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Silence autour des morts à Dapaong et condoléances express à Obama après les explosions de Boston


Pendant que des compatriotes sont blessés dans leur corps et dans leur âme et que d’autres tombent sous les balles meurtrières des policiers et gendarmes sans que cela suscite la petite attention du président de la république, des Américains endeuillés par les explosions de Boston ont reçu la compassion et les condoléances du même homme d’Etat. Ce décalage a-t-il un sens ?

Attitude curieuse



Beaucoup d’observateurs signalent dans le même sens le fait que, une année en arrière, lorsque des compatriotes avaient péri en nombre par noyade dans le Lac Togo, le président n’avait pas daigné se rendre dans le village endeuillé. Seuls des ministres avaient fait le déplacement pour parler aux familles éplorées. Les exemples existent encore pour arriver à la conclusion que Faure Gnassingbé est très absent sur les drames et sinistres à l’interne pendant qu’il est très actif sur le plan extérieur.

L’attentat de Boston révèle une fois encore ce décalage que beaucoup de gens soulignent avec dépit et déception. Le chef de l’Etat a daigné envoyer un courrier de compassion à son homologue américain alors que son gouvernement n’a pas eu le réflexe de se prononcer spécialement sur les événements malheureux de Dapaong. Même si on peut supposer que le gouvernement voit d’un mauvais œil ce qui s’est passé dans cette ville, analystes et observateurs sont unanimes à soutenir qu’il aurait été humain de publier un communiqué particulier pour exprimer les regrets de la république et surtout présenter des condoléances à la famille de l’adolescent Anselme Sinanderé. Rien de tout cela n’a été fait mais l’on constate un enthousiasme inexpliqué autour de l’attentat de Boston. Quelle logique peut justifier qu’un gouvernement montre autant d’indifférence vis-à-vis de ses gouvernés tout en se montrant très attachés et touchés par les malheurs qui arrivent à des milliers de kilomètres ?

Mépris ou manque d’à-propos ?



Un citoyen a indiqué dans les réseaux sociaux que le service de communication de la présidence togolaise ne fonctionne pas bien. Ou les « spécialistes » qui y travaillent ne connaissent pas leur boulot, ou ils n’ont pas la marge de manoeuvre nécessaire pour initier et exécuter des plans de communication pertinents et fructueux. Selon ce citoyen, le silence de la présidence pendant et après les événements de Lomé et de Dapaong principalement est si bruyant que rien de sensé ne peut l’expliquer.

De cette remarque, on peut retenir justement qu’il est possible de croire que le service de communication de la présidence est souvent défaillant. En d’autres temps et en d’autres lieux, les services des présidences se montrent plus présents et plus visibles à travers une communication agressive dans le but unique de convaincre les citoyens que le président n’est pas indifférent à leurs malheurs. Le silence ne surprend pas vraiment parce que les Togolais y sont habitués mais il devient inquiétant et dérangeant.

Un autre élément d’analyse : il est possible que le service de communication ne soit pas défaillant en lui-même mais que le mode de fonctionnement du sytème n’autorise pas des plans de communication comme on en voit ailleurs. Dans ce pays, rien n’ébranle le pouvoir et le gouvernement si ce ne sont les activités du président de la république. Toutes les autres activités, même quand des citoyens et des citoyennes meurent sous les balles de la répression policière, la république dort tranquille comme si c’étaient des étrangers ou des bêtes qui avaient perdu la vie. De sorte qu’il n’est pas très faux de dire qu’il s’agit d’un mépris au sommet de l’Etat. Le contraire doit être prouvé puisque, en toute objectivité, tout pouvoir existe uniquement pour le bonheur des citoyens et des citoyennes.

N.Z.

Le Correcteur N° 428 du 18 avril 2013

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