gilbert_houngbo
 
Dans une interview accordée à nos confères en ligne de afrik.com, l’ancien Premier ministre de Faure Gnassingbé, Gilbert Houngbo, a très brièvement évoqué son pays le Togo. En deux fois quatre petits mots, l’homme a sèchement répondu à son interviewer qui cherchait à connaître ses ambitions pour son pays. Avec la politique au Togo, « C’est terminé », a-t-il dit, avant d’ajouter : « J’ai mes raisons ». Mais quelles sont ses raisons ?
 
L’analyse de la si brève réponse de Gilbert Houngbo au journaliste indique clairement le niveau de dégoût que le natif d’Agbandi a désormais pour son pays d’origine, ou plutôt le pouvoir qu’il a servi. Et pourtant, arrivé à Lomé en septembre 2008 pour conduire l’équipe gouvernementale du régime de Faure Gnassingbé, on se rappelle, l’homme était très enthousiaste.
 
Même si la presse et beaucoup d’observateurs avaient été surpris par ce que beaucoup ont considéré comme une naïveté du « Pnudien », lui, il croyait plutôt dur comme fer en ses chances. Là où d’autres prédécesseurs comme Edem Kodjo, Eugène Adoboli et autres ont échoué, il pensait faire le miracle. En tout cas, le monde attendait la fin du délai de six mois qu’il avait annoncé devant la Représentation nationale pour sortir le pays du bourbier dans lequel il s’enfonçait sans frein depuis des décennies. Cependant, même en 46 mois, l’homme n’a pas réussi à changer grand-chose à la gestion du pays ou au quotidien de ses compatriotes. Son passage au Togo a été vécu par lui comme un supplice et à partir d’un moment donné, on savait que l’homme n’attendait que la fin de son « contrat » avec le Prince.
 
Grosse désillusion. Depuis la Primature, son enthousiasme de début a fait place à une angoisse dans laquelle il était resté piégé. Après avoir réussi au début de son séjour à la Primature à nouer plusieurs contacts pour le régime et attirer plusieurs bailleurs vers le Togo grâce à son carnet d’adresses, l’homme est devenu un « ouvreur et clôtureur » de séminaires et d’ateliers. Une image triste de lui en train de somnoler à la table d’honneur d’un séminaire à Lomé a même fait le tour du monde. Non seulement dépité par toute la pagaille qui régnait, mais en plus il devait faire avec l’humiliation à laquelle le soumettaient ses ministres, avec en tête Adji Otèth Ayassor des Finances qui n’avait aucune considération pour lui. Houngbo était par exemple obligé d’adresser à ce dernier plusieurs courriers au sujet de la même affaire, sans forcément obtenir une polie exécution des instructions.
 
En répondant « c’est terminé », Houngbo tire ainsi un trait rouge sur cette triste parenthèse de sa vie faite aussi de calomnies. « Le motif principal de l’éviction de Gilbert Houngbo de la Primature est fondamentalement lié aux supputations selon lesquelles il serait de connivences avec Pascal Bodjona et d’autres argentiers, pour préparer l’alternative 2015 », croit savoir le site d’information togoinfos.com qui ajoute que « l’information était parvenue un midi au Chef de l’Etat qui a perdu son souffle. Le rapport était clair, Pascal Bodjona, l’homme à tout faire du Président de la République aurait fait une proposition claire à Houngbo pour l’aider à prendre le pouvoir en 2015 car, selon eux, Faure aurait déjà joué toutes ses cartes ».
 
Pour quelqu’un qui, dans le Système des Nations Unies, n’était pas habitué à un pareil monde hautement périlleux que celui du pouvoir des Gnassingbé, c’en était de trop. En plus, il fallait compter avec les critiques acerbes de la presse qui dénonçait sa complicité avec le pouvoir et lui imputait les dérives du clan, même s’il avait un rôle limité au sein du régime. Il est vrai aussi que l’homme ne se privait pas de poser certains actes qui mettaient sérieusement à mal sa réputation ; par exemple quand il appelle en 2010 à voter Faure et quand il a publié une tribune pour soutenir la même personne et son projet de création de Unir. Mais une fois qu’il en est sorti, Gilbert Houngbo se voit mal se remettre au service d’un régime qui a été si cynique envers lui. D’où un retentissant « c’est terminé » !
 
« C’est terminé » aussi parce que l’homme sait qu’il ne rassure pas le clan, il n’est pas à l’abri de mauvaises surprises. Les cas sont là, légion. Déjà qu’avant son départ, on commençait par le soupçonner d’avoir un agenda politique personnel caché pour 2015 et que les mauvais génies du système le faisaient écrire sur des blogs anonymes, l’ancien Premier ministre qui ne manque tout de même pas d’appui au niveau international, a besoin de préciser ses intentions. Là, ceux pour qui le fauteuil présidentiel est chose privée peuvent se rassurer pour surtout ne plus être tentés de lui coller des infractions (comme on sait le faire) pour le dissuader de nourrir une quelconque ambition politique. Comme cela, « c’est terminé ! ».
 
Maxime DOMEGNI
 
source : L’Alternative Togo
 
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here