La création d’un parti propre à Faure Gnassingbé était annoncée depuis plusieurs mois, même si cela ne venait pas du concerné lui-même. La presse togolaise, dont Liberté en avait  abondamment parlé et les inconditionnels de l’ « Esprit nouveau » avaient mis cela sous le coup des allégations mensongères. « La Lettre du Continent » y est allé de sa touche, et de  citer Ingrid Awade des Impôts  comme la conductrice en chef du projet. 

 
On le voyait d’ailleurs venir, avec les péripéties de la campagne électorale de Faure Gnassingbé lors de « l’élection la plus transparente du Togo» du 4 mars 2010 de Son Excellentissime Patricia Hawkins. Les indiscrétions le disaient vouloir s’affranchir du joug Rpt et se présenter à ce scrutin sous le manteau de candidat indépendant. Cela avait même coûté des quolibets aux organes qui l’avaient annoncé. Mais comme par hasard, la campagne électorale du candidat du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) était moins « Rptisée ». Seul l’épi de maïs figurait sur quelques enseignes et banderoles. Et Faure s’était fait entourer d’une myriade d’associations qui se réclamaient juste fans de lui, et non du Rpt. Si habituellement c’est le parti qui gérait les campagnes de son candidat, cette fois-ci il a été déshérité par les meneurs de ces fans clubs de Faure Gnassingbe.
 
Jusque-là le « Leader nouveau » lui-même, fidèle à son mutisme légendaire, reste à l’écart de ces « spéculations » le donnant vouloir créer son propre parti. Et c’est encore l’une de ses « supporting club » qui prend le devant des choses et réclame cela. Il s’agit du Mouvement de soutien à Faure (Msf), que des indiscrétions ont même entre-temps signalé déjà sur le terrain  en train de préparer les esprits à rallier le futur parti et recruter les candidats de Faure pour les législatives de 2012. Le Mouvement a fait dimanche passé une sortie publique pour requérir ouvertement à Faure Gnassingbé la création d’«un nouveau parti politique au Togo qui traduise suffisamment, les idéaux de paix et de développement du chef de l’Etat ; un parti qui formera avec les autres qui partagent ces valeurs, une Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) ». « Beaucoup de personnes, cadres, artisans, paysans de divers partis d’opposition soutiennent le président Faure pour sa politique et non pour son parti (le RPT, ndlr); d’autres ont quitté l’opposition et ne pensent pas adhérer au RPT. Toutes ces personnes n’ont pas de cadre où elles peuvent évoluer », souligne le Coordinateur général du MSF, Katanga Poro, et d’ajouter : «Il est nécessaire de disposer d’une plate-forme pour canaliser toutes les bonnes volontés afin de donner au président Faure Gnassingbé une majorité aux prochaines législatives ».
 
Un (simple) mouvement de soutien appeler son idole à créer un parti politique alors qu’il en a déjà et où il a été bercé, c’est trop beau pour être conçu tout aussi simplement. Il s’agissait en fait d’un ballon d’essai pour tâter le pouls du terrain, et mieux encore, d’une pré-annonce officielle, avec la bénédiction certaine de l’intéressé lui-même. Et comme par hasard, cette sortie semble booster les choses. Puisque les cadres du parti sortant (sic) de Faure se réunissent en conclave aujourd’hui à Kara, et au menu, la dissolution du Rpt. Ce qui devrait siffler de facto la création de celui de l’ « Esprit nouveau ». Le nom, le bureau, l’emblème, bref tous les attributs du nouveau parti devraient être déjà décidés. Et l’annonce officielle devrait suivre sans tarder cette dissolution. Mais quelle est donc l’utilité de créer un parti à soi quand on est presque au terme de son second et dernier mandat légal ?
 
C’est la question qui triture les méninges des observateurs avisés. Une interrogation plus que légitime quand on sait que Faure Gnassingbé est à moins de quatre (04) ans du terme de son second quinquennat légal et légitime. « C’aurait été juste à son avènement au pouvoir ou quelque mois ou années après que l’on comprendrait. Vouloir se défaire du parti à qui on doit tout et créer le sien propre à moins de quatre ans de son second et dernier mandat, cela cache mal des ambitions. Faure Gnassingbe n’est donc pas dans la disposition d’esprit de vider le plancher en 2015, sinon il ne se donnerait pas toute cette peine. Le Fils est parti pour s’accrocher au pouvoir ; en tout cas pour faire plus des dix ans attendus », croit dur comme fer un acteur politique. Ce qu’un observateur renchérit presque : « En réalité en l’état actuel de la Constitution, la mouture issue du tripatouillage éhonté du 5 février 2005 suite au décès d’Eyadema, Faure peut faire autant de mandats qu’il veut ; ses affidés diront que c’est légal. Mais comme l’Apg a recommandé des réformes de la Constitution, il serait dans la disposition d’esprit de le faire. Un journal révélait le scénario entre-temps ; après la modification qui va ramener le nombre de mandats à deux, dans le camp de Faure on va brandir l’argument de la non rétroactivité de la loi. Dans  cette logique les contestataires d’une autre mandature de Faure au pouvoir se verront cracher à la face que les deux quinquennats successifs (2005-2010 et 2010-2015 ) ne doivent pas être considérés et que les compteurs doivent être remis à zéro. Ce serait ainsi parti pour une autre série de dix ans. Les Togolais devront alors le supporter jusqu’en 2025, et Dieu seul sait s’il partira librement au terme de ces deux mandats supplémentaires ».
 
Voilà qui est dit. En tout cas il urge de s’interroger sur les réelles motivations de la création d’un parti estampillé Faure Gnassingbé.
 
Tino Kossi
 
source: liberté hebdo togo

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