Par FRATERNITE

Décédé le samedi 11 avril 2020 à l’ Hôpital Américain de Paris en France, l’ancien Premier ministre togolais Edem Édouard Kodjo sera inhumé demain jeudi 19 août à Lomé. Un ultime voyage vers ses aïeux aux termes de cérémonies funéraires qui, visiblement, se passeront du sceau officiel.

Au crépuscule…

À Paris, la capitale française, s’est éteinte, il y a quatre mois,  l’étoile brillante . Loin de sa terre natale, le Togo, Edem Édouard Kodjo a poussé son dernier soupir. Ceci, au terme d’un ultime combat rondement mené contre un Accident vasculaire cérébral (Avc) qui aura finalement eu raison de lui. Ainsi chute la course, ici-bas, d’une légende, à la fois énarque, banquier, ministre et Médiateur sous la bannière de Pax Africana. Il laisse derrière lui, l’image d’un diplomate de renom et un panafricaniste convaincu.

En témoigne, à juste titre, la salve d’hommages qui lui sont rendus jusqu’à ce jour à travers le monde. Du monde religieux qui l’a façonné à celui politique qui lui a donné un nom en passant par le monde littéraire dont il était un passionné, tous y vont de leurs témoignages. «Si la politique internationale était une question de doigté….Edem Kodjo serait imbattable», a indiqué l’économiste camerounais Célestin Monga, présent lors de la messe dite à l’Eglise de la Sainte Madeleine de Paris. «Dans l’au-delà, mon Président, tu continueras de nous faire rêver…de nous inspirer», a-t-il poursuivi.

Attentes et inquiétudes légitimes

Depuis la fin de parcours terrestre de l’ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), nombreux sont ceux qui sont dans l’attente des hommages nationaux mérités à son rang.  Mais visiblement, tout semble dire que ceux-ci déchanteraient. Et pour cause…

À 24 heures de l’inhumation de cet intellectuel et homme politique deux fois Premier ministre du Togo, rien ne présage un tel hommage espéré. À  l’analyse du programme officiel concocté pour la circonstance, aucun indice n’annonce une initiative de l’État togolais dont le natif de Noépé a pourtant été grand serviteur, tant au plan national qu’international.

Vers des obsèques sans hommages nationaux?

En effet, au menu des cérémonies subdivisées en trois parties, l’on relève, dans une première partie, une célébration eucharistique dite le 8 août dernier à Paris pour le repos de l’âme de l’illustre disparu. Ce, en présence de la diaspora africaine, dans toute sa diversité sociopolitique, culturelle et professionnelle. la deuxième partie de la cérémonie a suivi après le rapatriement du corps à Lomé depuis le mercredi 12 août dernier . Laquelle est ponctuée, hier mardi 18 août, à Noépé, son village, par la  tenue des hommages de la Préfecture de l’Avé à son digne fils dont le parcours professionnel a tant honoré ladite préfecture. Arrivée des autorités, 21 coups de salve, prière catholique, Atopani et danse du tam tam parlant, arrivée du Corps, cérémonie traditionnelle (Libation +coups de salve), discours protocolaires, départ du corps, chants traditionnels, tel est résumée la deuxième partie des cérémonies funéraires. Lesquelles seront poursuivies, en troisième et dernière partie, ce mercredi 19 août, par la veillée funèbre qui aura pour cadre, la Cathédrale de Lomé. Suivra l’enterrement, jeudi 18 août, au cimetière catholique de la Plage.

Au regard du déroulé du programme tel qu’énuméré, c’est donc de bon aloi que l’inquiétude gagne les cœurs. Car, aucun indicateur n’annonce une quelconque présence du Chef de l’État, encore moins du Premier ministre. Bref, de l’Exécutif togolais au travers d’une cérémonie officielle digne de ce nom à l’illustre disparu comme ce fut déjà le cas pour l’artiste chanteur Jimmy Hope en septembre 2019, ou encore pour l’ex Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly. Pour les obsèques de ce dernier, Faure Gnassingbé s’est déplacé jusqu’à Korogho, ville natale de l’ancien Premier ministre ivoirien où il a été inhumé. Une énième solidarité agissante du chef de l’Etat togolais qui, convient-il de le rappeler, s’était également déplacé sur Yamoussokro en mars 2020 où il a pris part aux obsèques de Charles Koffi Diby, ancien Président du Conseil économique et social de la Côte d’Ivoire. C’est le même Faure qu’on a retrouvé quelques mois plus tôt en  décembre 2017 et de la façon la plus surprenante dans les obsèques de la mère du chef des Ashanti au Ghana pendant qu’on était en pleine crise sur son règne sous le vent du 19 août 2017.

Résultante d’une profonde discordance

Cette évidence, somme toute, apparente sonnera, à ne point douter, comme un véritable scandale d’État. Lequel confirmera de plus, la si profonde discorde déjà révélée par votre Journal Fraternité entre Faure Gnassingbé et son ancien Premier ministre et Conseiller.

En effet, comme nous l’évoquions en 2017, de sources concordantes révèlent que Kodjo est tombé en disgrâce auprès de Faure Gnassingbé qu’il a, par un élan patriotique, appelé à ne pas briguer un quatrième mandat. Un mandat de trop qui, selon lui, n’augurerait pas un bel avenir pour la jeune démocratie togolaise dont il a été, lui Kodjo, l’un des artisans.

Malheureusement, dans son obsession de rempiler vaille que vaille, le Prince de Pya n’aura jamais digéré cet appel de l’ancien Président de la Convergence patriotique panafricaine (Cpp). Bien au contraire, il a vite fait de voir l’ombre de Kodjo derrière une frange de la société civile notamment la Force Vive Espérance pour le Togo qui s’est montrée très hostile à ce quatrième mandat.  Un préjugé vite pris pour évidence quand l’ancien Premier ministre s’était présenté à la conférence inaugurale de cette organisation en  2018. «Edem Kodjo a tourné le dos à Faure», titrions-nous à l’occasion.

Au-delà, du 4ème mandat de Faure, selon nos informations, Edem Kodjo aurait également prévenu le fils d’Eyadema des contestations de 2017 qui auront sérieusement secoué le pays.

Un devoir moral manqué

Qu’à cela ne tienne. Quelles que soient les raisons, voire différends, rien ne saurait expliquer que les obsèques d’une telle icône se fassent sans des hommages nationaux comme cela se fait partout dans le monde pour des personnalités et grands serviteurs qui auront marqué leur passage et leur Nation.  On a encore en souvenance l’exemple typique des obsèques de Atsou Koffi  Amega, l’ancien Président de la Cour constitutionnelle, où le fils d’Eyadèma a brillé par son absence.

Le cas Edem Kodjo en est donc le second et intrigue l’opinion à plus d’un titre encore qu’il est le Premier Chef de Gouvernement de l’ère Faure. La non organisation des hommages nationaux à Kodjo dont le décès n’a jamais été annoncé officiellement relève tout simplement du mépris envers les dignes fils du pays qui ont d’une manière ou d’une autre porté haut le flambeau de la vérité. Plus loin, les hommages nationaux dans le cas d’espèce relèvent d’une obligation morale pour le chef de l’Etat. Ne pas le faire ou résumer ces hommages uniquement à sa présence à la messe d’enterrement exprimerait une fois de plus, l’état de déliquescence morale dans lequel sombre le Togo. Encore que l’on ne saurait conduire un pays  au gré des humeurs des dirigeants, comme tout semble le confirmer.

FRATERNITE

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