Photo : Fraternité


Au Togo, tous les moyens sont désormais bons pour sortir de la précarité. Même en jouant subtilement avec le nom de Dieu. C’est ce qu’il convient d’affirmer, au regard de la montée en puissance d’une catégorie d’hommes qui se prévalent de Dieu. Ces derniers, dans leur imagination fertile, ont semblé trouver la bonne formule. Allier parfaitement religion et politique, quitte à se faire un nom, puis une renommée intéressée. Bref, un business religieux qui a le vent actuellement en poupe au pays de Faure Gnassingbé.
La crise sociopolitique qui secoue actuellement le Togo fait bien le lit à des vendeurs d’illusions qui y vont de leurs stratégies. Les unes aussi innovantes que les autres. De révélations en révélations, et de prêches en prêches, ces derniers, se passant des prédicateurs, prophètes, évangélistes ou encore pasteurs développent, au gré de l’actualité sociopolitique, des stratégies parfois très «réfléchies» dans le but de mieux convaincre, puis attirer l’attention des personnalités sociopolitiques.
De l’évangélisation à la politique
Il est très courant de les voir pavaner de médias en médias pour partager leurs différentes révélations «divines» sur le Togo. Certains font désormais de leur mission première, l’évangélisation, une seconde. Ceci, au profit de la fonction de consultants ou d’analystes politiques. Le cas du Pasteur Yohanes Bavon en est illustrateur. D’autres encore, pour mieux se faire écouter par leur cible, ont réussi à créer des associations œuvrant notamment dans le cadre de la citoyenneté, du civisme et de la culture de la paix. Pour certains encore, ils organisent périodiquement, dans leur temples et lieux de culte, des veillées de «prières spéciales» et de «purification» du Togo, assorties de recommandations essentiellement destinées, soit au Chef de l’Etat, soit au Premier ministre, aux ministres, aux parlementaires ou aux différents responsables des institutions de la République.
Attention, de gangsters religieux prennent le pouvoir
La précarité indescriptible dans laquelle la majorité des togolais sont plongés jouant en faveur de ceux-ci, rien ne semble plus les arrêter ces faux prophètes dans leur course effrénée pour non seulement berner les populations, mais aussi et surtout, faire du business religieux derrière le nom de «Dieu». «Je suis le Prophète du dernier temps. Dieu m’a révélé que Faure Gnassingbé est l’homme idéal pour le Togo. Il est là pour un temps indéterminé et fera de ce pays, un royaume qui est prévu par le Créateur », nous a confié Ananou, un septuagénaire. Et de poursuivre: « Dieu m’a envoyé délivrer un message au Président Faure. Mais depuis 2012, toutes mes tentatives sont vaines ».
A l’image de celui-ci, ils sont donc plusieurs à Lomé à s’introduire sur le terrain politique, à glisser le nom du Chef de l’Etat dans leur «prophétie», au point même d’aller à la chimère et au blasphème, au nom de la politique du ventre. «Mission de Dieu pour le Président Faure Essozimna Gnassingbé», lit-on sur l’enseigne d’un temple à Lomé qui dit avoir pour mission de «soutenir mordicus, dans la prière, dans l’intercession, le Président de la République…». La dernière en date de ces absurdités religieuses est une sorte de blasphème émanant d’un regroupement sectaire de «chrétiens» qui dit ne jurer désormais que par Yohanes, celui qu’ils décrivent comme «l’envoyé de Dieu» au Togo pour sauver l’humanité. Mais avant, certains de ces «Hommes de Dieu» n’affichent nullement de comportements dignes de leur statut. Adultère, fortification et escroquerie… voilà autant de tares qu’exposent au quotidien ces derniers, qui polluent, de fait, le paysage culturel et religieux du pays.
Des émissaires politiques déguisés ?
Depuis mardi, cette sortie qui s’apparente à l’apostasie suscite curiosité et interrogations. Si d’aucun s’en réconfortent, évoquant la confirmation des actes antichrist tels que décrits par la bible à l’approche du dernier temps, donc la prédiction de la fin du monde, d’autres, par contre, se questionnent encore le réel motif d’une telle démarche à la limite blasphématoire. Surtout quand ces individus qui rejettent Jésus-Christ se réclament, pourtant de la «famille chrétienne». Mais une analyse croisée de la situation fait resurgir derrière ces agitations, l’éventualité d’une main politique.
Ceux-ci développent l’argumentaire selon lequel une chasse aux sorciers est faite à l’encontre de ces pasteurs et prophètes des temps modernes comme le Pasteur Komi Edoh et le Prophète Maranatha qui ne caressent pas très souvent dans le sens du poil, les autorités togolaises, tandis que certains dont la prophétie arrange le sommet de l’Etat excellent, eux, librement dans leurs missions. Y a-t-il vraiment anguille sous roche ? L’on ne le saura le dire avec exactitude.
Vite prendre le taureau par les cornes
Qu’à cela ne tienne, l’autorité a l’impérieuse obligation de vite réagir pour arrêter le massacre. La liberté de religion et de culte ne doit pas amener des individus à jouer ni avec la foi de leurs concitoyens, ni avec la Providence. Renier Jésus-Christ au profit d’un certain Yohanes, est une véritable bassesse et Faure Gnassingbé ne doit pas laisser le Togo devenir terreau fertile à une telle amnésie, comme c’est le cas au Bénin où une femme se fait passer pour l’incarnation du Dieu suprême. Ceci, sous le regard et le silence coupables du gouvernement. Au nom du respect de l’autorité étatique, ces faux prophètes qui inondent le pays à des fins purement intéressées doivent être remis à leurs places.
Cyrille Pessewu
Source : Fraternité
 

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