J’imagine que chacun d’entre vous a eu le temps de suivre mercredi soir, le débat présidentiel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Tout le monde connait à cette dame charismatique, une puissance rhétorique remarquable et une capacité réelle à défendre ses convictions ou même, à démolir les arguments de son adversaire quand le besoin se fait sentir.
Malheureusement, hier, les conseillers et coach en rhétorique de Marine Le Pen ont tant et si bien travaillé sur elle en vue de lui éviter les dérapages du débat de 2017 que, finalement, ils lui ont enlevé son naturel, son élan de base et la quintessence de son être.
S’il est vrai qu’elle fut plus calme, plus posée avec l’étoffe d’une femme d’État, elle présentait plutôt des traits d’une apathie dans laquelle elle s’est délibérément engluée par peur de déraper.
Voilà qui a donné beaucoup de marge à son adversaire, Emmanuel Macron, pour mieux défendre son programme, justifier sa gouvernance et se montrer hautement mature et mieux affûté pour défendre la cause des français.
Pourtant, Marine Le Pen aurait été dans son élément, qu’elle aurait tué le débat dès son entame avec le sujet sur le pouvoir d’achat qui est un vrai tendon d’Achille pour Macron, car sous sa gouvernance, les français ont tellement perdu de leur pouvoir d’achat que la Marine Le Pen, avocate de son état, l’aurait mis dans ses cordes avec ce sujet aussi gênant et naturellement embarrassant pour lui.
Puisqu’elle a raté ce plat chaud dès l’amorce du débat, le boulevard a été largement fait pour le président sortant qui l’a mise en difficulté, en pointant de façon régulière, des insuffisances, des carences et même des contradictions dans les affirmations et le programme de son adversaire.
Au bout, malheureusement, le débat a laissé un goût d’inachevé, et j’imagine que comme moi, beaucoup de français n’ont pas retrouvé leur Marine Le Pen, étincelante, magistrale et très en verve quand il s’agit de défendre ses convictions.
Tout ceci est la faute aux coach, aux entraîneurs, trop savants et attachés à des principes guindés qui, très souvent, vident le débatteur de son être profond!
Alors une leçon simple: apprendre les techniques d’un débat est une bonne chose, car cela vous rend professionnel et vous donne des outils de subtilité et de finesse, mais entrainez- vous de sorte à les intégrer totalement à votre être profond; à défaut, privilégiez ce que vous êtes par nature, cela vous permet de mieux vous révéler et de révéler vos convictions, même si la manière et la méthode feront défaut, car vos interlocuteurs sont très peu à connaitre les techniques subtiles et propres à cette science de la communication.
La seule chose qui compte pour eux reste le contenu de ce que vous dites et qui touche directement à leur vie quotidienne.
Luc Abaki
