« Tel père tel fils », « la carpe n’engendre pas le silure », ces réflexions ou adages permettent paradoxalement d’établir une similitude entre les actions et les comportements d’un fils par rapport à ceux de son père géniteur. En effet, beaucoup de Togolais pensaient que le décès du Général Gnassingbé Eyadéma le 05 février 2005 marquait la fin d’une période assez révolue que ce dernier était encore le seul à incarner dans la sous-région bon gré mal gré. Même si les Togolais n’avaient plus jamais voulu revivre de nouveau les pratiques obscènes qui ont jalonné le règne d’Eyadéma, c’était sans compter avec la détermination de Faure Gnassingbé, « fils héritier de son père » (terme emprunté à Christophe Bouabouvier de RFI) général président.
En effet ce que les Togolais semblent ignorer eux-mêmes souvent, les étrangers le maîtrise si bien. Ils savent qu’entre le père et le fils il n’ya que les mêmes différences. Ce qui conduit alors certains journalistes de la presse étrangère à s’arroger le droit, le plus souvent d’ajouter « Eyadéma » à Faure Gnassingbé. Et ceci pour expliquer la similitude qu’ils dénotent de la « rupture dans la continuité » des actions dans ce régime vieillot des Eyadéma.
Et tout comme son père, Faure est en train de multiplier toutes les stratégies pour empêcher l’opposition à participer aux élections ou fixer des conditions devant obliger les forces républicaines à se retirer de la course.
Une fois encore les Togolais peuvent se demander pourquoi le pouvoir Rpt/Unir ne cherche-t-il pas à définir les conditions de transparence pour des élections et évite du coup la vraie confrontation avec l’opposition. Tant que Faure ne pourra accepter rompre avec les montages et machinations qui sont propres au régime, il ne réussira jamais à convaincre les Togolais. La ferme volonté de conservation du pouvoir est le socle de tous les maux que connait ce pays.
Le régime doit comprendre aujourd’hui que le recours aux vieilles méthodes ne peut en aucun cas régler la situation de crise que traverse le Togo, mais au contraire, elle contribue à la faire perdurer. Le pays a besoin de meilleures choses que ces incongruités qui ne peuvent qu’intensifier les tensions politiques dans le pays.
La seule chose que les Togolais peuvent se demander aujourd’hui, c’est où se situe le changement dans la gouvernance entre Faure et celle de son père. ? A-t-il oublié ses promesses au lendemain de sa prise de pouvoir quand il disait aux Togolais : « Lui mon père, c’est lui, moi c’est moi. » pour ainsi dire qu’il va se démarquer du système qui l’a vu naître.
Une petite analyse de conscience permettra au chef de l’état Faure Gnassingbé de constater qu’il n’a réellement pu marquer la rupture entre la méthode de gouvernance de son père et la sienne. En politique seuls les actes sont importants.
Jacob K. ATALI
Le Triangle des enjeux N° 224 du 30 janvier 2013