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. Des critères d’octroi de bourses qui fâchent les étudiants ; les enseignants préparent la reprise des grèves
 
Le fil du dialogue renoué par la classe politique depuis quelque temps a l’effet de rasséréner le climat politique. Ce n’étaient que les premiers contacts, et c’est une évidence que l’atmosphère politique risque de se surchauffeur avec les débats de fond relatives à la présidentielle de 2015 et à la candidature de Faure Gnassingbé. En attendant, c’est le pouvoir lui-même qui semble créer les germes de la grogne sociale.
 
Des critères d’octroi de bourses qui fâchent les étudiants
 
Conditions d’octroi de bourses aux étudiants. Voilà l’une des questions sur lesquelles autorités universitaires-gouvernement et étudiants éprouvent des difficultés à s’entendre depuis que le pouvoir a décidé de les réviser. Et c’est la discrimination qui est davantage créée avec les nouvelles formules arrêtées.
 
Selon les conditions définies par le gouvernement, il ne suffira plus aux nouveaux bacheliers d’avoir la mention assez bien pour bénéficier de la bourse. Il faut compter avec l’âge limite qui est réduit d’un an et passe désormais de 26 à 25 ans. Quant aux anciens étudiants, ils sont astreints de valider 53 crédits, contre 50 précédemment pour y accéder. Ces conditions avaient suscité le courroux du principal regroupement associatif des étudiants, le Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (Meet). Lors d’une sortie médiatique en février dernier, Akomabou Kondoh et ses camarades ont jugé arbitraires ces critères somme toute discriminatoires. Et de demander au gouvernement de revenir là-dessus. Ils avaient par ailleurs requis l’augmentation de la bourse de 15 000 à 35 000 FCFA et les allocations de 12 000 à 15 000 FCFA.
 
Selon les sources, les deux parties ont pu harmoniser les positions lors des discussions organisées et un minimum de consensus aurait été fait sur ces critères d’octroi de bourses et d’allocations. Mais c’est à son grand regret que la masse estudiantine a constaté, avec l’affichage en fin de semaine dernière de certaines listes de bénéficiaires à la Direction des bourses et stages (Dbs), que les critères consensuels définis n’ont pas été respectés. Dans une déclaration rendue publique ce mercredi, le Meet se dit « ahuri » par cette sortie du gouvernement. C’est avec « indignation totale que les étudiants ont appris l’affichage à la fin de la semaine passée, de certains noms par la DBS au mépris des critères pris par consensus lors des discussions », fustige le mouvement qui déplore aussi que son courrier daté du 4 mars 2014 envoyé à Faure Gnassingbé pour requérir son intervention pour la résolution de ce différend soit resté sans effet. Devant cette volte-face du gouvernement, Akomabou Kondoh et les siens se disent déterminés à œuvrer ensemble avec les étudiants pour le « respect des engagements pris par le gouvernement pour de meilleures conditions de vie et d’études sur le campus » et appellent toute la communauté estudiantine à se tenir prête pour des « actions éventuelles » à la rentrée.
 
Voilà qui annonce une nouvelle montée de la tension au campus de Lomé. L’accalmie obtenue depuis un moment et surtout avec la libération des responsables du Meet arrêtés et déférés entre-temps n’aura duré que le temps d’un éclair.
 
Les enseignants préparent la reprise des grèves
 
La rentrée scolaire et les premiers mois de cours étaient sérieusement perturbés, avec des mouvements de grève à répétition des enseignants qui ont posé tout un tas de revendications allant de la requête de primes diverses afférentes à leur métier au vote d’un statut particulier pour leur corps, bref réclamait de meilleures conditions de vie et de travail ; mais c’est l’accalmie depuis plusieurs mois, pratiquement depuis la reprise après les congés de fin d’année dans le monde éducatif. Et pour cause, un Cadre permanent de concertation (Cpc) a été mis en place et les syndicats des enseignants et le gouvernement discutaient calmement depuis fin janvier. Mais, comme toujours, le gouvernement vient de remettre en question un engagement pris, celui de boucler les discussions, avec pour point d’orgue le statut particulier en fin mars ; et risque simplement de pousser les enseignants à renouer avec les grèves.
 
En effet, le Cadre permanent de concertation (Cpc) a démarré ses travaux le 29 janvier 2014 et se réunit hebdomadairement. Le gouvernement avait volontairement fixé le 31 mars 2014 au plus tard, pour boucler les discussions et les entériner par un décret. L’objectif était de finir vite pour tenir une promesse faite aux enseignants, celle de prendre en compte les conclusions dans le budget 2015. Les discussions ont effectivement permis de régler les questions de recrutement des enseignants et de leurs avancements. Il restait sur le tapis l’épineuse question des avantages et primes réclamés pour clôturer les discussions sur le statut particulier. Mais c’est là que le gouvernement se rebiffe.
 
« Ce qui est prévu pour le mois de mars ne pourra pas être terminé compte tenu de la complexité et de la particularité auxquelles la commission devrait faire face (…) En tout état de cause, il est important de dire que le mois de mars n’est pas une date butoir pour nous, mais ce qui est butoir, ce sont les préoccupations pour améliorer les conditions de vie des enseignants et que cela soit fait pour le budget 2015 », faisait savoir aux porte-parole des enseignants lors d’une réunion le jeudi 13 mars dernier, l’inénarrable ministre des Enseignements primaires et secondaires, Florent Maganawoé. Une sortie qui sent aux yeux des enseignants, une manœuvre du gouvernement pour éviter la prise en compte des conclusions par le budget 2015 et le vote de leur statut particulier, et qui les met en boule. La colère était manifeste lors de l’assemblée générale tenue samedi dernier, et les enseignants qui se sentent ainsi couillonnés appellent à une « réponse proportionnelle à la manœuvre du gouvernement». Ce sont simplement de nouvelles grèves qui sont dans l’air. Et quand on sait les effets des mouvements intempestifs passés sur le déroulement des cours, les parents ont toutes les raisons de redouter de nouvelles perturbations et du souci à se faire sur l’issue même de l’année scolaire de leurs progénitures.
 
Comme déterminé à pousser les travailleurs à l’extrême, le pouvoir poursuit sa provocation. La dernière, c’est le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, John Agbo, qui remet sur le tapis la vieille polémique l’illégalité de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), à deux mois de l’échéance de mi-mai arrêté pour la reprise des négociations avec le gouvernement.
 
Colère généralisée au sein de la population
 
Les étudiants et les enseignants, ce sont là des secteurs particuliers dont les préoccupations ne sont pas forcément les mêmes que celles des populations en général. Mais justement, la masse des Togolais est loin d’être choyée. Même si c’est le calme plat, les consommateurs ruminent en silence les dernières augmentations cyniques des prix des produits pétroliers qui ont entrainé un effet boule de neige dans les autres secteurs d’activités. Les fameuses mesures d’accompagnement censées alléger le coût de la vie se font toujours désirer. Et malgré l’abandon dont ils sont victimes de la part du pouvoir, tout est entrepris par ce dernier pour enlever aux Togolais débrouillards leurs sources de revenus et les réduire à l’indigence. C’est ce qu’il faut voir à travers la chasse ouverte contre les trafiquants de carburant dit frelaté, comme s’il s’agissait des terroristes, et la fameuse opération de désengorgement des rues qui semble sortir des limites acceptables.
 
C’est un secret de Polichinelle que c’est à défaut de trouver de l’emploi que nombre de jeunes se sont lancés dans la vente du « boudè ». Une activité qui leur permet de satisfaire certains de leurs besoins et ceux de leurs familles. Mais pour sauver les affaires des barons du pouvoir qui sont les détenteurs des stations services, une guerre ouverte est engagée contre les vendeurs de ce carburant dit frelaté, et avec les moyens de guerre. Ainsi, des véhicules transportant du « Boudè » sont pris en chasse, avec les conséquences souvent enregistrées : accidents, blessures handicapantes, assassinats de trafiquants, mort d’agents des forces de l’ordre etc. La lutte a franchi un autre palier avec les dernières augmentations.
 
L’autre secteur en souffrance ces derniers temps, c’est celui du commerce. Les acteurs qui exercent aux abords des boulevards et avenues sont sommés de déguerpir. Mieux, leurs installations sont rasées par des bulldozers. Ils occuperaient les trottoirs et empêcheraient les piétons de bien circuler. Soit. Si on peut comprendre le cas des voies bitumées ou pavées, celui des rues de quartier suscite des réserves. Ainsi, les bonnes femmes qui se débrouillent aux abords de ces rues et ruelles sont aussi sommées de les vider. Dans certains quartiers, on gongonne et avertit les concernées que l’opération de déguerpissement va commencer la semaine prochaine. C’est assez légitime que les voies soient dégagées pour faciliter le passage aux piétons ; mais cette opération pose un véritable problème social. Le pouvoir enlève tout simplement à ces milliers de compatriotes qui exercent ces petites activités génératrices de revenus, leur gagne-pain qui leur permet de subvenir à leurs besoins. L’objectif visé, est-ce de faire de ces compatriotes des gueux, des individus bien malléables à l’occasion des échéances électorales avec des gadgets et des miettes ? Il faut avouer qu’il y a une tension réelle engendrée par cette opération. Une implosion sociale n’est pas loin.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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