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Frank Djokoto Dovi Sessou, Consul honoraire de la Turquie au Togo, se trouve sous les verrous depuis le 20 janvier dernier. Il est déféré à la prison civile de Lomé pour faux et usage de faux, suite à une plainte des sieurs Badjabaissi Mèvèyinoyou et Marius Kpossi.
 
L’affaire remonte au 2 décembre 2015, jour où monsieur Badjabaissi Mèvèyinoyou, Directeur général d’une société fait le dépôt de demande d’obtention de visa d’entrée en Turquie pour rencontrer ses partenaires. Le demandeur a rempli un formulaire sans rature, apposé sa signature et s’est acquitté des frais de demande qui s’élèvent à 145 000 F CFA. Il devrait être en possession de son visa les 10 jours suivant le dépôt. Mais tel ne fut le cas, et la suite a été une histoire de mensonges, de faux et usage de faux tel que nous renseigne la plainte en fac-similé.
 
Lassé des mensonges et autres fuites en avant du Consul, le demandeur dépose une plainte. Le Procureur de la République saisit le ministre de la Justice qui à son tour, instruit ce dernier d’ouvrir une enquête judiciaire contre le mis en cause. (Lettre du ministre de la justice en fac-similé).
 
Interpellé par le Service de Recherche et Investigation ( SRI ), le PDG de Djocotrans-Siloe, Consul honoraire de la Turquie au Togo, Frank Djokoto Dovi Sessou, reconnaît avoir fait du faux et usage de faux. Il décrit la méthode utilisée et finit par reconnaître les faits comme l’indique le PV de son audition (fac-similé). Selon plusieurs témoins, le fameux Consul honoraire de la Turquie décrit n’est pas à son premier coup. Plusieurs personnes affirment avoir été victimes. Non seulement elles n’ont jamais obtenu les visas mais en plus le retrait des passeports et des frais de demande a souvent été un parcours de combattant.
 
Décrit comme un homme souvent brutal avec ses employés, Frank Djokoto Dovi Sessou prend généralement plaisir à faire poireauter dans la salle d’attente de son bureau des personnes venues faire des réclamations pendant des heures. Son arrestation dans cette affaire de faux et usage de faux relance le débat sur les fameux Consuls Honoraires qui ont poussé au Togo comme des champignons.
 
Consul Honoraire : un nid de faussaires
 
«En dehors des consulats et consulats généraux, il existe des agences consulaires dont la responsabilité est confiée à des consuls honoraires, qui ne sont pas des diplomates professionnels et peuvent être nationaux du pays d’envoi ou du pays de résidence. Ils poursuivent leur activité professionnelle principale et ne reçoivent qu’une subvention pour couvrir tout ou partie de leurs frais.
 
Ils permettent en particulier de maintenir un contact plus étroit avec leurs compatriotes. Leurs compétences sont réduites par rapport à celles des consulats et consulats généraux de plein exercice, dont ils dépendent, car, en tant que bénévoles, ils ne peuvent exercer des attributions qui engageraient leur responsabilité. Leur fonction principale est la protection et l’assistance au bénéfice des ressortissants de leur pays et, en raison de leur connaissance du terrain, ils peuvent plus facilement intervenir auprès des autorités locales. Ils possèdent la prérogative de délivrer certains documents et en perçoivent les droits de chancellerie.
 
L’inviolabilité des documents et archives consulaires est assurée au même titre que pour les consuls de carrière, sous la seule condition d’une identification précise évitant la confusion avec la correspondance privée. Ils bénéficient aussi de la part de l’État d’accueil de la même protection, ainsi que de l’exemption fiscale et douanière dans le seul cadre de leurs activités consulaires », nous renseigne Wikipedia.
 
Au Togo, ils sont nombreux à se bousculer pour obtenir le titre de Consul Honoraire. Le processus est généralement long et rigoureux sur le papier, mais dans la pratique et avec la corruption rampante, certains arrivent à obtenir le sésame en un temps record. Alors munis de leurs privilèges, intégrés dans la grande cour des diplomates, ils s’adonnent à toutes les activités douteuses. Parmi les Consuls Honoraires au Togo, il y en a qui font certainement bien leur boulot avec rigueur et honnêteté. Mais il en existe qui ont juste obtenu le titre pour faire du faux et couvrir leurs activités illicites.
 
Il y a trois ans, un certain Mawutoe d’Almeida, Président du MOCEP, un parti politique proche du pouvoir, Consul Honoraire de la Corée du Sud au Togo, a été déféré à la prison civile de Lomé pour avoir escroqué une dizaine d’étudiants dans une affaire de visas et de bourses pour la Corée du Sud. Après plusieurs mois passés à la prison et suite à des tractations, il a recouvré la liberté. Depuis, il a disparu de la circulation. Des sources le signalent au Gabon. Quant à son consulat sis à Agbalépédo, il a été depuis fermé.
 
Outre le sieur Djokoto Frank Dovi Sessou, on évoque souvent le cas d’un autre Consul Honoraire d’un pays proche de l’Inde qui excelle dans les trafics de tous genres, notamment le bois. Bénéficiant généralement de la caution de certains barons et hommes politiques du pouvoir, il opère sans aucune inquiétude. Ses appuis dans le faux et les activités douteuses sont parfois au sommet de l’Etat.
 
Il y a quelques semaines, un décret pris en Conseil des ministres a évoqué des pistes pour un meilleur contrôle du passeport diplomatique togolais. Il faudra également revoir le processus de délivrance du statut de Consul Honoraire afin d’éviter que des individus sans foi ni loi ne s’infiltrent dans le très respectueux corps des diplomates. Il y va de la crédibilité du Togo vis-à-vis des pays en question parce qu’on ne peut pas délivrer un statut de Consul à des individus qui passent à tabac leur conjointe, tentent de violer leur secrétaire, mènent des activités douteuses, bref n’ont aucune moralité.
 
La Turquie est un pays, mieux, une puissance respectable qui entretient des relations très poussées avec le Togo. Que le Consul Honoraire de ce respectueux pays se livre au faux et usage de faux, cela n’honore pas cette nation.
 
Vivement qu’un ménage soit fait dans ce nid de faussaires afin que les bandits en col blanc ne profitent de leur statut pour arpenter les couloirs des grandes institutions de la République.
 
source : L’Alternative
 

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