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Le boycott n’est pas une fuite, mais une arme stratégique qui, bien maniée, peut renverser l’histoire_.
Et si je vous disais que c’est grâce au boycott, non pas d’une mais près de dix élections, que le Togo a conquis l’indépendance de son drapeau ?
De 1950 à 1956, le bloc nationaliste mené par le Comité de l’Unité Togolaise (CUT) a choisi de boycotter systématiquement toutes les élections organisées par l’administration coloniale française. Face aux fraudes électorales récurrentes qui favorisaient les partis collaborateurs, cette stratégie de résistance passive s’est révélée redoutablement efficace.
Le génie de cette approche ? Coupler le boycott à une intense activité diplomatique à l’ONU. Le statut particulier du Togo – territoire sous tutelle onusienne et non simple colonie – offrait une tribune internationale unique. Les nationalistes du CUT ont manifesté leur mécontentement jusqu’à la tribune de l’ONU sous forme de pétition, contraignant l’organisation internationale à agir.
Cette pression a porté ses fruits : l’ONU a envoyé une mission d’évaluation dirigée par l’ambassadeur libérien
Le CUT saisit l’occasion pour remettre un mémorandum réclamant des élections libres sous supervision onusienne. Sous la pression de l’ONU, le gouvernement français est contraint d’organiser des élections sous surveillance d’émissaires onusiens. Résultat : le CUT remporte une victoire écrasante en avril 1958, ouvrant la voie à l’indépendance de 1960.
Nous avons été à l’école des stratèges de la lutte pour l’indépendance. Comme le rappelle Robert Greene : « Il s’agit de regarder au-delà de l’instant présent… Vous pensez en termes de campagne, et non en batailles individuelles. »
Le boycott n’est pas une fuite, mais une arme stratégique qui, bien maniée, peut renverser l’histoire.
Gnimdéwa Atakpama, auteur de La Nuit est longue mais la révolution vient, Amania Editions, 2025.