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Comme depuis plusieurs décennies, le régime togolais vient d’être de nouveau épinglé par un rapport accablant sur les massives violations des droits de l´homme par les États-Unis. Et malgré ces rapports réguliers qui soulignent surtout l´impunité dont jouissent les auteurs de ces actes de barbarie qui se recrutent du côté du pouvoir, le régime Gnassingbé n´en a cure, et les violations et violences de toutes sortes sur les populations continuent de plus belle. S´il y a aujourd’hui une catégorie de Togolais qui subit de façon impitoyable l´acharnement des tortionnaires du régime incarné par Faure Gnassingbé, c´est bien sûr les malheureux embastillés dans l’affaire inventée de toutes pièces dite «affaire Tiger».

En effet, si les regards des Togolais étaient tournés depuis plusieurs mois vers la fièvre électorale qui s´est emparée du pays, un drame se joue presqu’incognito dans nos goulags de prisons et dans le cas d´espèce à la prison civile de Lomé. Beaucoup se rappellent sans doute de cette histoire à dormir debout présentée aux populations togolaises fin novembre 2019 et fin janvier 2020 par la bande à Yark Damehame. Cette supposée insurrection à l’aide de massues, de flèches et de talismans avait laissé l’opinion nationale abasourdie. Cette trouvaille du régime de terreur pour jeter des Togolais indésirables en prison, avait eu lieu en deux phases comme nous l’avons mentionné plus haut.

Nos enquêtes auprès de certains proches des familles concernées nous ont permis de lever le voile sur le calvaire que vivent beaucoup de détenus, arbitrairement kidnappés lors de cette sombre histoire de «révolution à la Taïga». En effet, lors des premières raffles suite à la «tentative d’insurrection» fin novembre 2019 le nommé Zayini Kassimou est l´un des quelques malheureux a avoir séjourné au moins deux mois au SRI (Service de Renseignement et d´Investigation); sauvagement torturés en ces lieux de sinistre renom, Zayini et ses camarades d´infortune seront finalement déférés dans les taudis de ce qu´on appelle encore prison civile de Lomé en piteux état, par des juges aux ordres. Zayini Kassimou est le plus affecté par les séances de torture au SRI; n´en pouvant plus, il sera transporté au CHU pour des soins plus adéquats.

Rappelons qu’il existe un autre centre de torture dénommé camp GP situé à Agoenyivé où est incarcéré un deuxième contingent de kidnappés de la première vague de l´affaire Taïga ». Les malheureux « insurgés » y sont quotidiennement soumis à des interrogatoires musclés pour les contraindre à dévoiler les cachettes d´hypothétiques armes. Il arrive quelquefois que, pendant les séances de torture, les suppliciés, espérant ainsi se tirer d´affaire, citent le nom de quelqu’un qui connaîtrait le lieu où se trouvent les armes, alors que personne d´entre eux ne détient aucune arme. C´est comme ça qu´un jour, le nom de Zayini Kassimou fut cité par un détenu qui n´en pouvait plus d´être maltraité. N´oublions pas que le nommé Zayini se trouve au cabanon du CHU pour des traitements après son passage au SRI.
Son très mauvais état ne dissuada aucunement nos tortionnaires qui sont venus au CHU le prendre pour de nouvelles séances de torture au Camp GP pour qu´il dise où il aurait caché les armes. Aux dernières nouvelles, ramené au cabanon, l´infortuné pisserait du sang.

En dehors du Sieur Zayini Kassimou totalement à bout de souffle, et au rythme des noms qui tombent au Camp GP sous la torture, les nommés Ouro-Gnaou Bassirou, Kalabani Afissou et Ouro-Loga Abdel sont les premiers à être exraits de la prison par des policiers sans l’avis d’aucun juge et emmenés vers une destination inconnue; probablement au Camp GP. Excepté Ouro-Gnao Bassirou, les deux autres sont sévèrement torturés avant d’être ramenés au goulag.

Ainsi va la vie ou plutôt la survie au goulag togolais de Lomé. Depuis plusieurs mois, au gré de l´humeur des tortionnaires professionnels payés par le régime des Gnassingbé et au rythme des noms qui sont cités à force de torture, des policiers arrivent, à l´insu de la justice, avec une liste de prisonniers à emmener pour des séances d´interrogatoires sauvages, pour utiliser une expression relativement plus gentille. Ajoutées aux prisonniers du Parti National Panafricain (PNP) qui font plusieurs dizaines, d’autres dizaines d´embastillés dans l´affaire de la supposée insurrrection armée croupissent dans des conditions inhumaines depuis plus d´un an pour les uns et depuis plusieurs mois pour les autres. Il y a presqu’un an le Comité des Nations Unies contre la torture avait demandé la fermeture définitive et sans délai de la prison de Lomé; parce que tout simplement le lieu n´est plus adapté à l´incarcération des humains. Mais notre régime, connu pour sa négation de la dignité de la personne humaine, a naturellement refusé et continue à faire kidnapper d´innocents citoyens qui, après leur passage dans des cachots de torture, atterrissent dans l´enfer de la prison civile de Lomé.

La justice mise au pas, le citoyen n´a plus aucune porte de sortie que de subir l´injustice sans broncher. Au Togo, le droit est aboli, l´impunité est devenue normale. Les institutions de la République, vidées de leur sens, ne sont là que pour faire de la figuration. Dans une telle situation de dictature et d´arbitraire absolu, seul Faure Gnassingbé peut ordonner la libération de tous ces détenus innocents, qui, pour le moment, sont utilisés comme cobayes par les tortionnaires du pouvoir pour tester leurs nouvelles techniques de torture.
Le Togo, décidément un enfer sur terre!

Samari Tchadjobo
18 mars 2020
Hanovre, Allemagne

Samari Tchadjobo

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