«Faure-Bawara : de l’eau dans le gaz », avions-nous titré un récent article dans lequel nous analysions la diète observée chez Gilbert Bawara depuis le soir du 23 février 2020 à la sortie de la proclamation au pied levé des résultats de la présidentielle dont le régime traine la crise subséquente jusqu’à ce jour, un an après. Le ministre de la Fonction publique qui était hier le vuvuzela de son ami et patron Président s’est vu mis derrière le rideau. Et la formation du gouvernement du 26 septembre 2020 où l’homme de Siou s’est vu d’abord dégraisser du rôle de porte-parole qu’il jouait de fait avec tant de zèles est venu confirmer les appréhensions de diète qui spéculaient dans l’opinion. On en était là quand l’ancien Secrétaire d’Etat chargé de la Coopération a fait, le weekend end dernier, une sortie médiatique dans laquelle il abordait, d’une part la grève des enseignants et d’autre part, le Petrolegate. Sur ce dernier point, le ministre Bawara, au lieu d’user de son habituel zèle pour aider le gouvernement, a plutôt montré qu’il fait ce service désormais à contrecœur. Bref, sans conviction. L’homme a tout simplement montré qu’il passe un sale temps moral avec le système. Démonstration !

Clarification

Les deux dernières sorties de Bawara ne sont point une reprise de service de cet homme. Loin de là ! Bawara a perdu son grade de porte-parole du gouvernement. Et sa sortie le weekend dernier s’inscrit strictement dans le cadre de la communication imposée par dame Sidemeho à ces ministres pour ses 100 jours à la primature. L’ex samouraï du Prince est donc dans le simple rôle d’un ordinaire ministre au pas de son Premier ministre. Rien d’autre. Pour preuve, on a vu d’autres de ses collègues dans le même exercice toute la semaine dernière sur d’autres médias.

Mais, il est évident que l’homme vuvuzela d’hier a voulu saisir l’occasion de la mission à lui confier par la première ministre pour faire un peu de zèle histoire de faire un pied d’appel au Chef de l’Etat qui, depuis quelques mois, semble prendre ses distances avec lui.

En effet, il nous revient que l’homme est épilé de partout au point de mettre sous éteignoir tous ses groupes de contact qu’il entretenait régulièrement hier. Quelles que soient les apparences Bawara vit des moments qui lui mettent le moral au plus bas.

Mais alors quelle erreur a commis Bawara qui, en plus d’être l’ami samouraï du Prince, est également l’ami particulier d’une des filles préférées de feu Eyadema pour connaitre une telle baisse de grade ? Peut-être le feuilleton qui a conduit au meurtre de son cousin commandant de la Bir, le Colonel Madjoulba en a été pour quelque chose. Mais il se trouve que la vraie trame de ce feuilleton ne nous intéresse point. Passons ! Tout compte fait, la prestation de Bawara, le weekend dernier, sur le petrolegate, a été un service à la Pangloss. De ce philosophe sans conviction dans l’œuvre Candide de Voltaire.

A côté de la plaque

Alors que l’audit commandité par l’État togolais atteste le crime dénoncé par le confrère Alternative assortis de plusieurs recommandations, le ministre Gilbert Bawara, lui, vient de ramer à contre-courant. Ceci, en prenant à contre-pied, tout le travail fait par les inspecteurs d’État.

En effet, pour Gilbert Bawara, il n’y a rien de plus faux que cette affaire. « Si vous examinez le budget de l’Etat, vous ne verrez aucune ligne budgétaire consacré à l’achat des produits pétroliers. Alors, quand on produit un article en donnant le sentiment que l’Etat utilise les deniers publics pour acheter les produits pétroliers, et qu’il y aurait des détournements de ce fait, je dis il n’y a rien de plus faux », a déclaré le ministre. Et de poursuivre : « Naturellement, on ne peut pas exclure qu’il puisse y avoir, parfois des disfonctionnements et des insuffisances ; et des réformes et mesures adéquates sont en cours pour remédier aux disfonctionnements et aux faiblesses qui ont pu être constatés». Cette sortie de Bawara montre par ailleurs une curieuse omniprésence du sujet, malgré la décision de justice censée signer sa fin. Mais non. Au contraire.

Et Bawara enfonça le gouvernement !

En scrutant les déclarations du ministre de la Fonction publique, on comprend que le Pétrolgate, malgré la condamnation, en novembre 2020, par la justice togolaise, du confrère Ferdinand Ayité et son Journal «L’Alternative», lanceurs d’alerte, pour «diffamation» à l’encontre des Adjakly, reste toujours présent dans les esprits. C’est dire donc qu’on ne saurait prétendre cacher le soleil avec la main. Malgré un procès expéditif qui condamne à 8 millions FCFA Ferdinand Ayité et son Journal, c’est clair que ceux-ci ont largement gagné la guerre d’opinion. Le reste n’est donc que subterfuges et distraction qui, malheureusement pour les tenants de ces diatribes, ne sauraient prospérer.

Qu’à cela tienne, Gilbert Bawara, par cette sortie, confirme qu’il n’est pas au mieux de sa forme. Du moins que son cœur et son esprit n’est plus vraiment à la tâche de samourai qu’il jouait avec tant de dextérité hier. Sinon quoique l’affaire ne laisse aucun élément de défense solide et crédible, Bawara au nom de l’ingéniosité qu’on lui connait aurait pu offrir un service plus instruit que les dithyrambiques et alambiqués qu’il a servi dimanche dernier. En estimant que le Pétrolgate n’est que du pure sensationnel, l’ «ami personnel» de Faure Gnassingbé met en difficulté le Gouvernement Dogbe qui a promis gouverner autrement. Ceci, en ce sens que cette déclaration porte à faux contre les résultats de l’audit commandité par le gouvernement.

Haro sur les collaborateurs indélicats

Est-ce une maladresse d’un ministre vuvuzela? De l’indiscipline d’un zélé complexé? Ou du sabotage d’un loup et taupe dans la peau d’un agneau? La question se pose. Tout compte fait, cela relance de plus belle, l’éternel débat sur la pertinence, voire l’utilité des sorties de ministre habitué aux sorties abrancabresques.

Toutefois, à l’heure où le gouvernement Dogbe juge nécessaire d’innover en se dotant de deux porte-paroles, pour soigner la communication gouvernementale, donc l’image du pays, point n’est encore besoin de sortir du «garage» et renvoyer au charbon, «le missionnaire expert en provocation». Ceci paraît plus que préjudiciable pour le nouveau gouvernement qui a juré gouverner autrement.

Source : Fraternité No.388 du 27 janvier 2021

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here