Plus de 700 hectares sont convoités pour le recasement des populations d’Adétikopé. Des confusions sont relevées dans le décret pris a cet effet. Outre ces confusions, les populations dénoncent les arnaques, les violations des textes ainsi que les menaces et intimidations dont elles sont victimes. Elles en appellent à Faure Gnassingbé.

Après plusieurs mois de lutte contre une décision qu’elles estiment, à raison, malvenue, les populations de Kpomé (préfecture de Zio) franchissent un nouveau palier. Elles ont adressé, le 05 mars 2020, une requête à Faure Gnassingbé. Elles y contestent la mise en œuvre erronée du décret 2020-066/PR déclarant d’utilité publique et autorisant les travaux d’aménagement de site de recasement des expropriés des zones d’extension du parc industriel d’Adétikopé. Cette contestation est due au fait que l’article 1er dudit décret parle de Dalavé-Akadjame. Or, soutiennent-elles, « aucune localité dans le ressort territorial de la commune de Zio1 ne s’appelle « Dalave-Akadjame ». La seule localité qui a le nom d’Akadjame est Kpome-Akadjame ».

A priori, on peut estimer que Dalavé-Akadjamé est une même localité, mais en réalité, Dalavé est un  canton de la préfecture du Zio, au même titre que le canton de Kpomé qui abrite le village de Akadjamé. Néanmoins, Akadjame et Dalavé ne sont pas des localités situées l’une à côté de l’autre. Si tel était le cas, cette confusion créée par le décret se comprendrait. Pour les populations de Kpomé, cette confusion dont elles ignorent les mobiles est d’autant plus étonnante qu’ayant occupé la majeure partie des terres de Kpomé pour l’exploitation des phosphates, l’Etat togolais est censé connaitre les lieux. « Nous sommes donc très surpris de cette erreur monumentale », s’indignent-elles. Et de dénoncer une autre erreur aout aussi grave qui a consisté à déterminer, conformément à l’article 2 du même décret, « des noms de propriétaires et de limitrophes du domaine convoité qui ne répondent à aucune réalité dans le cadre de l’occupation du terrain en question ».

Confusion sur la localité ainsi que sur les noms des propriétaires terriens et leurs limitrophes. Mais ce n’est pas tout, une arnaque a été organisée à la Présidence de la République pour présenter au chef de l’Etat des individus qui n’ont aucun lien avec les populations de Kpomé. C’était le 07 octobre 2020. « Nous nous sommes rendus à la présidence de la République pour nous entendre dire que nous ne sommes pas répertoriés sur la liste des personnes invitées à cette occasion. Il en est résulté que d’autres personnes se prétendant faussement propriétaires, se sont présentés au chef de l’Etat en lieu et place des populations de kpomé, véritables propriétaires du domaine objet du projet d’expropriation », rappellent les populations.

S’en sont suivies, la lettre adressée à Faure Gnassingbé le 08 octobre 2020, les rencontres du 26 octobre et du 02 décembre 2020 avec des ministres mandatés par le chef de l’Etat. Des propositions de délocalisation du projet d’expropriation vers une réserve administrative et un domaine sis entre Kpomé et Dalavé ont été faites. Comme réponses à ces propositions, « ce sont des menaces de tous genres et des intimidations qui nous sont parvenues de la part du préfet, des autorités d’Agoè-Nyivé, et du président du comité technique d’expropriation ». D’autres formes de violences et des violations des textes régissant l’expropriation ont été rapportées dans la lettre adressée au chef de l’Etat.

Si les populations de Kpomé refusent de céder leurs terres, c’est parce qu’elles ont été les grandes victimes de l’extension des carrières de phosphates. « La situation actuelle de Kpomé est d’autant plus déplorable que par le passé, les terres de ladite localité ont été réquisitionnées par l’Etat sans qu’il y ait une juste compensation et le respect des conditions prévues à cette occasion », martèle-t-on à Kpomé.  Elles dénoncent que la loi 2011-008 du 05 mai 2011 relative à la contribution des entreprises minières au développement local et régional qui a déterminé les retours nécessaires de l’expropriation des terres de Kpomé n’a jamais été prise en compte pour le développement du grand Kpomé alors même que la plus grande partie des terres a été prise par l’Etat togolais pour l’exploitation des phosphates.

Aussi, rappellent les populations, les ristournes d’un pourcentage de 0,75% des revenus totaux des sociétés exploitant les phosphates de leur sous-sol n’ont jamais servi dans les œuvres sociaux communautaires dans leurs milieux comme cela devrait l’être. Il en est de même des contrats d’engagement entre les sociétés exploitant le phosphate et les collectivités locales, des contrats qui ne se sont jamais traduits dans la réalité. La conséquence de cette situation est que la majeure partie des populations de Kpomé a dû quitter la localité, privée de terres et donc de ressources. « Face à cette situation, il est indispensable que le projet d’expropriation des terres de Kpomé qui est actuellement sur le tapis soit revu et que ladite expropriation soit réorientée vers d’autre endroits du territoire national que Kpomé qui n’a pratiquement plus de terres pour l’extension de ses villages de même que de terres cultivables aujourd’hui. A défaut, les populations de Kpomé qui sont de plus en plus asphyxiées seront vouées à la misère et leur village n’aura plus rien pour vivre décemment, ainsi que des places habitables », ont écrit les populations de Kpomé. Vivement que leurs cris soit entendus.

G.A. / Liberté N° 3345 du 11-03-21

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