Les dictatures et les régimes autoritaires sont capables de toutes les manipulations, surtout lorsqu’ils sont en difficulté. Le régime dictatorial des Gnassingbé nous a déjà habitués à des complots imaginaires qui ont servi à des purges à l’intérieur du système. Depuis la série d’incendies qui touchent les marchés, le débat tourne autour des probables auteurs de ces actes criminels et leurs motivations. Chacun y va de son analyse et commentaire même les plus farfelus. Mais ces genres de sinistres, on en trouve dans l’Histoire.
D’abord plus près de nous en Allemagne avec le système autoritaire d’un certain Adolf Hitler. Cherchant à décapiter les communistes et les juifs envers qui il vouait une haine viscérale. Le 22 février 1933, à Berlin, le Reichstag, c’est-à-dire le Parlement allemand de l’époque prend feu. Dans l’immeuble abritant le Parlement, la Police se saisit d’un Hollandais de la mouvance communiste et en apparence déséquilibré, Marinus Van Der Lubbe. Il sera considéré comme responsable de l’incendie et exécuté. Or dans les faits, le doute demeure car le soir du 27 février, un détachement de Sections d’Assaut (SA) nazies a emprunté un passage souterrain menant à la demeure d’Hermann Gôring (ministre de l’Intérieur du Land de Prusse) au Reichstag et y a répandu des produits hautement inflammables. Adolf Hitler va tirer habilement partie de ce drame pour renforcer son pouvoir. Dès le lendemain, il attribue l’incendie à un prétendu complot communiste et fait arrêter 4000 responsables du KPD (Kommunistiche Partei Deutschlands, parti communiste allemand). Le même jour, il fait signer par le Reichsprésident Von Hindenburg un « décret pour la protection du peuple et de l’Etat » qui suspend les libertés fondamentales, donne des pouvoirs de Police exceptionnels aux Régions (Länder) et met fin à la démocratie. La suite avec les Juifs, on la connaît.
Plus loin de nous dans la Rome antique, avec Néron le cinquième et dernier empereur romain de la dynastie julio-claudienne. Il monta sur le trône à 17 ans et régna de 54 à 68. Son règne fut d’une cruauté sans précédent et sa vie faite de débauche. Le 19 juillet 64, éclata le grand incendie de Rome. Le feu débuta dans les boutiques des environs du Grand cirque et fit rage durant six jours. La rumeur circula que Néron aurait joué la Lyre et chanté au sommet du Quirinal pendant que la ville brûlait. La population désorientée cherchait des boucs émissaires, et bientôt des rumeurs tinrent Néron pour responsable. Selon Suétone, on lui prêtait l’intention d’immortaliser son nom en renommant Rome en Neropolis. Il était important pour Néron d’offrir un autre objet à ce besoin de trouver un coupable. Il choisit pour cible une secte juive, celle des chrétiens qui prenait de plus en plus de place et dont il s’amusait à persécuter les membres. Il ordonna que les chrétiens soient jetés dans les arènes alors que d’autres étaient crucifiés en grand nombre et brûlés vifs comme des torches. Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie. Pour faire taire les rumeurs, il offrit d’autres coupables et fit subir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens.
Ces deux exemples juste pour rappeler aux lecteurs les méthodes cyniques des dictateurs et autres satrapes lorsque leurs pouvoirs sont en difficulté. Une grande piste à ne pas négliger dans la série d’incendies qui frappent les marchés et paralysent pour longtemps nos mères et sœurs.
Ferdi-Nando
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