Docteur en médecine, Spécialiste en santé publique, Georges William AssiongbonKouessan, président national du parti Santé du Peuple et candidat au scrutin présidentiel de Février 2020, a conféré avec le journal La Manchette sur l’actualité politique dominée par les prochaines élections. Ce Docteur en Pharmacie est revenu sur les motivations qui sous-tendent sa candidature et se prononce aussi sur l’initiative Kpodzro qui a accouché d’un candidat «unique» de l’opposition. Dans cet entretien, l’homme, bien que présent sur le terrain avec toute son équipe pour échanger avec les populations togolaises, se réserve le droit de retirer sa candidature si les choses évoluent comme cela se doit dans le rang des partis d’opposition.

Dr Kouessan, à un peu plus de dix jours de l’ouverture des campagnes présidentielles, est-ce que votre équipe est prête pour se lancer véritablement pour la conquête du pouvoir ?

C’est vrai que nous sommes à un peu plus de dix jours de l’ouverture de la campagne électorale, et vous savez que le parti Santé du Peuple n’a déclaré sa candidature qu’à la date limite du dépôt des candidatures. C’est une décision que nous avons prise tardivement parce que, pendant longtemps, nous y étions porteurs du message de l’unité de candidature au sein de l’opposition et nous étions accrochés jusqu’au dernier moment. A une époque de l’évolution des choses, nous n’y croyons plus. Mais nous nous sommes dit qu’il fallait attendre jusqu’à la fin pour voir la tournure des choses. Cela fait que la décision de participer à cette échéance électorale, est une décision que nous avons prise quasiment au dernier moment. Néanmoins, depuis que nous l’avons prise, et déposé effectivement notre candidature, nous nous sommes mis au travail. J’ai une équipe de jeunes, c’est vrai qu’on est pas très nombreux, mais ce sont des gens qui ont de la volonté et qui ont envie de travailler et aujourd’hui, je puis vous dire qu’on s’y apprête petit à petit, et je crois qu’à l’ouverture effective de la campagne électorale, on sera au rendez-vous.

Vous avez souhaité une personnalité apolitique pour être candidat unique de l’opposition. Mais aujourd’hui, nous avons quasiment un candidat unique politique. Est-ce pour vous, une déception qui justifie votre candidature ?

Je dirai Oui et Non. Parce que ce que vous venez de dire, nous avons effectivement demandé à chercher une personnalité apolitique pour en faire un candidatunique de l’opposition. Là, il y a deux conditions. La première, c’est le choix d’une personnalité apolitique et la deuxième, c’est en faire un candidat unique de l’opposition. Maintenant, est-ce que nous retrouvons ces deux conditions dans ce qui est fait ?

D’abord, en ce qui concerne le caractère apolitique, vous constatez aisément que ce n’est pas le cas. Mais, ce n’est pas tellement un problème pour nous. C’est vrai que nous avons fait la proposition d’une transition dans notre pays et nous avons estimé que pour traverser de façon efficiente et sans difficultés cette période de transition, il fallait avoir une personnalité qui ne s’est pas trop mêlée de la politique, histoire de pouvoir rassembler toutes les différentes parties. Et c’était donc important pour nous. C’était aussi important en ce sens qu’on estimait que le choix d’une personne politique allait fédérer difficilement les énergies parce que je nous connais un peu avec le peu d’expériences que j’ai à travers les différents regroupements auxquels j’ai appartenu. Je me suis rendu compte que si on choisit une personnalité politique, le ralliement sera difficile. Je l’ai dit à plusieurs reprises qu’avoir une personnalité politique sur laquelle tout le monde va s’accorder et derrière laquelle tout le monde va s’aligner pour aller à cette élection va être difficile. Mais cela n’est pas tellement un problème…

Oui, mais l’initiative Kpodzro a plutôt enfanté un candidat unique politique, contrairement à votre proposition de personnalité apolitique pour en faire un candidat unique. Et sur ce sujet, vous avez rencontré le Prélat, qu’est-ce vous vous êtes dit ?

Nous avons été approchés par Monseigneur Kpodzro et nous lui avons expliqué que c’est vrai que le choix de cette personnalité apolitique va faciliter la transition, mais ce choix va d’abord faciliter l’union de l’opposition. Mais s’il advenait qu’on trouve une autre personne même politique, sur laquelle tout le monde s’accorde, il n’y a pas de problème pour nous. Le plus important, c’est qu’on puisse avoir quelqu’un qui fédère les énergies au sein de l’opposition. Nous n’allons pas nous accrocher à ce caractère ou à cet adjectif apolitique éternellement. Donc, nous étions prêts dès qu’on arrive à trouver une personnalité sur laquelle les politiques s’accordent, même qu’il soit politique ou non, nous étions prêts à soutenir cette candidature. Ça, c’est concernant le caractère apolitique.

S’agissant du caractère unique de la candidature, nous avions dit depuis que nous avons fait notre sortie que nous ne pouvons considérer une candidature unique que lorsque cette candidature réellement unique. Cela voudrait dire qu’on était parti de la logique de la C14, la première version. C’est pour cela d’ailleurs que quand nous avions fait notre sortie, nous avons envoyé des courriers de demande d’entrevue à tous les partis politiques qui étaient à l’origine de la C14. Donc notre souhait était que tous ces quatorze partis puissent être dans cette union-là. Ce que nous appelions réellement une candidature unique.

Chemin faisant, on s’était rendu compte que cela pouvait être un peu difficile étant donné les divergences qui étaient profondes au sein de l’opposition, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on avait proposé une personnalité neutre. Mais si cela devenait difficile, au moins les six partis, au regard des dernières élections, les plus représentatifs de l’opposition (nous avons cité les noms au Prélat), il faut au moins que ces six partis soient dans la dynamique pour pouvoir espérer quelque chose. Parce qu’il ne suffit pas de faire une union pour la forme. Si on fait une union, c’est qu’on espère en tirer quelque chose. Donc pour que cette union puisse être efficace et efficiente, il fallait que les six partis les plus représentatifs soient dans la dynamique. Mais chemin faisant, on s’était encore rendu compte que cela pouvait être toujours un peu difficile, et nousavons dit que si au moins cinq de ces six partis peuvent être là, ce serait une bonne chose. Donc quand on a fait la dernière rencontre avec le Prélat, on lui a dit : Nous nous sommes prêts, nous avons le projet de participer à cette élection puisque les gens n’ont pas accepté notre proposition, mais nous sommes prêts à nous désister en faveur de son choix à condition qu’il arrive à réunir au moins cinq des six partis que nous appelons les partis les représentatifs. C’est de l’objectivité. Aujourd’hui, nous nous sommes de jeunes partis, et je ne pense pas qu’une union de seulement jeunes partis derrière un candidat peut porter quelque chose. On lui a dit, nous sommes prêts dès qu’on peut fédérer ces énergies-là, il n’y a pas de raison qu’on ne s’y aligne pas.

A ce jour, seule la CDPA soutient l’initiative Kpodzro parmi les six partis que nous appelons les partis les représentatifs. Nous pensons qu’il y a du travail à faire.

Avez-vous eu, au moins, des échanges avec le candidat désigné de l’initiative Kpodzro ?

Non. Je peux vous le dire qu’il ne m’a pas contacté. On n’a pas eu de discussions. Nous avons toujours entretenu de bons rapports. C’est un grand frère que j’ai toujours respecté qui a beaucoup d’expériences. On a toujours gardé des contacts. Mais depuis qu’il a été choisi à travers l’initiative Kpodzro, on n’a pas eu d’entretien.

Dans ces conditions, est-ce qu’on peut espérer un ralliement ou un soutien du parti Santé du Peuple à l’initiative Kpodzro si les choses évoluent ?

Oui, et nous l’avons toujours dit. Si les choses évoluent, nous restons toujours ouverts à un éventuel ralliement. Il n’y a pas de raison, c’est-àdire que nous ne pouvons être les tout-premiers sinon le tout-premier à parler de l’unité de candidature au sein de l’opposition et qu’on va voir une réelle candidature unique au sein de l’opposition et dire que nousn’allons pas nous y rallier. Ce n’est pas possible. Donc, cela va de soi. Nous attendons que les choses évoluent pour que nous puissions voir l’attitude à adopter. Vous savez que jusqu’à l’ouverture de la campagne électorale, on a la possibilité de se retirer. C’est vrai quand on travaille sur le terrain et quand vous travaillez plus, quand vos amis travaillent avec vous, plus ils ont envie que le parti soit seul. Donc, nous aimerions quand même que les choses puissent évoluer très rapidement pour qu’on n’évolue pas beaucoup dans nos programmes personnels au niveau du parti. Je pense que sur cet élan, le ralliement serait beaucoup plus facile.

Au cas où vous maintenez votre candidature et si demain, Dr Kouessan est président du Togo, quel sera votre chantier ?

J’ai toujours dit une chose : on ne peut pas sortir de 53 années de monolithisme politique et entrer dans une vie politique normale. Donc je maintiens la proposition que j’avais faite au départ. Quand je serai élu, je viendrai faire 3 ans. Je vais trouver avec les constitutionalistes, les juristes, le mécanisme juridique approprié qui ne porte pas entorse à notre Constitution pour que les Togolais me permettent de faire uniquement 3 ans. Et au cours de ces 3 années, on va s’atteler à faire de grandes réformes politiques. Vous savez, il y a beaucoup à faire ; les grandes réformes politiques, les réformes constitutionnelles qui restent à faire, les réformes institutionnelles, les réformes électorales, les réformes administratives…, c’est un grand chantier, nous en avons fait un point assez important de notre programme. Je pense que ces 3 années seront consacrées en réalité à balayer la maison, à faire en sorte qu’on puisse en 2023, réorganiser une élection propre à laquelle tout le monde pourra participer sur des bases équitables. Cela ne va pas se faire avec un seul parti politique. C’est pour cela que je parle de transition.

Ce sera une transition de large ouverture. Parce qu’aujourd’hui, nous avons un parti politique qui nous a dirigés pendant 50 ans, on ne peut pas refaire les choses sans ce parti politique-là. Vous savez aussi que nous avons une armée dont le rôle est important dans notre pays, on ne peut pas également refaire ce pays sans l’aide de cette armée. Donc, ce sera un travail tripartite, c’est-à-dire l’opposition (si Santé du Peuple prend le pouvoir, c’est toute l’opposition qui prend le pouvoir). Il y aura l’opposition d’un côté, il y aura le parti qui a perdu l’élection et l’armée, et c’est ensemble dans ce paysage tripartite que nous allons essayer de réfléchir ensemble sur comment faire en sorte qu’on puisse repartir sur de nouvelles bases. Nous avons notre proposition à faire, nous avons notre manière d’envisager l’approche de cette transition, l’approche de ces réformes, mais je crois que c’est ensemble que cela sera fait avec l’idée de tout le monde, avec l’apport de tout le monde, en l’occurrence le parti aujourd’hui au pouvoir.

Dr Georges William AssiongbonKouessan,

C’est nous qui vous remercions

Entretien Réalisé par Sylvestre BEN

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here