Les troubles enregistrés au Sénégal suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko connaissent depuis ce mardi un recul. Un retour à la vie normale s’observe dans la capitale Dakar et les autres villes du pays. Pour obtenir cette accalmie, le président sénégalais a été contraint de mettre un peu d’eau dans son vin. En 2017, c’est une posture contraire à celle d’un homme d’Etat qu’a adoptée Faure Gnassingbé. Il s’est accroché à ses intérêts au détriment de ceux du pays.

Dans un message à la nation, le 8 mars, le président Macky Sall a appelé ses compatriotes au calme, promettant de faire usage de ses prérogatives pour consolider l’accalmie sollicitée. « Nous sommes une seule famille unie par une histoire qui nous assigne un destin commun », a-t-il déclaré, soulignant que l’Etat viendra en aide aux familles endeuillées et assistera les blessés. En invitant au calme et à la sérénité, il a plaidé pour le dialogue net la concertation. « Taisons nos rancœurs et évitons la logique de l’affrontement qui mène au pire », a dit Macky Sall qui a profité de sa tribune pour s’adresser à la jeunesse. «Je comprends votre inquiétude et vos préoccupations », leur a-t-il assuré.  dit-il.

Entre autres mesures prises au cours de la journée du lundi, l’allègement du couvre-feu sanitaire en vigueur dans certaines régions. Mais la principale décision qui a permis de faire baisser la tension, c’est la libération sous caution de l’opposant Ousmane Sonko. Quelques heures après sa libération, celui qui incarne aujourd’hui l’opposition sénégalaise a salué la bravoure de la jeunesse. Une jeunesse qu’il juge « formidable ». Malgré ses attaques renouvelées envers Macky Sall, Ousmane Sonko a lui aussi appelé à des manifestations pacifiques.

Il est vrai que la crise politique qui vient de s’ouvrir a encore de beaux jours devant elle. Les appels à l’apaisement ne signifient nullement que la tempête est passée. Au contraire, ce vent qui commence soufflera jusqu’en 2024, année des prochaines élections présidentielles au Sénégal. En fond de toile, la probable candidature pour un 3ème mandat de Macky Sall.  Néanmoins, les Sénégalais peuvent se réjouir d’avoir des dirigeants qui savent quel langage tenir et à quel moment.

Cette fierté, les Togolais ne peuvent pas la revendiquer. Et pour cause, le pays a connu une situation pire que celle du Sénégal. Entre 2017 et 2019, le Togo a été secoué par une vague de manifestations contre le régime en place. Des manifestations pacifiques, mais plus grandes que celles qu’a vécues le pays de la Teranga. Pendant plusieurs mois, les populations ont envahi les rues et exprimé leur ras-le-bol de la mauvaise gestion manifeste des ressources nationales. La réponse du pouvoir a été de se lancer dans une répression sanglante. Plusieurs dizaines de personnes y ont perdu la vie, y compris des enfants qui n’étaient pas mêlées aux manifestations. Certains ont vite conclu à une volonté délibérée du pouvoir de nuire.

Au lieu d’appeler à l’apaisement, le régime s’est plutôt employé à réprimer dans le sang l’expression d’un malaise social. Pendant ce temps, tout est fait pour faire croire à l’opinion internationale que rien d’anormal ne se déroulait dans le pays. Alors que les leaders tant politiques que religieux montaient au créneau pour dénoncer les violences et appeler à une résolution pacifique de la crise, Faure Gnassingbé s’est muré dans un silence complice. Il s’est refusé toute sortie médiatique qui aurait pu contribuer à apaiser la tension. Pire, il s’offre une interview dans Jeuneafrique et y tient des propos qui enveniment la situation, accusant les manifestants de brandir des armes et les imams de prêcher la violence. « Ce à quoi nous avons assisté ensuite n’était rien d’autre qu’une tentative de prise du pouvoir par la rue », disait-il à propos des manifestations pacifiques de l’opposition. « Les constitutions disposent pour l’avenir, non pour le passé », répétait-il pour justice son intention de briguer un quatrième mandat en 2020.

Ces propos de Faure Gnassingbé, comparés à ceux de son homologue sénégalais, ne sont pas ceux d’un homme d’Etat. D’ailleurs, il ne l’a jamais été. En fait, la différence c’est qu’au Sénégal, les bases de la démocratie s’efforcent de ne pas disparaître alors qu’au Togo, celles des régimes autoritaires poursuivent leur enracinement pour que vive la dynastie.

G.A. / Liberté N° 3344 du 10-03-22

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