Le régime manifeste des signes de malaise. Pour avoir prophétisé le départ de Faure Gnassingbé, le prophète Esaïe Dékpo est détenu au SCRIC. Le confrère Ahadji Komlan qui a été interrogé est, lui, accusé de complicité pour avoir couvert la conférence de presse du religieux.

L’actualité récente et actuelle du Togo a trait à la présidentielle du 22 février 2020. Les 11 et 12 septembre 2020, des manifestations pacifiques synchronisées ont eu lieu à Paris, New-York, Berlin, Bruxelles et Lagos pour exiger la vérité des urnes. Les compatriotes de la diaspora ont ainsi donné de la voix pour dénoncer, une fois de plus, la dictature cinquantenaire des Gnassingbé. A l’occasion de ces manifestations, certaines ambassades, à l’instar de celle de Paris, ont fermé leurs portes. « En vue de procéder aux réglages techniques de ses différents services, l’Ambassade de la République Togolaise en France reste fermée au public notamment aux usagers toute la journée du vendredi 11 septembre 2020 », a communiqué l’ambassade.

Outre ces manifestations qui se sont déroulées hors du pays, à l’interne, les services de sécurité sont mis en branle et alimentent le débat sur l’élection arrachée de force par Faure Gnassingbé. Lundi, le prophète Esaïe Dékpo a été longuement entendu par le Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) de la Gendarmerie nationale. Il y a été gardé pour, avons-nous appris, être présenté au Procureur de la République. Mardi, il y a passé sa deuxième nuit de garde à vue sans avoir été présenté au magistrat qui serait indisponible. Selon les informations, il lui est reproché d’avoir prophétisé le départ du pouvoir de Faure Gnassingbé et l’accession au pouvoir du candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro. Sa proximité avec Agbéyomé Kodjo en serait également pour quelque chose.

Mais le dérapage dans cette affaire, c’est que des journalistes, pour avoir couvert la conférence de presse du prophète Esaïe soient convoqués pour être entendus. Hier, le confrère Ahadji Komlan, Responsable du site d’information « Echos de Bè » a été lui interrogé puis libéré dans la soirée. A en croire certaines sources, le SCRIC accuse le journaliste de complicité avec le prophète Esaïe. En quoi la couverture de la conférence de presse d’une personnalité religieuse constitue-t-elle une complicité ? La liberté de presse est en danger au Togo, et cette accusation portée contre le confrère ne fait que le confirmer.

A n’en point douter, tous ces actes posés par le régime en place constituent des manœuvres d’intimidation à l’endroit de ceux qui, depuis le 22 février 2020, réclament le pouvoir et la vérité des urnes. En réalité, le fils d’Eyadéma est simplement dérangé par toute action de dénonciation de son pouvoir en général et, en particulier, de sa victoire contestée à la dernière élection présidentielle. C’est la raison pour laquelle, avant de procéder à la libération d’Agbéyomé Kodjo et ses collègues, le Doyen des juges d’instruction a pris le soin de leur faire des restrictions, notamment l’interdiction formelle de remettre en cause les résultats officiels de l’élection présidentielle. Faure Gnassingbé est hanté par tous ceux qui dénoncent sa présidence.  A raison.

Par rapport à la prophétie donnée par le prophète Esaïe, nous estimons que si Faure Gnassingbé se reconnaît réellement des qualités de chrétien, il devrait se tourner vers Dieu. A défaut, il peut faire appel au Pape François qui le connaît bien pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises afin que ce dernier intercède en sa faveur. Il peut également recourir à ses conseillers spirituels de prier pour lui, et Dieu fera le reste. Sa fonction de chef d’Etat ne l’en empêche pas. Mais s’en prendre à des journalistes ne fera que l’affaiblir davantage.

Quant au prophète Esaïe, il constitue pour Faure Gnassingbé le moindre mal. Ses propos sont moins poignants que ceux de l’Archevêque émérite de Lomé, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro. Mais en fait, le prophète Esaïe semble une proie facile, ne disposant de la couverture d’aucune entité politico-religieuse de taille comme le Vatican. Après tout, les faibles ne s’attaquent qu’aux faibles parce que n’ayant pas la possibilité d’oser chasser des proies redoutables.

G.A. / Liberté Togo

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