La réforme du franc CFA, annoncée il y a un an par les présidents Ouattara et Emmanuel Macron est actée le jeudi dernier par l’Assemblée nationale française. Le sujet divise non seulement les citoyens de la CEDEAO et leurs dirigeants mais aussi les députés français. Le feu vert pour l’ECO version Ouattara/Macron vient d’être donné. Le projet de création d’une monnaie commune à la CEDEAO est donc sapé.

L’annonce d’une réforme monétaire du FCFA a été faite par le président ivoirien en présence de son homologue français en décembre 2019. L’annonce d’une éventuelle réforme du FCFA au moment même où les États de la CEDEAO étaient à pied d’œuvre pour la création d’une monnaie commune, l’ECO. Le 10 décembre dernier, l’Assemblée nationale française a adopté le projet de la réforme qui sera ensuite soumis au Sénat avant d’être signé par les pays concernés.

La controverse engendrée par cette réforme depuis son annonce, s’est également transposée au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale française. Pour cause, cette réforme viserait implicitement à maintenir les pays africains sous le joug de la France et à torpiller toute tentative d’une souveraineté monétaire des pays africains. Des députés français se sont ouvertement prononcés contre cette manœuvre des autorités françaises et de leurs complices africains en l’occurrence Alassane Ouattara qui consiste à maintenir les pays de l’UMOA sous la servitude monétaire.

Le député Jean Paul Lecoq du groupe de la Gauche démocrate et républicaine s’est montré très critique contre les autorités françaises et attire l’attention sur l’exclusion des pays utilisateurs de cette monnaie des débats.  « Un changement de monnaie, si on respecte le peuple concerné, aurait dû être un chantier démocratique, transparent et ouvert » a-t-il déclaré. Selon ses paroles, cette façon de procéder confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ses ex-colonies. Il poursuit en affirmant avec certitude que ce nouvel accord économique a été négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan. Ce qui confirme le rôle trouble du controversé président ivoirien Alassane Ouattara qui trahit donc l’aspiration des peuples de la CEDEAO à se libérer du joug du Franc CFA et à enfin obtenir leur indépendance monétaire.

En dehors de ce député, plusieurs économistes ont également porté d’acerbes critiques contre cette réforme. Pour l’économiste sénégalais, Ndongo Samba Sylla, Macron et Ouattara se sont seulement débarrassés des atouts les plus polémiques (du Franc CFA) et signent ainsi le décès du projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO. Demba Moussa Dembélé de son côté soutient que « la France fera tout pour se raccrocher à nos pays pour les empêcher non seulement d’avoir leur souveraineté monétaire, mais aussi de choisir leur propre voie vers le développement ».

Pour rappel, la réforme porte sur trois aspects. Le Franc CFA sera désormais désigné sous l’appellation de l’ECO, le maintien de la parité fixe avec l’Euro et la fin de la centralisation des réserves de change des Etats d’Afrique de l’ouest auprès du Trésor français. Certains points importants comme la garantie française, le libre-transfert des capitaux entre autres, n’ont pas été pris en compte par cette réforme. Ce que dénoncent les économistes africains.

Une chose est certaine, la France n’est pas prête à laisser ses anciennes colonies sortir de son influence. Et pour pérenniser son influence dans cette région, elle est prête à user de tous les moyens en accord avec certaines élites africaines corrompues prêtes à sacrifier l’avenir de la jeunesse africaine pour des intérêts individuels. Tout compte fait, l’émergence d’une nouvelle génération d’élites patriotes et panafricanistes suffirait pour mettre fin aux influences françaises en Afrique.

Amos DAYISSO

Source : L’Indépendant Express

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