Un électeur cherche son nom sur la liste électorale, Togo | Archives : DR

  • . Affichage des listes provisoires dès ce lundi

Le processus des élections locales avance à grand pas. Plus que vingt-sept (27) jours et les électeurs seront appelés aux urnes pour choisir les mille cinq cent vingt-sept (1527) conseillers municipaux. Les chiffres de la révision des listes électorales et des candidatures enregistrées ont été communiqués samedi par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Au-delà de l’abondance des candidatures pour ces premières locales depuis 1987, c’est le petit nombre d’électeurs enregistré lors de l’opération du 16 au 19 mai ou rendu public par TchambakouAyassor et les siens qui interpelle.

335 610 seulement de nouveaux électeurs

Trois cent trente-cinq mille six cent dix (335 610). C’est le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales lors de la révision organisée du 16 au 19 mai dernier, à en croire les chiffres rendus publics par la CENI, en conférence de presse le samedi 1er juin dernier. Il est même relatif car dans les faits, les nouvelles inscriptions proprement dites s’établissent à deux cent soixante-dix-sept mille quatre cent soixante-neuf (277 469) ; à elles, viennent s’ajouter les transferts et les duplicatas enregistrés au cours de l’opération qui s’établissent à cinquante-huit mille cent quarante et un (58 141).

Ces nouveaux inscrits, ajoutés aux anciens enregistrés lors du recensement électoral d’octobre 2018, cela donne un fichier électoral global provisoire de trois millions quatre cent soixante-six mille cinq cent vingt-quatre (3 466 524). Il a été noté des doublons qui s’élèvent à quarante-deux mille huit cent quatre-vingt-cinq (42 885). Après l’opération de dédoublonnage, le fichier devant servir aux élections locales attendues avec ferveur par les populations et qui suscitent beaucoup d’intérêt en terme de candidatures, s’établit à trois millions quatre cent vingt-trois mille six cent trente-neuf (3 423 639) électeurs. Faut-il le rappeler, le fichier ayant servi aux législatives du 20 décembre 2018 se chiffrait à trois millions cent cinquante-cinq mille huit cent trente-sept (3 155 837).

Ce nombre (3 423 639,  Ndlr), a relevé le Président de la CENI, est susceptible de réduction« en raison du contentieux sur l’inscription des listes provisoires ». Cette étape justement s’ouvre ce lundi 3 juin, avec l’affichage des listes électorales provisoires dans les centres de vote. Les électeurs devraient s’y rendre, vérifier leurs noms et saisir le juge du contentieux en cas d’anomalies. Mais tout porte à croire que l’on ne voudrait pas vraiment en tenir informées les populations car  il y a une absence totale ou très faible communication autour de l’opération.

De nombreuses candidatures enregistrées

Onze mille quatre cent quarante-sept (11 447), c’est le nombre de candidatures enregistrées par la CENI pour ces mille cinq cent vingt-sept (1527) postes de conseillers municipaux et réparties sur six cent quarante-trois (643) listes en tout. Un record visiblement qui témoigne de l’engouement suscité par ces élections locales attendues depuis trente-deux (32) ans par la classe politique, la société civile et les populations pour élire les conseillers municipaux et maires et ainsi arracher l’autonomie de gestion de leurs collectivités. Pendant ce temps, le pouvoir a usé et abusé des délégations spéciales avec tous les dégâts.

Parmi ces candidatures, on note dix-huit (18) partis politiques dont les principaux (RPT/UNIR, ANC, etc.), quatre (04) regroupements de partis politiques (Coalition des 14, Coalition Rénovée regroupant le CAR, le MCD et Le Nid, le couple PSR-ADDI et le duo ANC-PSR), mais aussi de nouveaux partis dont l’ATE, le MED, le PDS et l’UNT. Curiosité, seulement quatre-vingt-seize (96) candidats indépendants sont enregistrés pour ces locales devant permettre d’élire 1527 conseillers municipaux parmi lesquels des maires, contre dix-huit (18) listes pour les législatives du 20 décembre 2018 qui mettaient  en jeu seulement quatre-vingt-onze (91) sièges. Pour ce scrutin de décembre dernier, il y avait aussi douze (12) partis et regroupements de partis pour un total de cent quarante (140) dossiers enregistrés.

Selon les chiffres communiqués, c’est la région Maritime qui a enregistré le plus grand nombre de dossiers de candidatures pour ces locales, 279 listes pour les 476 sièges mis en jeu, avec la commune de Golfe 7 (AflaoSagbado) en tête.

De la lecture du faible nombre d’électeurs enregistré sur les listes

335 610 électeurs seulement inscrits au cours de la révision du 16 au 19 mai dernier ? Comment comprendre ce chiffre manifestement faible par rapport aux attentes ? Il a de quoi surprendre lorsqu’on sait que le recensement électoral d’octobre 2018, qui constitue la base du fichier électoral pour les prochaines locales, avait été boycotté par les militants et sympathisants de l’opposition et les populations en général.

La Coalition des 14 avait en effet appelé le peuple à ne pas s’associer à ces opérations pour ainsi éviter de cautionner les manœuvres du pouvoir. Et Dieu sait que la proportion des populations qui la suivait était assez conséquente, et c’est elle qui a été exhortée à aller s’inscrire sur les listes au cours de la révision du 16 au 19 mai dernier. Dans le cas où ce chiffre rendu public est le vrai, difficile de croire que malgré l’affluence dans les centres de vote, ce ne soient que 335 610 électeurs qui aient été enregistrés sur toute l’étendue du territoire. Dans le cas de l’affirmative, l’hypothèse qui viendrait tout de suite à l’esprit, c’est que la stratégie et les manœuvres mises en œuvre par le régime pour entraver l’enrôlement massif des électeurs – déploiement d’un seul kit par centre, lenteur des machines, refus d’enregistrer des électeurs sur des prétextes, faible rythme d’impression des cartes…- ont marché.

L’autre hypothèse (sur)réaliste, c’est que ces chiffres communiqués par la CENI traduisent la réalité. En effet, par rapport au recensement électoral effectué en octobre dernier, certaines sources ont toujours souligné que malgré la consigne de l’opposition, nombre de ses militants et des populations en général étaient allés se faire inscrire sur les listes au cours de l’opération, mais ne se sont pas rendus aux urnes le 20 décembre. Et loin de signifier un désaveu de la C14, ces observateurs ont plutôt expliqué ce choix par de simples précautions ou résolutions personnelles. « Au début de l’opération, c’était évident qu’il n’y avait pas foule dans les centres. Mais tout le monde a constaté qu’au fur et à mesure que les jours passaient, les gens affluaient pour se faire enrôler, surtout les femmes (…) Vous savez que beaucoup de choses ont été dites autour de cette opération. Les rumeurs faisaient croire que c’est la carte d’électeur qui était ou devrait être désormais réclamée par les forces de sécurité lors des patrouilles et qu’elles devraient équivaloir à la carte nationale d’identité. A certaines femmes, il était dit que ces cartes d’électeur devraient faciliter l’accès aux microcrédits. Le Togolais étant précautionneux de nature, les gens sont allés se faire enrôler pour la forme », a relevé un observateur avisé. Ceci pourrait donc expliquer cela. Cela donne tout de même à réfléchir et difficile d’appréhender ce faible chiffre d’électeurs dans un sens unique sans risque de se tromper.

 

Tino Kossi
 
source : Liberté
 

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