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« Il y a des causes qui rassemblent, au-delà des clivages partisans, et qui font que les partis ne représentent plus rien » (Laurent Gbagbo)

Les acteurs politiques ivoiriens se vouent une haine implacable. Ils se détestent à mort. Autant ils se livrent à une guerre sans merci, autant ils sont capables de se surpasser pour faire front contre l’adversaire commun. C’est à ce scénario incroyable qu’on assiste actuellement en Côte d’Ivoire dans le cadre du processus électoral du 31 octobre où les ennemis d’hier, Henri Konan Bédié, Guillaume Soro et Laurent Gbagbo notamment se sont regroupés au sein d’une coalition de l’opposition et ont appelé les ivoiriens à se mobiliser dans la rue pour faire barrage à la candidature d’Alassane Dramane Ouattara.

La décision du président Ouattara de se présenter à un troisième mandat a sonné l’élan patriotique des principaux leaders de l’opposition qui, hier encore, se regardaient en chiens de faïence.  « Il y a des causes qui rassemblent, au-delà des clivages partisans, et qui font que les partis ne représentent plus rien. Il y a des causes qui, par elles-mêmes, amènent la recomposition du paysage politique (…) Nous sommes en train de faire la recomposition du paysage politique derrière les bannières de la patrie », disait Laurent Gbagbo.

Comme quoi, rien ne vaut l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. Devant des causes nobles, il faut taire les divergences et dissensions, les intérêts égoïstes et partisans pour avancer. Les politiques ivoiriens savent si bien le faire. 

Il y a quelques mois encore, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro filaient le parfait amour au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). En 2005, Henri Konan Bédié le Sphinx et Ouattara créèrent une alliance à Paris contre Laurent Gbagbo. Les deux alliés avaient conquis et exercé le pouvoir en 2011, ensemble avec Guillaume Soro qui, alors Premier ministre de Laurent Gbagbo, avait fait faux bond à ce dernier au temps fort de la crise électorale de décembre 2010 pour rejoindre le camp de Ouattara. Soro sera nommé Premier puis devient Président de l’Assemblée nationale. Le Sphinx, lui, dirigeait la conférence des présidents du Rhdp.

Mais en 2018, face à de profondes divergences, face au projet du parti unifié, Henri Konan Bédié rompt son alliance avec Ouattara. Un an plus tard, c’est au tour de Guillaume Soro, alors président du parlement à qui on prêtait des ambitions présidentielles, de s’opposer à la mutation de la coalition au pouvoir en un grand parti unifié et de rendre son tablier. Il claque aussi la porte du Rhdp.

En 2002, pendant la présidence de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro organisa une rébellion qui a contrôlé la moitié nord de la Côte d’Ivoire. Une rébellion soutenue militairement par Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo lors de la crise post-électorale meurtrière de 2010-2011.

Voilà comment les alliances se font et se défont en Côte d’Ivoire selon les intérêts. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Henri Konan Bédié qui se sont violemment affrontés par le passé, forment une union sacrée contre Alassane Ouattara. « Personne ne s’attendait à ce que ces trois hommes qui se sont combattus ces vingt dernières années sans répit, puissent s’entendre aujourd’hui sur une plateforme minimum. Le retournement de situation est spectaculaire », estime Mondafrique.com.

Si cette « ingéniosité » ivoirienne pouvait inspirer certaines oppositions programmées avec une régularité déconcertante à perdre dans la région ouest-africaines, les régimes tyranniques et dynastiques auraient vécu.

Médard AMETEPE / Liberté Togo

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