Caricature : Donisen Donald / Liberté
Caricature : Donisen Donald / Liberté

« Il se sent esseulé dans une contrée inconnue, livré à des dangers qu’il ignore et auxquels il ne peut parer » (Hippolyte Taine)

Le troisième mandat forcé du Führer ivoirien, Alassane Ouattara est devenue une arête dans sa gorge. Désavoué par son peuple et lâché par ses soutiens internationaux, ceux-là même qui l’ont intronisé il y a 10 ans et lui ont accordé protection après avoir fait la guerre à Laurent Koudou Gbagbo, Ouattara, l’homme qui aime trop le pouvoir est dans une situation peu confortable.

Le président ivoirien est de plus en plus esseulé. Il a chaud devant…et derrière. Ouattara doit autant prendre garde à un peuple révolté qui le considère comme la cause de leur malheur pour avoir mené la rébellion en 2002 et la guerre en 2011 qui ont fait des milliers de morts, qu’à une farouche opposition de son ancien allié Guillaume Soro à l’avant-garde de la lutte qui lui pourrit la vie, ainsi qu’à la désaffection de son principal soutien et protecteur, la France.

Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre de Ouattara que ce dernier a écarté du jeu politique à travers le harcèlement judiciaire, se pose comme son principal opposant et déclenche le branle-bas de combat. Il a donné le ton suite au rejet de sa candidature à la présidentielle par le Conseil constitutionnel, en annonçant une nouvelle étape du combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire. « Elle sera âpre, mais nous la gagnerons sans aucun doute », assurait-il. Il est revenu à la charge en martelant qu’« Alassane Ouattara ne sera pas le prochain président de la Côte d’Ivoire». Il annonce une unicité d’action des leaders de l’opposition Henri Konan Bédié, Affi N’guessan et Laurent Gbagbo pour contrecarrer les plans machiavéliques du Führer ivoirien.

Contrairement à Ouattara, Guillaume Soro ne manque pas de soutiens dans ce combat déclaré. D’abord, c’est la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) qui désavoue les autorités ivoiriennes en sommant l’Etat ivoirien de « lever immédiatement tous les obstacles empêchant Guillaume Soro de jouir de ses droits d’élire et d’être élu, notamment lors de la présidentielle d’octobre 2020 ».

Comme pour ne rien arranger à la situation de l’autocrate ivoirien, l’Union Européenne entre dans la danse et met un peu plus la pression sur Abidjan. Le Haut Représentant de l’Union Européenne dit afficher « son attachement aux principes d’inclusivité, de liberté d’expression, de transparence, de respect de droit et des éventuels mécanismes indépendants d’observations, nécessaires pour assurer un scrutin aux résultats crédibles et acceptés par tous », toutes choses qui font défaut dans le processus électoral conduit par Ouattara avec des institutions partiales, partielles et partisanes à ses ordres. L’UE s’est aussi prononcée sur la décision de la Cour Africaine des droits de l’homme et « rappelle son attachement au respect de la justice internationale ». En clair, l’institution européenne appelle au respect de la décision de la CADHP.

Plus dur encore pour Alassane Ouattara, nouvelle figure notoire de la Françafrique, il n’est plus visiblement dans les bonnes grâces des autorités françaises. Il est en froid avec Emmanuel Macron qui, à en croire Guillaume Soro, est clairement opposé au 3ème mandat et le lui a clairement signifié lors de leur rencontre le 4 septembre à l’Elysée.

Aujourd’hui, au sein de l’opinion ivoirienne et à l’étranger, l’ancien rebelle Guillaume Soro apparait comme celui qui mène le bon combat pour sauver la démocratie en Côte d’Ivoire pendant qu’Alassane Ouattara, à cause de sa boulimie du pouvoir, est perçu comme le bourreau, le prédateur de cet idéal démocratique et qui précipite inexorablement la Côte d’Ivoire vers le chaos. Même si Ouattara parvient à opérer un hold-up et à s’imposer aux Ivoiriens, ce 3ème mandat sera difficile pour lui à assumer.

Médard Amétépé

Liberté N°3236 du Lundi 21 Septembre 2020

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