassingbé

Actes posés par la Contrepartie concernée : les partis d’opposition au Togo qui ne sont pas des annexes des partis alliés de Faure Gnassingbé

  1. Phase du refus catégorique
Refus de rencontrer l’ensemble de l’opposition effective depuis 2010 pour débattre des réformes constitutionnelles et institutionnelles Lettre de protestation envoyée aux autorités togolaises par les partis d’opposition effective.Proposition d’une Table ronde refusée par le Gouvernement.Aucune réponse de Faure Gnassingbé
  1. Phase du « faire semblant »
Plusieurs annonces pour appeler au « dialogue » sans que cela ne soit suivi d’effet concrètement.Annonces que le gouvernement s’attèle à faire mieux la prochaine fois. Suite à des pressions liées aux marches hebdomadaires, ce malgré des interventions musclées avec des blessés et des morts suites à des mauvais traitements en prison, les partis d’opposition ont continué de faire des propositions pour des rencontres sur des bases saines entre le gouvernement et l’opposition.
  1. Phase de la « patate chaude » (avec une sous-phase de patate refroidie »
Sous pression des pays qui ont une « influence directe » sur le gouvernement togolais,3 ans (2010-2013) et suite à  l’invitation à la concertation de Jean-Pierre Fabre, le Président de L’ANC, Premier parti de l’alternance au Togo, Faure Gnassingbé a répondu au premier (Courrier daté du 25 février 2014)  et a accepté de le rencontrer mais sans donner de suite à son niveau. Le dossier est transféré au Parlement monocolore à majorité usurpée RPT avant de revenir au niveau de la Présidence qui transmet au Premier ministre qui se charge de refroidir la patate « chaude » en demandant à l’opposition de patienter encore, encore et encore… Relance officielle par courrier du Président de l’Alliance Nationale pour le Changement pour le démarrage du dialogue compte tenu de délai de plus en plus court avant les élections de 2015.
  1. Phase du « fait accompli »
Le Gouvernement togolais pris dans son incohérence et son refus d’associer l’opposition aux discussions de manière transparence gagne du temps.Il est question d’organiser l’ensemble du processus à leur avantage afin de mettre l’opposition devant le fait accompli Les partis d’opposition non membres du cercle élargi du pouvoir et du RPT/UNIR/UFC avec le Collectif Sauvons le Togo (CST) ont choisi de manifester pacifiquement à Lomé le 27 avril 2014, -jour de l’indépendance du Togo- pour faire connaître à l’ensemble de la population le jeu de Faure Gnassingbé.Avec l’arrivée de Vincent Bolloré au Togo ce jour, le Gouvernement a voulu faire du zèle et démontrer que les manifestations n’allaient pas venir gêner le bon déroulement des arrangements entre le Togo et Bolloré.Des groupes infiltrés non identifiés ont émergé dans le cortège de l’opposition lors de la marche pacifique et certains ont lancé des jets de pierre sur certains membres des forces de sécurité (police et armée). La réponse au lieu d’être graduelle avec une discussion avec les responsables de la manifestation, a été brutale. Le Gouvernement affirme avoir annulé pendant la nuit la marche en question pour des raisons d’itinéraires et a justifié la dispersion de la marche vraisemblablement sur la base du jeu trouble des personnes ayant infiltré le cortège et impossibles à rattraper.
  1. Phase de la « contre-vérité des urnes » :
Le Pouvoir togolais, s’il continue sur ce qu’il a l’habitude de faire, devrait faire durer le suspense et la non-action et inviter l’opposition à une négociation de dernière minute dans un jeu du « tout prendre ou tout laisser ».Face à un refus de l’opposition, les responsables du gouvernement pourront claironner sur tous les toits que l’opposition refuse  la « main tendue »Face à une acceptation sans modification majeure du plan du gouvernement par une partie de l’opposition, les responsables du Gouvernement annoncent l’accord alors que les principaux partis représentatifs de la majorité de la population ne donneront jamais leur accord sur des documents qu’ils n’ont pas discuté et amendé, voire élaboré ensemble avec le Gouvernement.Il ne suffira alors qu’à mettre en œuvre un accord où les principaux partis d’opposition risquent d’être absents s’ils estiment qu’il s’agit d’un nouveau coup de force de Faure Gnassingbé. Les partis d’opposition risquent de se diviser compte tenu des liens secrets qui lient certains avec le pouvoir de Faure Gnassingbé et les groupes ésotériques.Les partis d’opposition qui joueront le jeu de Faure Gnassingbé auront pour mission de ramener les autres à la raison afin de les phagocyterLes partis d’opposition qui ne joueront pas le jeu pourraient aussi être marginalisés. Mais c’est oublier que l’accumulation des frustrations dans le pays est tel que les risques d’explosion ne sont pas à sous-estimer, malgré tous les moyens de brutalité et de structuration de l’ordre que l’Etat togolais est en train de mettre en place en vue de l’institutionnalisation de la « contre-vérité des urnes » suite à une nouvelle vraie « fausse » réélection de Faure Gnassingbé en 2015 pour un nouveau mandat qui sera considéré comme le premier de la nouvelle République.Tout va dépendre la capacité de mobilisation et de « sursaut » du peuple togolais notamment les citoyens et citoyennes y compris ceux de la Diaspora.

 
L’Etat togolais ne sort pas honoré de démarches aussi perverses qui font perdre du temps à l’ensemble de la population et surtout empêchent la résolution des problèmes. Les populations togolaises mais surtout la communauté internationale et africaine devraient rester vigilantes sur la capacité de désinformation orchestrée par le pouvoir. Il n’est pas impossible que tout ceci se termine dans une violence imprévue compte tenu du niveau de désespérance atteint par une grande majorité de Togolais et Togolaises silencieux. Ce silence des cimetières pourrait rapidement se retourner contre ceux qui croyaient avoir anesthésié la capacité de « sursaut » du peuple togolais. La stratégie de l’évitement choisi par Faure Gnassingbé ne pourra pas éternellement fonctionner. Le jeu des promesses non tenues alliées à un système d’organisation de peurs collectives pourraient peut-être conduire à une atonie de la population.

5. RECOMMANDATIONS DE CVU-TOGO-DIASPORA

Il est difficile de répéter en 2015 (année des élections présidentielles au Togo) les mêmes conditions dolosives qui ont prévalu  pour les élections présidentielles de 2005 et 2010 fondées sur la contrevérité des urnes ;
 
La seule alternative saine est le dialogue politique inclusif avec tous les responsables des partis politiques, des mouvements citoyens au Togo comme ceux de la Diaspora ;
 
Une Conférence de réconciliation nationale n’a aucun sens si Faure Gnassingbé opte pour la gouvernance du « fait accompli » ; aussi :
 
il est fait appel à tous les Togolais et Togolaises y compris ceux de la Diaspora :
 
5.1   de reconsidérer leur propre rôle et contribution dans l’avènement de la démocratie au Togo ; Cette majorité silencieuse des Togolais et Togolaises, est-elle prête à laisser le système de la Gouvernance du « fait accompli » prospérer sur les cendres de ses propres frustrations ?
 
5.2   de s’organiser pour avoir des représentants communs (et non uniques) afin de peser de tout leur poids dans l’avènement d’un Togo avec des dirigeants togolais épris de transparence et réelle représentativité des populations ;
 
5.3   de ne pas redevenir un peureux ou un poltron en conscience et dans les actes car cette attitude est le signe d’un découragement compréhensible dont ils ou elles feront les frais tôt ou tard ;
 
5.4   d’être membre d’une association ou groupement afin de ne plus agir de manière isolée et de construire sa capacité d’influence pour l’avènement d’un « autre » Togo ;
 
Il est demandé au Gouvernement togolais :
 
5.5   de prendre conscience que sa stratégie de la gouvernance du « fait accompli » est démasquée et qu’il est préférable de se mettre autour d’une table pour discuter tout et sans apriori avec une prise de décision consensuelle ou par  vote ;
 
Il est demandé aux Responsables de partis politiques :
 
5.6   de prendre conscience que depuis plus de vingt ans, ils donnent l’impression de n’être pas capables d’offrir au peuple togolais :
 
5.6.1    d’une part une organisation confédérale de l’opposition, avec un bureau de coordination et de décision stratégique ; et
 
5.6.2    d’autre part, des structures autonomes que sont les partis politiques indépendants et souverains dans leur décision ; et enfin,
 
5.6.3    un lien régulier avec les associations, groupements et organisations de la société civile y compris dans la Diaspora en respectant l’indépendance de chacun. Aussi, une refonte de la coopération entre les partis politiques d’opposition est indispensable afin d’éviter des lendemains fratricides qui fait la joie du RPT/UNIR/UFC, ce aux dépens des citoyens togolais dans leur ensemble.
 
11 mai 2014.

Dr Yves Ekoué AMAÏZO

Coordonnateur général

 

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