De l’urgence des réformes radicales pour une société viable et performante
 
Sept mois après, la mise en place du nouveau Conseil d’Administration (CA) de la CEET et six mois après la nomination du nouveau ancien DG, Mawussi Kakatsi, en remplacement du couple DJETELI/AMOUSSOU-KPETO, les critiques fusent de partout et, visiblement, tout porte à croire que ce sont certains débarqués d’hier qui sont dans l’ombre à la manoeuvre.
 
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Mais au-delà de ces critiques, nous avons voulu revenir dans cette analyse sur certains faits qui risquent de plomber la gestion de la nouvelle équipe qui n’arrive pas jusque-là à prendre ses marques par des décisions fortes. Y a-t-il une restructuration profonde à la CEET ou les mesures de redressement annoncées se limitent à un jeu de chaise musicale, avec en toile de fond les mêmes prévaricateurs qu’on déplace comme des pions ? L’ampleur des dégâts à la CEET ne nécessite-t-elle pas de la part de la nouvelle équipe des mesures fortes consistant à mettre hors circuit certaines personnes qui, de par leur gestion, ont contribué à plomber la société ?
 
Au lendemain de sa nomination au poste de Président du Conseil d’Administration, Jonas DAOU a déclaré que l’entrée du siège de la CEET ne reflète pas le siège d’une grande société au chiffre d’affaires de 100 milliards de FCFA. Mais depuis l’arrivée de la nouvelle équipe rien ne semble bouger dans le sens de donner un visage d’une grande société à la CEET. Pour comprendre les difficultés que rencontrent les nouveaux patrons pour redresser la boite, il est important de faire la genèse de leurs nominations. Un processus qui porte en lui-même les faiblesses de la nouvelle équipe.
 
Le Directeur général actuel de la CEET était aux commandes de la société en tant qu’intérimaire il y a plus de 4 ans. Naturellement, lors de l’appel à candidatures pour la désignation d’un DG définitif, il a déposé son dossier. A l’époque, c’est-à-dire il y a 4 ans, c’est le cabinet KAPI CONSULT de Jonas Daou, aujourd’hui PCA de la CEET, qui avait jugé monsieur Mawussi Kakatsi inapte à cette fonction lui préférant un certain Gnandé Djetéli à qui il sera collé un adjoint en la personne d’Amoussou-Kpeto. De janvier 2012 à février 2016, Mawussi Kakatsi fut parqué au ministère de l’Energie sans grande responsabilité.
 
C’est après quatre ans de traversée du désert que le patron du cabinet qui l’avait recalé devenu PCA de la CEET, le trouve apte à prendre les commandes de la société. Ce processus bancal de nomination fait d’un conflit majeur d’intérêt est l’une des failles de la nouvelle équipe que les détracteurs exploitent. On aurait pu prendre le temps de faire les choses dans les normes qu’on ne serait pas à ce stade des polémiques inutiles. Tout comme le DG, le Conseil d’Administration mis en place à la hussarde souffre de la même maladie.
 
Un parachutage précipité du CA
 
A l’analyse de la première page de la décision N° 018/CS/CEET/2015 du 28 décembre 2015 du Conseil de Surveillance de la CEET portant nomination des membres du CA, on s’aperçoit que les ministres de ce Conseil de Surveillance (BIDAMON-ABLY, l’ex ministre d’Etat AYASSOR, BALOUKI LEGZIM, ASSIMAIDOU) n’ont pas nommé les administrateurs de la CEET sur la base de leur CV, encore moins de leurs pièces d’identité. C’est apparemment à la sauvette que c’était fait. On a juste pris le téléphone pour communiquer les noms, et cette précipitation contraire aux règles élémentaires dans l’administration a donné ceci :
– MIVEVOR Kayi Rose, c’est plutôt MIVEDOR Kayi, Rose n’est pas sur ses pièces d’identité
– DAOU Jonas n’est pas connu de la Direction de la Documentation du Togo, c’est plutôt Aklesso I. DAOU;
– DOGBEVI Georges, inconnu ; lire plutôt : M. KPONO-DOGBEVI. La différence est énorme pour identifier l’individu.
 
Ce dernier qui est aussi administrateur à la Société Nationale des Phosphates du
Togo (SNPT) est le représentant de Mme Victoire TOMEGAH DOGBE. Lorsqu’on décrypte le libellé des noms et les approximations, on se demande quand on va se résoudre au Togo à mettre les postes nominatifs à concurrence pour avoir la qualité et l’efficience dans nos sociétés d’Etat.
 
Des prérogatives du CA
 
Le PCA joue plutôt le rôle de PDG de la CEET, le DG Mawussi Kakatsi est là pour la figuration. Les recrutements, nominations de conseillers, de directeurs, de sous-directeurs relèvent de toute évidence des prérogatives du PCA. Et c’est justement scandaleux de constater que les directeurs qui devraient faire valoir leurs droits de licenciement, compte tenu de leur gestion frauduleuse de la CEET, sont commués en conseillers du PCA et du DG.
 
Les directeurs deviennent des sous-directeurs. Le scandale pour une société en perfusion, c’est que tout le monde garde son salaire et ses avantages et on recrute d’autres qui acquièrent les avantages et salaires de directeurs. Salut l’envolée de la masse salariale.
 
On doit se demander ce que fait le DG avec un PCA aussi exécutif. En tout cas, c’est un travail de tortue qui est fait car ce n’est que 7 mois après le départ de Gnandé Djeteli que le rapport d’audit qu’il avait commandé est ouvert par les nouveaux organes de gestion, suivi des demandes d’explication qui seraient transmises aux DG et DGA sortants. Pour l’instant, on n’a aucune idée de la teneur de ces demandes d’explication, mais il n’est pas exclu qu’elles soient liées à la gestion de la société par l’équipe sortante. Les investigations continuent dans ce sens. Il est important de préciser un fait de taille.
 
Du redressement de la CEET
 
Aussi bien du côté de la CEET que du côté de la CEB, nous avons cherché, en vain, à savoir l’encours de la dette de la CEET à l’égard de la CEB. Nous rappelons qu’en février 2016, cette dette était de 40 milliards F CFA. Que le débiteur refuse, on comprend; mais la réaction du créancier est pour le moins incompréhensible. De même, nous avons cherché à savoir les résultats de la CEET au premier semestre et nous avons compris que la société n’établit pas de résultats intermédiaires. Quel type de gouvernance pour une aussi importante société pour l’économie togolaise? Rappelons que la CEET ne réalise que des pertes depuis l’année 2014.
 
Nous nous sommes également confrontés à un silence assourdissant en ce qui concerne les rémunérations actuelles des nouveaux administrateurs (CA) et leurs petits avantages. Nos informations font état de ce que les administrateurs sortants allaient dans la société comme des agents exécutifs et passaient à la caisse à volonté. Lorsqu’ils vont au restaurant après les réunions du CA, tous repartaient avec des plats emportés et des bouteilles de vin, du champagne, etc. De plus, ils bénéficient du tarif d’électricité du personnel qui est de 25 F le kWh alors que le commun des Togolais paie en moyenne 108 F le kWh.
 
Le problème majeur de la CEET, au-delà du goulot d’étranglement qu’est Contour Global, ce sont la mal gouvernance, la gabegie, les dépenses folles. Comment une société en état de faillite se permet-elle d’acheter par an 150 millions de F CFA de champagne pour des cadeaux aux officiels ? Comment une société au fond du gouffre peut-elle continuer par offrir des bons d’essence, des cadeaux aux ministres et d’autres personnalités de la République ? La nouvelle équipe (PCA, DG) malgré les failles de leurs nominations, doit prendre des mesures courageuses pour mettre fin à ces pratiques qui plombent la société et dont les répercussions sont ressenties par les contribuables à travers le délestage, les factures élevées,etc. Sans ce nettoyage, la gestion sera toujours approximative et désastreuse et les critiques ne manqueront pas.
 
Mensah K.
 
L’ALTERNATIVE – N°546 du 16 août 2016
 

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