Tsimessé-Gbeya


Roulé par des femmes, il recourt à la Police pour recouvrer l’argent distribué aux populations

Beaucoup s’interrogent sur les raisons qui poussent Gilchrist Olympio à descendre si souvent au quartier Sagbado. Ils ont désormais la réponse. Il s’y déroule un vaste achat de consciences des populations sous la supervision de Tsimessé Gbeya, député de l’Ufc. Mais en même temps que ce dernier jure de récupérer par tous les moyens son argent prêté au président de la section Logoté-Sagbado, Sassou Nestor, pour que celui-ci, à son tour, le remette aux femmes, conseille à ces dernières de ne pas rembourser les sommes auprès de la justice togolaise. Et ce matin, Sassou Nestor est convoqué au Commissariat Central. Reviendra-t-il à son domicile ou subira-t-il la loi des plus forts au Togo, une fois encore?

Si les populations de Sagbado s’étaient pliées aux desiderata du député Tsimessé, personne n’aurait connaissance de cette politique d’achat de consciences qui a cours en ce moment dans ce quartier. Le peuple togolais continuerait de penser que ce système était particulier au RPT-UNIR. Mais c’est oublier qu’entre-temps le parti Ufc qui a vécu, a rejoint le gouvernement avec armes et bagages. Comme quoi, à force de côtoyer le régime, on finit par copier ses méthodes, même les plus abjectes.

Depuis début 2012, Tsimessé Gbeya, député de l’Ufc, ayant prêté serment de servir fidèlement les intérêts du peuple, s’est adonné à une pratique dont le but est de se faire plébisciter par les populations de Sagbado. Et ce, à coups de francs CFA. C’est ainsi qu’il a jeté son dévolu sur Sassou Nestor, un homme de la localité à qui il a fait caresser le rêve de prendre la place de Kokou Léguédè, député du même parti dans la préfecture de Vo (soit dit en passant, ce dernier aurait déjà fondu en larmes devant le président national du parti lorsqu’il a été convoqué devant lui pour incompétence par le président préfectoral). M. Sassou devrait faire adhérer des habitants du quartier aux idéaux du parti de Gilchrist Olympio et surtout donner leurs voix à Tsimessé Gbeya lors des prochaines législatives. Et pour que la mayonnaise prenne avec certitude, le député a chargé Sassou Nestor d’appâter les bonnes femmes avec de l’argent frais. Initialement il était prévu, d’après les calculs du député, que chaque membre qui adhère, reçoive 20.000 FCFA comme prêt pour se lancer dans une activité qui pût rapporter des dividendes, N’en déplaise aux institutions bancaires et de microfinance chargées en temps normal de cette activité de prêt. Mais au vu du nombre d’adhérents, le montant des prêts est ramené à 10.000 FCFA par personne. Ce qui veut dire que ce ne sont pas les femmes qui sont allées voir le député pour lui demander des prêts.

Ainsi, trois tranches de 200.000 FCFA, soit au total 600.000 FCFA, furent remises à Sassou Nestor contre une forme de contrat signé de ce dernier et du député à l’endroit des femmes. Sur le contrat, tout est fait comme si le prêt consenti allait directement dans les poches de Sassou et non aux femmes. On était aux mois de février–mars 2012. Autant lors de l’octroi des prêts, la mobilisation était perceptible dans le quartier, autant la désertion était patente quand était venu le temps de remboursement. Comme on devrait s’y attendre dans ce genre de « business », des réticences sont apparues et certaines femmes ont refusé de rembourser au motif qu’« elles vont accorder leurs voix au député et la contrepartie, c’est 10.000 FCFA non remboursables » et qu’« après tout, il en a assez et c’est pourquoi il en distribue contre une reconduction à l’Assemblée nationale ». Le député, ayant appris que son projet a foiré, a exigé le remboursement dans un délai d’un mois de la totalité de son argent. Autrement, M. Sassou Nestor irait en prison et qu’il irait, de son côté, chercher son argent du côté du Ghana auprès d’un charlatan. On était fin août 2012. Il a aussi rejeté la proposition de Sassou qui pensait influencer les femmes en les convoquant chez le député, mais celui-ci a opposé un refus catégorique comme quoi, ce n’est pas auprès des bonnes femmes qu’il prendra son argent, mais bien auprès de lui. Parti chez le chef canton de Sagbado, ce dernier l’a redirigé à la Gendarmerie qui, à son tour, lui a montré la voix de la justice. A tous ceux qui, à la justice, ont promis de rembourser, le député leur a interdit d’y aller payer mais plutôt au lieu des réunions. Or il se trouve que les réunions ne se tenaient plus, la faute au nombre important de débiteurs.

C’est ce moment que choisit M. Tsimessé Gbeya pour annoncer à Sassou Nestor, qu’il ne tiendra plus sa promesse de le présenter comme candidat aux prochaines législatives dans le Vo. Poisson d’avril, vous avez dit ? Après que la femme du député est passée informer Mme Sassou qu’ils se retrouveraient bientôt en prison, c’est au tour du député lui-même, à la tête d’une délégation de sept personnes dont un journaliste, de rééditer la menace. Et à en croire des indiscrétions, l’intégrité physique de M. Sassou serait menacée s’il ne quittait pas le quartier. Mais pour aller où ? Ce matin il doit répondre à la convocation à lui adressée le 3 avril dernier au Commissariat central. Pourquoi le député Tsimessé n’a-t-il pas convoqué son ancien serviteur à la justice? Les Officiers de police judiciaire (OPJ) sauront-ils dire le droit et faire la part des choses, quand on sait que l’argent est effectivement allé aux femmes, mais que ce ne sont pas elles-mêmes qui ont demandé les prêts ? Et que diront les OPJ de la promesse faite à M. Sassou et non tenue par le député Tsimessé ? Autant de zones d’ombre qu’il urge d’éclairer avec la présence effective du député. « A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Joint par la Rédaction pour avoir sa version, le député maintient mordicus qu’il veut son argent, sans vouloir reconnaître si oui ou non il savait ce à quoi les 600 000 FCFA étaient destinés, c’est-à-dire les prêts aux femmes de Sagbado. Mais quand nous lui avons fait comprendre que selon nos informations, il savait la destination de cet argent et la contrepartie qu’il en attendait, il a bredouillé une réponse dans laquelle il se demandait si c’était un crime de vouloir aider des femmes. A notre grand étonnement, suite à notre appel pour recouper les informations, « l’honorable député » s’est transporté au domicile de Sassou Nestor pour procéder à un saccage systématique de sa chambre. Et, craignant pour sa vie, le « mal aimé » aurait décidé de dormir dans le maquis en attendant de répondre ce matin à la convocation de la police. Affaire à suivre.
 
Abbé Faria

Liberté Togo

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