Communiqué :

 
A bas la tentative d’enlèvement et les actes de violence dont j’ai été victime et les rafles d’innocents citoyens par la Gendarmerie nationale aux quartiers Hanoukopé, Kodjoviakopé et Kodomé à Lomé, au soir du jeudi 14 juillet 2011
 
Je tiens à dénoncer et à protester avec la plus grande vigueur contre l’inqualifiable violence et la tentative d’enlèvement dont j’ai été victime ainsi que les rafles, actes de violences et vols opérés par les éléments de la Gendarmerie et de la Police nationales à l’encontre des innocentes populations des quartiers de Hanoukopé, Kodjoviakopé et Kodomé, dans la soirée du jeudi 14 juillet 2011, à Lomé.
 
Voici les faits :
 
Ce jeudi 14 juillet 2011, aux environs de 21H 30, alors que je rentrais tranquillement chez moi, dans mon propre quartier de Hanoukopé, à Lomé, venant de chez des amis habitant à environ 300m de mon domicile, j’ai vu avancer vers moi deux agents portant le treillis bleu des forces de sécurité (Gendarmerie, Police) dans la rue longeant, côté Ouest, le terrain de football du Marché au charbon du même quartier.
 
C’est alors qu’ils arrivaient à mon niveau, que je me suis rendu compte que leur progression suscitait un sauve-qui-peut général chez tous ceux qui passaient dans les environs.
 
Cet endroit a toujours été très fréquenté le soir en raison de la localisation d’un bar célèbre situé en face du siège du parti politique CDPA où les citoyens de la ville de Lomé aiment venir se détendre au grand air le soir, sur la dalle d’un terrain de hand-ball.
 
N’ayant rien à me reprocher, j’allais dépasser les deux agents lorsqu’ils se jetèrent sur moi sans rien me demander, me saisissant par les bras pour me traîner de force, comme un vulgaire bandit, vers les rails, côté Est du terrain de football, tout en me disant de les suivre sans leur résister.
 
Surpris par la soudaineté et la brutalité de leur comportement, je répliquai en leur disant que, s’ils étaient en train de faire un contrôle d’identité, j’avais ma carte d’identité sur moi donc qu’ils me laissent la leur présenter.
 
Leur seule réponse fut de me dire que lorsqu’on arrivera à « la voiture là-bas », je pourrai leur montrer ma carte. Ce fut alors que j’aperçus, au loin, garé le long de la voie de chemin de fer, une fourgonnette de l’« Opération Araignée » de la Gendarmerie et de la Police nationales.
 
Je me laissai alors entraîner, sans résister, jusqu’au véhicule où je voulus sortir ma carte pour confirmer mon identité et bien montrer que j’étais un habitant du quartier, le nom du quartier et la rue de mon domicile y figurant naturellement.
 
Ce fut alors que tous les agents qui entouraient le véhicule refusèrent que je leur montre ma carte d’identité et me sommèrent, de façon menaçante, de monter dans le véhicule, me disant que j’irai leur montrer ma carte « là-bas, à la Gendarmerie ». Choqué par cette réponse, je répliquai que je ne comprenais pas leur exigence, leur rappelant qu’ils avaient tout à fait le droit de me soumettre à un contrôle d’identité et qu’à partir du moment où j’étais prêt à leur montrer ma carte, ils ne pouvaient pas refuser de la voir. Pour toute réponse ils répliquèrent : « Mon ami, monte seulement, sinon on va te faire monter de force ! »
 
A peine me suis-je mis à protester qu’ils se jetèrent sur moi, m’empoignant, qui par la jambe, qui par le bras, pour tenter de me soulever du sol pour me jeter dans la camionnette.
 
Devant ces voies de fait, je résistai, m’agrippant à une barre du véhicule, décidé que j’étais à ne pas me laisser faire devant cet enlèvement manifeste.
 
Ce fut alors que l’un d’entre eux s’apprêtait à me frapper de sa matraque que je leur notifiai mon accord de prendre place à bord du véhicule. Une fois assis sur le banc à l’intérieur, je demandai à parler à l’officier qui commandait le détachement. N’étant pas très loin, il s’approcha et je lui réitérai ma demande de lui montrer ma carte d’identité. Ce fut le même refus et la même réponse : « On verra ça à la Gendarmerie ».
 
Peu après, mon téléphone portable sonna dans mon porte document. Je décroche : c’était ma mère qui appelait pour s’enquérir de l’heure à laquelle je comptais rentrer pour dîner à la maison. Je lui résumai vivement la situation dans laquelle j’étais, où je me trouvais et lui demandai d’alerter immédiatement ma sœur (Me Isabelle AMEGANVI, l’avocate) en l’appelant par son petit nom.
 
Subitement, l’officier commandant cette opération, qui semblait manifestement être une rafle aveugle me demanda de lui montrer ma carte, sachant qu’après que j’aie ainsi alerté ma famille qui allait partir à ma recherche, il aurait à répondre de ses actes. Un de ses agents vint la chercher pour la lui porter.
 
A peine l’avait-il éclairée de sa torche et vu mon nom et ma photo qu’il me demanda de descendre du véhicule et de partir, redoutant de toute évidence les conséquences qu’il aurait à subir ultérieurement du traitement inqualifiable qu’ils m’ont fait subir.
 
Je descendis du véhicule et prit le chemin de mon domicile mais je n’étais pas encore au bout de mes peines car, par deux fois sur 50 mètres environ, j’ai à nouveau été interpelé par des groupes de gendarmes. Si le premier groupe me laissa passer ayant vu que leurs collègues venaient de me libérer, le second groupe me créa à nouveau des difficultés, exigeant avec insolence que je décline mon identité. Il est vrai que celui qui s’adressait à moi puait l’alcool à plein nez… se refusant à considérer ma carte d’identité que j’avais encore en main et que je lui tendais, insistant obstinément que je décline mon identité, ce à quoi je me refusai à mon tour.
 
Ce ne fut finalement qu’à l’arrivée de certains de leurs collègues qui, ayant assisté à ma « libération » par leur officier, en témoignèrent, qu’ils daignèrent me laisser partir.
 
Marchant le long des 200 derniers mètres qui me séparaient de mon domicile, j’eus le déplaisir de trouver tout notre quartier sens dessus-dessous, dans un vif émoi, la rafle y faisant encore rage.
 
Partout, ce n’était que des plaintes, les gens, surtout les jeunes, se terrant chez eux pour ne pas se faire embarquer par les gendarmes qui avaient pris d’assaut tout le quartier alors qu’un couvre-feu n’avait même pas été décrété à Lomé !
 
J’apprendrai plus tard que, jusque sous les apatams de deux veillées funèbres qui se tenaient dans une même rue du même quartier, les gendarmes étaient partis faire des rafles en enlevant nombre de jeunes, interdisant ainsi aux habitants d’aller témoigner leur compassion aux familles éplorées comme c’est l’usage. C’était la nième fois que la Gendarmerie venait perturber de la sorte la quiétude d’un quartier où les relations ont toujours été conviviales entre les habitants.
 
Au total, près de 150 citoyens innocents, arbitrairement arrêtés et embarqués aux quartiers Hanoukopé, Kodjoviakopé et Kodomé
 
J’apprendrai également plus tard qu’outre le quartier Hanoukopé, les mêmes rafles de la Gendarmerie et de la Police ont eu lieu aux quartiers Kodjoviakopé et Kodomé faisant ainsi qu’au total, ce sont près de 150 citoyens innocents qui ont été arbitrairement arrêtés et emmenés pour être emprisonnés à la Gendarmerie et à la Direction générale de la Police nationale (Sûreté nationale) selon les témoignages de leurs familles alors qu’ils n’ont strictement rien fait ! Plus grave, lorsque les parents ou proches de ces victimes de l’arbitraire des forces de sécurité se sont rendus à ces lieux de détention pour leur porter à manger, dans la matinée de ce vendredi 15 juillet, nombre d’entre eux se sont vus refouler sans ménagement !
 
Tout aussi graves sont les témoignages faits par nombre de citoyens de ces trois quartiers, surtout des jeunes, à propos des rackets dont ils ont été victimes de la part de ces éléments des forces de sécurité qui ont extorqué jusqu’à 5 000 F CFA à certains d’entre eux — ce qui relève du gangstérisme caractérisé —, pour ne pas les embarquer pour la Gendarmerie !
 
Il faut que cesse au Togo ces intolérables intrusions, vols et voies de fait des forces de sécurité, faites au moyen de procédures totalement illégales qui violent d’une part les règlements et codes régissant leurs interventions et bafouent, d’autre part, le droit le plus élémentaire à la libre circulation sur l’ensemble du territoire national que garantit aux citoyens togolais la Constitution de notre pays.
 
Premier responsable du Parti des travailleurs, j’en appelle à toutes les organisations qui se réclament de la démocratie pour dénoncer et condamner les rafles de ce jeudi 14 juillet 2011 aux quartiers Hanoukopé, Kodjoviakopé, Kodomé, les vols et les exactions qui y ont été commis, les procédures illégales utilisées par les forces de sécurité togolaises pour les organiser et exiger la libération inconditionnelle et immédiate des citoyens arbitrairement arrêtés.
 
La terreur permanente de la soldatesque du régime RPT sur les innocentes populations vaquant paisiblement à leurs occupations doit cesser !
 
Lomé, le 15 Juillet 2011
 
Claude AMEGANVI
 
Secrétaire chargé de la coordination
 
du Parti des travailleurs du Togo

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