Par Jean-Claude DJEREKE

Après avoir laissé des enfants drogués attaquer à l’arme blanche des femmes et des jeunes qui marchaient, les mains nues, à Bonoua, Gagnoa, Divo, Yopougon, etc., le dictateur-imposteur veut éliminer physiquement Martin Bléou “soit par empoisonnement, soit en provoquant un accident de la circulation, soit encore à l’arme à feu”, si l’on en croit une note écrite par ce dernier, le 28 août 2020, et prenant à témoin la communauté nationale et internationale. Quelques jours plus tôt, le constitutionnaliste ivoirien avait fait savoir que même la Constitution du 8 novembre 2016 n’autorisait pas Ouattara à prendre part à la prochaine élection présidentielle.  Selon un vieil adage latin, Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre (quos vult perdere Jupiter dementat). Seul un homme en perdition peut emprisonner ou menacer de mort des citoyens qui ne demandent qu’à exercer leurs droits démocratiques en protestant pacifiquement contre ce qui leur semble injuste ou en donnant leur avis sur un sujet.

Certains avaient pensé que le départ de ses ex-alliés du RHDP (Anaky Kobenan, Konan Bédié, Soro Kigbafori et Mabri Toikeusse) et la démission de personnes qui l’ont accompagné et servi sans jamais rouspéter pendant 3 ou 4 décennies (Marcel Amon-Tanoh et Daniel Kablan Duncan) l’auraient rendu plus raisonnable et moins arrogant mais c’était oublier que “le chien ne change jamais sa façon de s’asseoir” (proverbe africain) et que “la bêtise insiste toujours” (Albert Camus). N’en déplaise à tous ceux qui pendant longtemps l’ont fait passer pour ce qu’il n’est pas, Ouattara persistera toujours dans la bêtise et l’arrogance en dépit des appels à la raison et au respect de la parole donnée de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo ou du Sénégalais Alioune Tine. Pour ce fervent défenseur des droits de l’homme, ce troisième mandat que Monsieur Ouattara considère comme un sacrifice de sa personne à la Côte d’Ivoire “n’a aucune réalité juridique et constitutionnelle, est une imposture intellectuelle qui dissimule les nouvelles formes de coup d’État constitutionnel et de coup d’État électoral”. Ouattara persistera toujours dans la violation des lois, dans les menaces et les tueries parce que ces anti-valeurs sont inscrites dans son ADN et sont des choses qu’il a en commun avec son compatriote Blaise Compaoré à qui il octroya la nationalité ivoirienne (le 17 novembre 2014), puis le passeport ivoirien (le 18 novembre 2014) pendant que Laurent Gbagbo, fils du pays, est obligé de patienter plusieurs mois avant d’obtenir un passeport ordinaire. Jamais il ne se débarrassera du manteau de la mythomanie et de l’esbroufe parce que telle est sa nature. Mais cette dictature qui a fait de la Côte d’Ivoire une prison à ciel ouvert durera-t-elle indéfiniment ? Non, parce que tout passe, parce que plusieurs régimes violents et totalitaires ont fini par être balayés dans l’Histoire. Quand Ouattara sera-t-il chassé par le peuple ivoirien qu’il martyrise depuis 1999 comme s’il voulait venger des frères africains que les Ivoiriens auraient maltraités ? Difficile à dire mais il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il subira le même sort que Compaoré ou Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), quels que soient les soutiens et moyens dont il peut bénéficier de la part de la fameuse communauté internationale car arrive un moment où le peuple ne recule plus. Son destin, c’est peut-être de quitter de cette façon la scène politique et l’Histoire de la Côte d’Ivoire, lui qui confiait à la délégation des 11 régions du Sud, du Sud-Ouest et de l’Est de notre pays, le 17 août 2020, que “chacun a son destin et on ne peut pas fuir son destin”. 5 jours plus tard, il révélait qu’il préférait mourir au pouvoir plutôt que de périr en prison. Est-il besoin de lui rappeler que ne meurent au pouvoir que ceux qui redoutent le jugement du peuple qu’ils ont affamé, opprimé et terrorisé ? Si Ouattara n’avait pas tué, menti et volé comme il s’est permis de le faire entre 1989 et 2020, il n’aurait pas eu peur de l’après-pouvoir et aurait pu dire comme le Ghanéen Jerry Rawlings : “J’ai refusé qu’un quelconque édifice public porte mon nom. Quand on a bien servi son peuple, on reste dans les cœurs, je pense que je suis dans le cœur de mes concitoyens… Je n’ai pas cherché à être riche mais, à la fin, je suis enrichi de l’amour de mon peuple. Je n’ai pas besoin de me promener avec une sécurité car ma sécurité, c’est ce peuple qui m’a vu le servir. Je n’ai pas peur de marcher les yeux fermés… Je ne soupçonne aucun de mes compatriotes de me vouloir du mal. Partout où je me trouve, je me sens entièrement en sécurité.”

Ouattara ne se sentira jamais en sécurité en Côte d’Ivoire à cause de ses nombreux crimes économiques et crimes contre l’humanité. Jamais, il n’osera regarder les Ivoiriens droit dans les yeux. Voilà pourquoi il souhaiterait mourir au pouvoir, voilà pourquoi il n’est point gêné de revenir sur la promesse faite le 5 mars 2020 de ne pas briguer un troisième mandat. Cet homme a peur d’être jugé, condamné et jeté en prison. Il aurait bien gouverné que des compagnons de 30 ou 40 ans ne l’auraient pas quitté, que le RHDP n’aurait pas été vidé de sa substance, que le fameux Nord ivoirien pour lequel il prit les armes en 2002 ne regretterait pas aujourd’hui de l’avoir suivi dans son aventure. Or la gouvernance de Ouattara fut calamiteuse à tout point de vue. De 2011 à 2020, l’homme ne cessa de se montrer partisan, diviseur, pilleur des caisses de l’État, violent et intolérant. Si le prophète Daniel vivait encore, il lui dirait comme au roi Belshatzar : “Dieu a compté ton règne et y a mis fin. Tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé léger. Ton royaume sera divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.” (Dan 5, 26-28)

Ouattara est fini. Sous peu, son régime criminel et barbare tombera comme celui du Malien IBK car jamais une dictature n’a vaincu un peuple fatigué de souffrir et d’être méprisé. Il ne faut donc pas se laisser impressionner par ses menaces et rodomontades. Comme au Mali, il suffira, pour cela, non pas de participer à l’élection bidon du 31 octobre 2020, mais de maintenir la pression tout en réfléchissant à des stratégies qui permettent de le cerner de toutes parts avant l’estocade finale.

Jean-Claude DJEREKE

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