Un grand discours. Haut de gamme et poignant. Seuls en sont capables les grands hommes qui savent prendre de la hauteur et faire preuve d’une grandeur de l’esprit. Ekue Gamessou Kpodar était mon candidat, celui que Chronique de Kodjo Epou avait, en Septembre, introduit au grand public, ici même, dans une de ses éditions de Septembre 2019. Il était l’homme qui, non seulement pouvait faire le pont entre les deux bords adversaires, mais aussi celui qui est suffisamment formé, par sa carrière, donc bien outillé pour relever les défis économiques du Togo, un pays exsangue où tout est priorité. Par respect pour la parole donnée, surtout mu par son attachement à l’éthique en politique, il a renoncé en faveur du choix de Monseigneur Kpodzro, Agbéyomé Kodjo. L’ancien expert du FMI renonce ainsi à des ambitions personnelles pour quelque chose de plus grand, en réponse à ce qui a toujours été un désir ardent de nos populations, l’union des forces démocratiques. Cela est une des qualités et des bonnes manières qui font tant défaut dans le panthéon politique togolais, un discours rare de nos jours. Je vous le propose.

… Mes chers amis, l’année 2019 s’est achevée le 31 décembre, par l’épilogue du processus de désignation par Mgr Kpodzro, du candidat commun du camp de l’alternance pour l’élection présidentielle de février 2020 parmi les candidats qui se sont inscrits dans sa dynamique unitaire.

Chacun a pu voir et entendre ce qui s’est passé. Alors que nous pensions sincèrement que le candidat du Mouvement GAMESSOU, votre serviteur serait désigné, un candidat pouvant faire le pont entre les deux camps qui coexistent et qui ont créé et entretenu une bipolarisation de la vie politique togolaise pendant des décennies, c’est Agbéyomé Kodjo que Mgr Kpodzro a choisi. J’ai aussitôt accepté le verdict du prélat ; j’ai renoncé à déposer ma propre candidature à cette élection.

Pour vous qui souteniez ma candidature, avec enthousiasme et détermination, cet épisode singulier de notre vie politique mérite quelques explications, en particulier ma décision de retirer ma candidature.

D’abord, j’ai la ferme conviction que l’union fait la force, et qu’en mutualisant leurs énergies et leurs logistiques, les forces démocratiques augmenteraient leurs chances de gagner l’élection présidentielle et d’offrir aux Togolais, l’alternance à laquelle ils aspirent depuis plusieurs décennies.

C’est la raison pour laquelle, bien avant l’annonce de ma candidature le 10 septembre dernier, alors que j’étais en déplacement, j’ai dépêché un émissaire chez Mgr Kpodzro pour le remercier pour sa disponibilité et l’encourager à œuvrer comme il l’avait lui-même proposé, à la désignation d’un candidat unique pour les forces de l’alternance.

C’est aussi la raison pour laquelle, dès mon retour sur le territoire national, et quelques jours avant mon annonce officielle, j’ai rencontré le prélat pour discuter de mon projet et on s’était entendu sur l’ouverture nécessaire dans mon discours de candidature pour offrir la voie à toutes options et dynamiques gagnantes. L’essentiel étant qu’ensemble nous apportions l’alternance et une meilleure gouvernance aux Togolais. Nous nous sommes entendus sur un processus transparent, consensuel, large, ouvert, inclusif, dans lequel les candidats prêteraient le serment solennel d’accepter la décision qui en découlerait et se rangeraient sans arrière-pensées derrière le candidat désigné.

Il faut bien avoir ces éléments à l’esprit, pour bien comprendre ma décision et la position du Mouvement GAMESSOU aujourd’hui. Le processus qui a conduit à la désignation du candidat a-t-il été conforme à notre entendement ? A-t-il été transparent, consensuel, large, ouvert, inclusif. A quoi bon répondre à ces questions aujourd’hui ?

Considérons seulement qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Considérons aussi que Mgr Kpodzro Archevêque Émérite a fait du mieux qu’il a pu pour arriver à ce résultat.

N’avait-t-il pas dit lors d’une réunion publique qu’il suppliait, à genoux, les plus récalcitrants à se joindre à lui pour réaliser l’union? Soyons reconnaissants vis-à-vis de cet homme de Dieu pour son engagement inlassable et extraordinaire dans le combat pour l’avènement de la démocratie sur la terre de nos aïeux.

Alors, une fois la décision de Mgr Kpodzro rendue ce 31 décembre 2019, fallait-t-il renier notre engagement? Fallait-il la rejeter, au motif qu’elle ne nous était pas favorable et maintenir notre candidature, au risque de mettre en péril l’unité que pourtant nous recherchions ? Au risque d’affaiblir le camp de l’alternance ? Ma réponse a été « Non » ! Fallait-il au contraire privilégier l’esprit de sacrifice en s’élevant au-dessus de ses propres ambitions légitimes pour prendre en compte l’intérêt général du pays tout entier en donnant toutes ses chances au candidat désigné de nous mener à la victoire ? Ma réponse a été « Oui ». C’est donc la raison pour laquelle, malgré la déception, je n’ai pas hésité un seul instant ; j’ai accepté immédiatement la décision, sans aucune arrière-pensée.

C’est la manifestation d’une dimension fondamentale du projet GAMESSOU ; l’Éthique, c’est-à-dire les valeurs sur lesquelles nous fondons notre vision du futur du pays et les actions et comportements qui en découlent ; le respect des serments, de la parole donnée, la passion de la justice, le souci de l’inclusion, l’amour de la vérité, la primauté de l’homme, la valorisation du travail et de l’effort. …etc. Toutes ces choses sont fondamentales à mes yeux même si certains me disent qu’elles sont rares en politique, où la norme serait le goût du pouvoir et le cynisme. Je crois et j’affirme la supériorité de l’Éthique. C’est pour cela que je ne me suis pas renié ; c’est aussi pour cela que j’ai accepté sans ciller le choix de Mgr Kpodzro au terme d’un processus de convergence que j’ai moi-même voulu.

Chers compatriotes, chers sympathisants, vous qui me souteniez, vous qui avez cru que ma candidature était la meilleure possible pour redresser notre pays, je vous engage à surmonter la déception et la frustration qui peut saisir certains parmi vous. Car renoncer en étant si proche du but est un sacrifice énorme. Consentons ensemble à ce sacrifice. Car aucun n’est trop grand pour ceux qui visent l’émancipation et l’amélioration des conditions de vie d’un peuple ; quelques-uns des motifs réels de mon entrée sur le terrain politique.

Et maintenant quoi faire?

Et maintenant, il revient au candidat commun de la dynamique de Mgr Kpodzro, Mr. Kodjo Agbéyomé d’œuvrer au regroupement effectif des forces de l’alternance. Je sais qu’il s’est déjà mis au travail et comme je m’y suis engagé, je suis disposé à lui apporter mon appui sans aucune arrière- pensée. J’engage toutes les sympathisantes et tous les sympathisants du mouvement GAMESSOU à faire de même, à soutenir le candidat commun dans sa mission herculéenne pour donner toutes ses chances à la victoire et à l’alternance.

J’invite tous les candidats qui ont participé au processus de Mgr Kpodzro à affirmer de manière claire leur acceptation du verdict et à apporter leur appui à Agbéyomé Kodjo.

Je n’oublie pas les acteurs politiques et de la Société civile qui ont choisi de ne pas participer au processus de Mgr Kpodzro. Je les exhorte à se dépasser, à faire preuve d’abnégation, à faire comme je l’ai fait moi-même, le sacrifice des braves, celui qui consiste à placer l’intérêt général du pays au-dessus de ses propres intérêts partisans, fussent-ils légitimes, pour que nous vainquions ensemble et une fois pour toute le signe indien Togolais.

Tout est possible si les responsables politiques placent la cause du peuple au-dessus de leurs intérêts partisans. Imaginez tous les leaders du camp de l’alternance regroupés avec leurs sympathisants derrière une candidature commune. La victoire serait plus que certaine. Et nous nous donnerions les moyens de la prouver. Aussi, je réitère la métaphore de la jarre percée d’un ancien roi du Dahomey qui face aux dissensions qui minaient son royaume a déclaré, « si tous les enfants du royaume pouvaient de leurs mains rassemblées boucher les trous de cette jarre percée, alors le royaume serait sauvé ». Inspirons-nous de cette sagesse venue du fond de notre culture. Rassemblons-nous tous, pour relever le pays. Donnons une chance certaine à l’alternance démocratique.

Je vous remercie !

Pierre Ekué Gamessou Kpodar,
Président du Mouvement GAMESSOU

Par Kodjo Epou

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