Colonel Bitala Madjoulba

1er Janvier 2020, élévation du lieutenant-colonel Madjoulba Bitala, chef du 1er Bataillon d’Intervention Rapide (1er BIR) au grade de Colonel. Récompense d’un bon serviteur de l’Armée.

3 Mai 2020 : cérémonie d’investiture de Faure Gnassingbé pour son quatrième mandat de 5 ans. Bitala qui était prévu pour remettre le drapeau au nouveau Président lors de la cérémonie a été remplacé à la dernière minute. Un vilain torchon brûle.

4 Mai 2020 : le Colonel Bitala est retrouvé mort baignant dans une marre de sang, dans son bureau au sein du Camp militaire qui loge l’Etat-major des armées, à Lomé.

5 Mai 2020 : Le Ministre de la Défense, Faure Gnassingbé, signe un arrêté désignant le remplaçant du Colonel Bitala. Pas un mot du remplacé, ni du Ministre de tutelle ni du Président de la République en tant que Chef suprême des Armées. La Justice, tous échelons confondus, ne réagit pas.

C’est seulement dans le Doufelgou, région natale du supplicié, que l’on sent qu’il s’est passé quelque chose de grave dans le pays : populations dans la rue avec des cris de colère. Armés de gourdins, hommes et femmes déferlent de tous les villages vers la préfecture de Niamtougou pour réclamer leur fils, vivant.

Comme beaucoup de nombreux autres meurtres d’officiers supérieurs, la mort brutale de Bitala sera entourée d’un silence terrorisé. Elle a néanmoins l’avantage de mettre en lumière, pour ceux des observateurs de la politique togolaise qui souffrent encore de myopie, deux choses.

La première chose est l’impunité. Personne n’a jamais été puni pour les assassinats antérieurs, les assassinats de militaires comme ceux de civils. Pour le Pouvoir, quand le meurtre est commis par une Autorité, il est une punition infligée à un coupable. C’est au Pouvoir qu’il revient de désigner le coupable, c’est à lui de fixer la sentence et de l’exécuter. Ça s’appelle une DICTATURE.

La dictature est une méthode de gouvernement. Le Pouvoir qui est dictatorial peut être civil ou militaire. Le Pouvoir togolais est dictatorial, quelle est sa nature? Civil ou militaire ?

C’est la deuxième chose qui vient jeter la lumière sur la nature du pouvoir togolais. La vie de Bitala a pris fin au sein d’un camp militaire. La main qui l’a exécuté n’est pas une main civile. Pour que l’exécution soit suivie d’un silence terrorisé l’exécutant n’est pas seulement un militaire mais en plus il doit être une Autorité qui a droit de vie et de mort sur tous les usagers du camps. Si même hors du camp cette Autorité impose un silence de terreur, y compris au Président de la République, c’est la preuve que c’est l’Armée, qui détient le pouvoir, qui exerce le pouvoir, et cela, depuis un certain 13 janvier 1963.

Toute prospective politique concernant le Togo qui ne tient pas compte de ces deux facteurs, pouvoir militaire à fonctionnement dictatorial, est voué soit à l’échec soit à la collaboration.

Zakary Tchagbalé

Zakari Tchagbélé

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