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Les noyades dans les piscines, que ce soit à domicile ou dans les hôtels, sont monnaie courante au Togo comme ailleurs. Généralement, c’est l’imprudence qui entraine ces tragédies. Plusieurs hôtels de la capitale ont eu à gérer ces situations malheureuses. Les hôtels Sarakawa, 2 février, Golfe, Mimba et bien d’autres ont connu ces situations dramatiques.
 
Le 27 février dernier, un drame similaire s’est déroulé à Eda-Oba, un hôtel situé au coeur de la ville de Lomé. Pendant que les responsables de l’hôtel étaient occupés à gérer ce dossier fumant, plusieurs versions ont fait la une des journaux et circulé sur les réseaux sociaux. Une investigation de la Rédaction a permis de recouper les sources pour connaître les tenants et aboutissants de ce drame.
Du côté des responsables de l’hôtel, il a été présenté un récit chronologique des faits. « Le samedi 27 février, autour de 14h, Monsieur Ayewa et Mme Foussena se sont présentés à la réception de l’hôtel Eda-Oba pour prendre une chambre standard. Monsieur s’est présenté comme un entrepreneur et a donné ses papiers pour remplir sa fiche de police auprès de la réceptionniste. Mme n’ayant pas ses papiers sur elle, la réceptionniste n’a pu recueillir la copie de sa carte d’identité.
 
Vers 16h 30, un serveur de l’hôtel est appelé par un équipier pour servir des clients au bord de la piscine. Le serveur se rend à la piscine. Monsieur Ayewa demande un Youki cocktail et une Fanta. Il demande s’il y a du Redbull, le serveur répond oui. Le client demande alors qu’on lui serve deux Redbull à la place du Fanta. M. Ayewa est à ce moment dans l’eau, dans le moyen bassin au bord de la piscine et au niveau de l’échelle. Mme Foussena est, elle aussi, dans l’eau dans le petit bassin.
 
Le serveur va chercher leur commande et retourne à la piscine avec leurs boissons. Il déclare que les deux clients étaient toujours à leur endroit initial. Mme Foussena est sortie du petit bassin pour aller payer le serveur, l’argent se trouvant derrière le petit bassin avec leurs effets sur une chaise. Un téléphone était sur une chaise à côté du petit bassin. Le serveur est revenu à la piscine leur rendre la monnaie. Mme Foussena était alors sur la balancelle côté nord et M. Ayewa, sur le côté, est au bord de la piscine en train de boire son Redbull. Le couple avait l’air très joyeux et amoureux. Autour de 17 h, la réception a reçu un appel d’un client en chambre signalant un corps dans la piscine. Un employé de l’hôtel se trouvant à la réception a couru jusqu’à la piscine.
 
Il déclare que le corps de l’homme était au beau milieu du grand bassin et que celui de la femme, environ à 4m de celui-ci, proche du bord côté sud. Il déclare avoir plongé, remonté le corps de la jeune femme à la surface. Un autre employé de l’hôtel l’a aidé à sortir le corps. Epuisé par l’effort, il est assisté par un troisième employé, qui, alerté par le personnel, l’a rejoint et l’a aidé à sortir le corps de l’homme. Pendant ce temps, et dès l’annonce de la noyade, les gendarmes en poste à la façade de l’hôtel ont contacté les sapeurs-pompiers.
 
En parallèle, le personnel de l’hôtel a appelé un médecin d’une clinique réputée de la place et spécialisée dans la réanimation. Il a été rejoint par le médecin de l’hôtel. Ils ont déclaré que les corps étaient sans vie ».
 
Ainsi se décline la version narrative des responsables de l’hôtel qui ont pris soin de faire d’autres précisions, à savoir que le couple n’était pas à l’hôtel pour un défilé de mode, comme l’ont rapporté certaines sources. Néanmoins, un défilé se tenait ce soir-là dans l’hôtel. Le couple n’avait ni acheté de billets, ni déclaré qu’il souhaitait y assister. En plus, le jeune a déclaré sur la fiche qu’il était un entrepreneur, mais en réalité il était un étudiant.
 
A la question de savoir pourquoi il n’existe pas de surveillance permanente autour de la piscine, les responsables répondent que la piscine n’est pas soumise à l’obligation de surveillance étant entendu qu’elle est privative à usage collectif, contrairement aux piscines ouvertes au public et d’accès payant.
 
Rappelons que les piscines privatives à usage collectif sont des piscines situées principalement dans les campings, hôtels, villages et résidence de vacances. La piscine constitue une prestation annexe à l’activité principale de
l’établissement touristique. Les piscines ne sont pas soumises à l’obligation de surveillance à laquelle doivent satisfaire celles ouvertes au public et d’accès payant sauf si un enseignant d’activités aquatiques y est affecté.
 
Ces classifications émanent du cadre juridique français puisque le Togo ne dispose pas à ce jour de texte en la matière. Le paysage touristique togolais connaissant un essor fulgurant, plusieurs lieux d’accueil touristique avec piscine voient le jour. Cette situation doit interpeller l’Etat à revoir les textes en vigueur pour mieux accompagner les professionnels de ce secteur.
 
Le drame du 27 février en attendant les conclusions de l’enquête officielle, apparaît comme un accident de noyade qu’on signale de temps à autre dans les piscines. Pour limiter ces drames, il urge que les hôtels renforcent leur dispositif de surveillance aussi bien matériel (caméra de surveillance) qu’humain et que l’accès aux piscines par les clients soit rigoureusement règlementé.
 
Ces derniers jours, une vidéo fait le tour des réseaux sociaux. Elle a été faite par le couple avec leur téléphone portable. La vidéo montre la demoiselle dans le petit bassin de la piscine. Le Monsieur filmant la scène, lui demande d’avancer dans le grand bassin.
 
Elle répond qu’elle a peur. Monsieur la rejoint alors dans l’eau, la rassure et l’accompagne dans le moyen bassin. Nous voyons alors la demoiselle sortir de l’eau par l’échelle. La vidéo s’arrête.
 
Mensah K.
 
L’ALTERNATIVE – N°504 du 08 Mars 2016
 

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