Le journaliste Noël Tadégnon sérieusement molesté par les forces de l’ordre
 
Zeus Ajavon : « … C’est une profanation, et ceux qui ont fait ça ne méritent pas de nous gouverner »
 
Le Collectif « Sauvons le Togo » remet la profession de foi sur samedi le prochain
 
52 ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale, le peuple togolais continue de crouler sous le joug de l’oppression. Une oppression incarnée par le règne des Gnassingbé. A preuve, la répression brute et aveugle de la manifestation organisée par le Collectif « Sauvons le Togo » à la Place de l’Indépendance, à l’occasion du cinquante deuxième anniversaire de l’indépendance proclamée du Togo. Bilan : plusieurs manifestants blessés, dont un grièvement, le journaliste de Reuters Television, Noël Tadégnon. Le Collectif annonce une marche de protestation le 05 mai prochain suivie de la profession de foi, le 05 mai prochain.
 
Grenades lacrymogènes, coups de matraque ont encore plu le 27 avril 2012, tenez-vous bien, à l’occasion de la célébration du cinquante deuxième anniversaire de l’indépendance du Togo. Aux environs de 11 heures ce jour, au pied du monument de l’indépendance, il y a en effet eu des scènes de débandade, une véritable opération « Sauve qui peut ». Des manifestants qui couraient à hue et à dia, pourchassés jusqu’à leur dernier retranchement par les agents de la répression. La hargne des agents répressionnistes était telle qu’elle n’épargnait personne. C’était une répression aveugle. Un journaliste, correspondant de Reuters Television, bien qu’étant en tenue de travail, a fait les frais de cette violence policière.
 
Simple coïncidence ou mesure de représailles à l’encontre d’un journaliste qui a filmé la scène de la violence du Lieutenant-colonel français Letondot sur un reporter du journal Liberté, Didier Ledoux et l’a envoyée sur les sites sociaux à savoir facebook, tweeter, etc, révélant ainsi à la face du monde entier, le visage caché de la Soldatesque du Togo ? Ce dernier a été sérieusement amoché, sa camera et autres outils de travail, confisqués comme d’ailleurs ceux de son confrère de la chaîne de télévision privée TV7. Réponse du berger à la bergère, les jeunes manifestants ont riposté à cette répression digne d’une autre époque, par des jets de pierres et d’autres projectiles, occasionnant des dégâts par endroits.
 
A l’origine de cette répression à nulle autre pareille qui s’est abattue sur les manifestants, un appel du Collectif « Sauvons le Togo » à une profession de foi qui n’a pas été du goût des autorités. Le but, c’était d’inviter le peuple togolais à prendre un engagement patriotique et citoyen dans la lutte pour l’alternance et l’avènement d’un Etat de droit au Togo. Etait-ce la pomme de discorde ? En tout cas, selon la déclaration liminaire lue à la Conférence de presse donnée par ce Collectif après la folie « meurtrière » des soi-disant agents de sécurité, « les populations ont répondu massivement à cet appel en se rendant dès 10 heures à la Place de l’Indépendance où un important dispositif répressif a été déployé ». Les discussions entre les responsables du Collectif et ceux des agents dits de sécurité ont achoppé sur un point fondamental. Celui de savoir si oui ou non, cette activité devait se tenir à cet endroit à cette date. Ainsi, tandis que le Collectif assurait avoir effectué toutes les démarches pour une tenue de cette manifestation « pacifique », les autres étaient formels : la manifestation était interdite. Elle ne saurait donc se tenir là. Véritable dialogue de sourds entre les deux parties.
 
Conséquence, « A peine les manifestants ont pu accéder au pied du monument de l’indépendance que les forces de sécurité les ont chargés en tirant des grenades lacrymogènes dans tous les sens, créant une panique généralisée. On dénombre plusieurs blessés, des arrestations, plus d’une cinquantaine de motos et de vélos saisis. Le correspondant de la Télévision Reuters, M. Noël Koko TADEGNON a été sérieusement molesté et touché à la tête, aux abords du Ministère de la Santé, sur ordre du Commissaire SAMA. Il est actuellement admis à la Clinique BIASA où il reçoit des soins intensifs et doit effectuer impérativement un scanner. Les caméras de Reuters télévision et de la TV7 sont actuellement confisquées par les forces de répression. Pour échapper à cette répression barbare, les manifestants se sont retirés sur la plage. Ils ont été poursuivis par les forces de l’ordre qui se sont postés au niveau l’Agence de la compagnie Royal Air Maroc pour continuer à leur lancer des grenades lacrymogènes. Atteints dans leur dernier retranchement, les manifestants ont réagi par des jets de pierres occasionnant des dégâts matériels ». A relaté Me Zeus Ajavon.
 
Le Collectif s’indigne d’autant plus de cette situation qu’ « en vue de se conformer aux dispositions relatives à la loi N°2011-10 du 16 mai 2011 fixant les conditions d’exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques, il a adressé le 20 avril 2012, un courrier au Président de la Délégation Spéciale de la commune de Lomé ». Mais, « répondant à ce courrier le 23 avril 2012, le Président de la Délégation Spéciale prétexte que la place de l’indépendance est le lieu officiel de la commémoration de la fête de l’indépendance de notre pays et qu’elle n’est pas disponible le même jour pour la cérémonie projetée par le Collectif. Il conclut que l’Administration municipale ne peut accéder à la requête du Collectif et lui demande de se rapprocher du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, ce, en violation des dispositions des articles 12, 13 et 14 de la loi N°2011-10 du 16 mai 2011 ».
 
Le 24 avril 2012, poursuit-il, « le Collectif adresse un nouveau courrier pour notifier le maintient de la cérémonie de profession de foi conformément à loi qui prévoit que l’interlocuteur habilité à statuer est l’administration municipale, quitte à elle de se référer à sa hiérarchie. Par ailleurs, le Collectif a démontré que le motif tiré de l’indisponibilité de la place de l’indépendance dont se prévalait la municipalité ne saurait être valable car le programme officiel du gouvernement ne coïncide en rien avec ladite manifestation. Le 25 avril 2012, à la grande surprise du Collectif, le Président de la Délégation Spéciale adresse à nouveau un courrier pour réitérer le refus de la municipalité de permettre la tenue de la cérémonie de profession de foi, non plus pour cause d’indisponibilité de la place de l’indépendance, mais pour des raisons sécuritaires.
 
Suite à ce courrier et à la demande du Coordinateur du Collectif, une rencontre a eu lieu le 26 avril 2012 de 17h25 à 17h40 avec le Président de la Délégation Spéciale. A cette rencontre, l’objet de la manifestation lui a été rappelé tout en insistant sur son caractère pacifique. Le Président de la Délégation Spéciale a cru devoir maintenir son refus et demande que la manifestation ait lieu à un autre endroit, en violation des dispositions de la loi sur les manifestations publique dont il avoue ne pas connaître le contenu.
 
Aussi dénonce-t-il ce qu’il qualifie de profanation de la place de l’indépendance, au mépris total de la mémoire de ceux qui sont tombés pour que naisse la nation togolaise, proteste contre ce comportement des forces de l’ordre et de sécurité qui constitue à n’en point douter un véritable sacrilège de ce lieu hautement symbolique. En outre, Il demande aux autorités en charge de la sécurité de restituer sans délais les biens saisis, de procéder à la libération des personnes interpellées, et de prendre en charge les soins des blessés occasionnés par cette répression. Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » rend le gouvernement entièrement responsable des dégâts occasionnés dans la mesure où la multitude d’agents de sécurité dépêchés sur les lieux n’avaient qu’à assurer la sécurité des manifestants. Le Collectif appelle à nouveau les populations à prendre massivement part, le samedi 05 mai 2012, à une marche de protestation qui sera suivie de la cérémonie de profession de foi à la place de l’indépendance. Voilà qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui perçoivent la création de l’UNIR comme une grande supercherie politique, qui traduit des changements cosmétiques mais fait perdurer le statu quo.
 
Qui aurait pu imaginer que des éléments des forces de l’ordre auraient pu se déchaîner autant sur les manifestants et surtout prendre à partie un journaliste dont le crime n’aurait été que d’exercer son métier ? Comment comprendre cette attitude des autorités lorsqu’on sait qu’il n’y avait aucun risque de chevauchement entre les manifestations officielles gouvernementales et celles du Collectif « Sauvons le Togo » à la Place de l’Indépendance ? Nombre d’analystes dupes ou hypocrites se sont pourtant empressés de présenter sous un visage angélique le parti UNIR, créé de toutes pièces par Faure Gnassingbé et d’annoncer le point de départ d’une autre gouvernance. Mais à y regarder de plus près, l’UNIR et le RPT, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Et si le 27 avril 1960, le Togo est sorti du joug colonial, il n’est en revanche visiblement pas encore au bout de ses peines. Il supporte depuis 1967, un autre poids, celui des Gnassingbé. Mais celui-là, il éprouve tant de mal à s’en défaire.
Magnanus FREEMAN
 
 
source : | liberte-togo.com
 

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