La mise en œuvre consensuelle de la feuille de route de la CEDEAO élaborée au sommet du 31 juillet à Lomé pâtine. Même les deux réunions successives du Comité de suivi après le sommet, n’ont pas permis au pouvoir de retrouver la raison. En lieu et place de la recomposition paritaire de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), on assiste plutôt à une reprise unilatérale des activités électorales en l’occurrence le recensement.
UFC à la CENI, le pouvoir manœuvre
A la 2ème réunion du Comité de Suivi de la feuille de route de la CEDEAO, il a été décidé la recomposition paritaire de la CENI entre le pouvoir et la coalition des 14 partis politiques de l’opposition (C14). Curieusement, l’Union des Forces de Changement (UFC) refuse de retirer son représentant de la CENI comme l’ont fait les partis extraparlementaires NET et OBUTS. Et tout ceci en complicité avec le pouvoir. En fin de semaine dernière, le ministre de l’Administration Teritoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales Payadowa Boukpessi a sorti la tête pour afficher le soutien du gouvernement à l’UFC.
Pour lui, le parti de Gilchrist Olympio est un parti politique de l’opposition parlementaire. Malgré l’accord qui le lie au pouvoir depuis 2010, le parti a siégé en 2010, 2013 et 2015 à la CENI en tant que l’un des cinq représentants de l’opposition parlementaire.
« Ceux qui parlent aujourd’hui étaient avec l’UFC. Ils ont toujours travaillé ensemble avec l’UFC. C’est en 2018 qu’on se lève pour dire le contraire ? Si l’UFC et la coalition ne se mettent pas d’accord pour que l’UFC laisse sa place à la CENI, c’est leur problème. Que la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, protagoniste de la crise politique, y va ou pas, ces élections auront bel et bien lieu à bonne date, a-t-il ajouté, arguant qu’il y a 114 partis politiques au Togo et 14 se sont coalisés. « On ne va pas croire que les 100 autres partis ne sont pas de l’opposition », pense M. Boukpessi.
Il estime aussi que l’actuelle CENI que le Comité de suivi appelle à recomposer, ne souffre d’aucun problème. « Elle travaille légalement et elle produit des tâches légitimes parce que le quorum est atteint », précise-t-il.
Rien que la mauvaise foi. Payadowa Boukpessi sait pertinemment que l’accord conclu avec la CEDEAO est au-dessus du Code électoral dans le contexte actuel. Veut-il faire comprendre aux Togolais que dans le Code électoral, il est mentionné la C14 à qui la CEDEAO demande d’accorder 8 sièges à la CENI ?
La C14 contrattaque et appelle la CEDEAO à la vigilance
Dans un communiqué jeudi, la Coalition a dénoncé le refus de nommer en bloc les 8 représentants figurant sur la liste déposée au Parlement. Pour la coalition, il s’agit d’une manœuvre qui dénote de « la volonté du régime RPT-UNIR de n’en faire qu’à sa tête, foulant sans cesse aux pieds les décisions et les recommandations des Chefs d’Etat de la CEDEAO, des facilitateurs du dialogue inter togolais et du comité de suivi chargé de la mise en œuvre des décisions issues des discussions.
La coalition dénonce l’obsession du pouvoir à diviser les partis politiques de l’opposition réunis au sein de la C14 et les sordides manœuvres dilatoires auxquelles il se livre pour se soustraire aux engagements politiques pris.
« Toutes ces manœuvres sont orchestrées par le régime en place dans l’unique but évident de maintenir la CENI non paritaire, non inclusive et aux ordres du parti au pouvoir, afin que se poursuive, le processus biaisé unilatéralement organisé devant aboutir non pas à la réalisation des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales préconisées, mais plutôt, à l’organisation précipitée d’élections législatives inéquitables, injustes, anti démocratiques et frauduleuses dans le seul but de se maintenir au pouvoir en 2020.», lit-on dans le communiqué de Brigitte Adjamagbo-Johnson, la Coordinatrice de la Coalition.
Dans ce sens, le regroupement politique affirme que les 3 représentants élus ne prêteront pas serment et ne rejoindront pas la CENI tant que les 5 autres représentants des partis parlementaires ne seront pas nommés.
Dans la foulée, il se rapporte qu’une délégation de la C14 devrait se rendre à Accra au Ghana cette semaine pour y renconrer le facilitateur Nana Akufo-Addo. Les facilitateurs ghanéen et guinéen Nana AkufoAddo et Alpha Condé ont l’obligation de suivre de près le cas Togo qui commence à ressembler à une hydre à plusieurs têtes.
Kokou AGBEMEBIO
source : Le Correcteur