Une jeune fille battue au sang par la sauvage soldatesque de Faure Gnassingbé à Sokodé, 22 novembre 2019 | Photo : Samari Tchadjobo
Une jeune fille battue au sang par la sauvage soldatesque de Faure Gnassingbé à Sokodé, 22 novembre 2019 | Photo : Samari Tchadjobo

10 décembre, journée mondiale des droits de l’Homme. Hier mardi était célébrée l’édition 2019. A l’occasion, comme d’habitude, le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres a adressé un message aux gouvernants du monde, dans le sens d’une interpellation au respect des droits de l’Homme. Mais quel est l’état des lieux au Togo de 228 Gnassingbé ? C’est une lapalissade que parler du respect des droits de l’Homme au Togo, c’est comme être dans les nuages, faire un rêve en plein midi. La situation est même plus critique à l’aune de l’obsession du quatrième mandat…

Appel au respect des droits de l’Homme

«  La jeunesse se dresse en faveur des droits de l’Homme », c’est le thème retenu pour la célébration de l’édition 2019 de cette journée mondiale des droits de l’Homme, instituée depuis plusieurs décennies. A cette occasion, le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guteress a adressé un message au monde.

« Cette année, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, nous rendons hommage au rôle que jouent les jeunes dans la réalisation de ces droits. Partout dans le monde, les jeunes manifestent, s’organisent et font entendre leur voix : Pour le droit à un environnement sain…Pour l’égalité des droits des femmes et des filles…Pour participer à la prise de décisions…Et pour exprimer librement leurs opinions…Ils manifestent pour le droit à un avenir de paix, de justice et d’égalité des chances. Tous les êtres humains doivent pouvoir exercer tous leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels ; où qu’ils vivent ; indépendamment de leur race, de leur appartenance ethnique, de leur religion, de leur origine sociale, de leur genre, de leur orientation sexuelle, de leurs opinions politiques ou autres, de leur handicap, de leurs revenus ou de toute autre situation », a relevé le patron de l’ONU, et d’exhorter  « chacun et à chacune de soutenir et de protéger les jeunes qui se dressent en faveur des droits de l’homme ».

Comme la plupart des autres journées mondiales décrétées àl’initiative de l’ONU, il s’agit d’attirer l’attention des gouvernements sur la problématique du respect des droits de l’Homme, gage d’un monde de paix et donc plus sûr…Le Togo n’a jamais été une référence dans des idéaux en rapport avec la démocratie, depuis l’époque du « vieux ». L’avènement au pouvoir de l’ « homme nouveau, esprit nouveau » n’a non plus amélioré la situation. Les violations des droits de l’Homme dans tous les domaines sont même allées crescendo et aujourd’hui on semble avoir touché le fond.

Assassinats et infanticides banalisés

C’est un luxe que de parler de respect des droits des jeunes au Togo, comme souligné par le message du SG de l’ONU. Ce sont les droits de l’Homme dans leur ensemble qui sont violés ici au 228. Même si le pays se dit – ou plutôt les gouvernants le présentent – de droit, ces droits n’existent que sur papier. Même les fondamentaux dont celui à la vie sont violés au nez et à la barbe de tous. Les assassinats politiques et/ou exécutions sommaires sont devenus banals.

Sous Faure Gnassingbé, les militaires tirent à bout portant sur des civils aux mains nues. Le régime s’est spécialisé dans les infanticides : Anselme Sinandaré, Douti Sinanlengue, Abdoulaye Rachid, Jojo Mensah, Idrissou Moufidou…la liste est longue. Le plus cocasse, c’est l’impunité totale garantie aux assassins et à leurs commanditaires, ils ne sont nullement inquiétés. Sous le « Prince », on peut tuer froidement ; ça passe, si c’est pour sauvegarder son pouvoir, et on est protégé. Rien d’étonnant si lui-même se couvre d’un manteau d’impunité, avec les réformes constitutionnelles opérées et l’article 75 qui l’absout de poursuites pour tous les crimes qu’il viendrait à commettre ? 

Droits politiques, économiques…bafoués

Le plus important des droits politiques au Togo est sans doute l’alternance au pouvoir. C’est le vœu le plus ardent des Togolais. Mais ils doivent malheureusement faire un trait là-dessus car Faure Gnassingbé n’est pas repu par ses trois mandats et compte en briguer un 4e. Après trente-huit (38) années sans partage du père, le fils veut donc continuer la dynastie. Et il est prêt à tout pour atteindre ses objectifs, même s’il faut marcher dans le sang des Togolais. Il ne serait d’ailleurs pas à sa première, ayant déjà fait pareil en 2005 pour parvenir au pouvoir.

Les libertés de manifestation et d’expression sont plus qu’en souffrance au Togo. Concédés sur le papier, ces droits sont confisqués dans les faits par le pouvoir en place qui use d’artifices. Les crimes économiques constituent l’autre marque de fabrique du régime Faure Gnassingbé. Les détournements des deniers publics sont presqu’institutionnalisés, les gouvernants disposent des ressources nationales comme bon leur semble. Pendant ce temps, les populations manquent de tout. Malheureusement les auteurs de ces crimes ne sont jamais inquiétés. Mieux, ils sont protégés par le sommet.

Que dire des droits sociaux, ceux à l’éducation, à la santé ? Ils sont le cadet des soucis des gouvernants en place. Pendant que la minorité pilleuse dispose des ressources nationales à des fins personnelles, le bas peuple meurt dans les hôpitaux faute de soins les plus élémentaires, les écoliers étudient dans des salles de classe en banco, sous des huttes…

Parler de respect des droits de l’Homme au Togo relève d’un conte de fées. C’est une constante qu’un régime qui veut s’éterniser au pouvoir ne ferait pas bon ménage avec respect des droits de l’Homme. Le refus de l’alternance est déjà une violation d’un droit fondamental de l’homme…

Silence complice des ODDH sur les violations

Toutes ces violations se passent en toute indifférence des défenseurs des droits de l’Homme,mais ils n’ont pas le courage de défendre leur respect, fustiger leurs violations. Les téméraires sont simplement châtiés, arrêtés et jetés en prison. C’est le cas d’Assiba Johnson, le Président du Réseau des jeunes africains pour la démocratie et le développement (REJADD). Pour avoir élaboré un rapport sur la répression meurtrière des manifestations populaires de 2017, il a été arrêté et mis au gnouf sans autre forme de procès et n’a recouvré sa liberté que tout récemment. Conséquence, les défenseurs des droits de l’Homme optent pour le silence devant des crimes ou autres cas de violations des droits de l’Homme dont se rendent coupables les gouvernants. L’illustration d’actualité, c’est le silence devant les exactions commises sur les populations d’Agoènyivé, Sokodé et environs par les corps habillés dans l’affaire d’insurrection armée avec machettes rouillées et gourdins, au nom de la recherche des armes emportées…

La plupart des ODDH se scotchent la bouche de peur de se faire fermer le robinet des financements. C’est une lapalissade que le régime de Lomé a cette capacité de faire couper aux ODDH trop gênantes leurs financements. De la pléthore qui existe, seules la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) et une poignée d’autres ont le courage de contrarier le pouvoir en place. La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), elle, se révèle finalement une aile marchante du pouvoir et ne brise le silence que pour voler à son secours. Et ce mutisme en fait complice nourrit les violations des droits de l’Homme au Togo.

Tino Kossi

source : Liberté

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