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ÉDITORIAL : Ils réclament l’air, on les accuse de porter le feu

ÉDITORIAL : Ils réclament l’air, on les accuse de porter le feu

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Par Ambroise Dagnon

Il est des jours où les slogans ne suffisent plus à imposer le silence à la douleur. Où les silences accumulés explosent en clameurs. Où les rues deviennent des veines à ciel ouvert par lesquelles circule enfin ce que l’on croyait étouffé à jamais : l’espoir.

Le 6 juin, les rues de Lomé ont grondé. Non pas sous les bottes des mutins, ni les cris des casseurs. Mais sous les pas d’une jeunesse sans fusil, sans parti, sans chef, mais avec une seule arme : sa soif de dignité.

Et pourtant, à entendre certains tambours battre aujourd’hui, on croirait que la guerre est déjà là. On peint les manifestants en hordes barbares, on brandit des spectres de chaos, comme pour se convaincre que le pire est inévitable… alors qu’il ne l’est pas.

Il y a un théâtre qui s’installe quand le peuple parle trop fort. On y rejoue sans cesse la pièce du « complot généralisé », où toute main levée devient un poing, toute parole devient une insulte, toute foule devient une meute. On joue à se faire peur. Et surtout, on tente de faire peur.

Mais ce n’est pas la peur qui a poussé les jeunes Togolais à sortir, les mains nues, pacifiquement. C’est l’asphyxie. Celle de devoir survivre à l’ombre d’un pouvoir qui les regarde comme un problème, pas comme une promesse. Celle de vivre dans un pays où les coupures d’électricité éclairent mieux l’injustice que les discours officiels. Celle d’un quotidien trop petit pour leurs rêves, trop lourd pour leurs familles, trop silencieux

depuis trop longtemps.

Ils réclament l’air. Et on leur répond par la cendre.

Certains voudraient que l’on prenne les cris du peuple pour les tambours d’un pogrom. Mais le peuple n’a pas appelé au meurtre. Il a crié sa fatigue. Et la fatigue d’un peuple n’est pas une trahison. C’est un signal.

Quand l’hôpital ne soigne plus, quand la mère se tait devant la faim, quand le diplômé sillonne les rues sur une moto d’emprunt à la quête de sa pitance journalière, ce ne sont pas des fauteurs de trouble qui naissent, mais des cœurs qui refusent de mourir en silence.

À ceux qui veulent inverser les rôles, faire passer les oppresseurs pour des martyrs et les opprimés pour des monstres, rappelons une vérité nue : ce peuple ne veut pas brûler la maison. Il veut juste qu’on lui ouvre la porte. Qu’on cesse de le traiter en intrus dans son propre pays.

Car il ne suffit pas de crier au complot pour faire taire la misère. Il ne suffit pas d’agiter des images de guerre pour maquiller l’échec d’un système. Il ne suffit pas de prier Dieu à haute voix quand on refuse de regarder son frère en face.

Les Togolais ne cherchent pas la guerre. Ils cherchent la vie. Et cette quête-là, aucun discours, aucune menace, aucun amalgame ne pourra l’éteindre. Elle est plus forte que la peur. Plus forte que la propagande. Plus forte que la nuit.

Et quand un peuple marche dans la lumière, ce n’est pas pour terrifier. C’est pour voir enfin clair.