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C’est avec un ouf de soulagement que les Togolais, après avoir enduré un mandat perdu dans des cafouillages infrastructurels, ont accueilli l’arrivée, à grand bruit, de ce qu’on peut se permettre d’appeler ‘’les grandes entreprises locales’’. Des boulevards aux bâtiments publics pour aboutir aux bassins de rétention des eaux pluviales, les nouveaux géants des BTP se sont lancés à l’assaut des marchés pour apporter, chacun sa touche, à la nouvelle image que ‘’l’esprit nouveaux’’ veut bien donner à son pays. Ainsi, la pléiade de micro-entreprises qui a meublé, dans le tâtonnement, le premier mandat du prince a fait place à des structures imposantes. Certaines sont parvenues à se forgés un nom dans le sulfureux monde de l’industrie BTP. Certes, à quelques encablures près, elles sont nées du même contexte, mais elles n’ont pas grandi au même biberon. Au départ une petite structure agricole financée par les milieux confessionnels, CECO-BTP commence à véritablement se lancer dans la fièvre de la rupture du pont d’AMAKPAPE. Très vite récupéré par de grosses pointures pour occuper une place dans un monde ou tous est à refaire, le déjà imposant CECO-BTP est devenu CECOGROUP le 09 septembre 2013.
 
Elle fait parti de celles qui ont véritablement sauté du coq à l’âne dans cet environnement aussi juteux que complexe. A l’œil du profane, l’entreprise traverse ses moments de gloire, mais scruté de près, les réalités dans la boîte ont de quoi susciter inquiétudes. Du désordre administratif interne aux difficultés financières pour aboutir aux chantiers abandonnés, ont se demande si la trouvaille du PDG Constantin Amouzou, homme de Dieu converti, n’est pas hissée trop haut pour tenir longtemps. Dans notre dernière parution nous nous inquiétions du fait que les chantiers confiés à CECOGROUP, en l’occurrence le boulevard Jean Paul II, la route de l’aéroport entre autres commencent par devenir un souci public et un danger pour les riverains et usagers. Les engins se retirant les uns après les autres pour d’autres priorités, les chantiers du groupe deviennent une équation à résoudre principalement sur Jean Paule II. On se demandait pour quelle raison CECO-BTP a pu faire ouvrir des caniveaux sur une route qui n’a pas encore les moyens de sa politique.
 
Absence de moyens, démission devant un chantier difficile, simple effet d’annonce dans la fièvre d’une élection alors que le boulevard n’était pas budgétisé, voici entre autre nos interrogations ? Nous sommes restés sur notre soif même si les sources proches de CECO-BTP avançaient que le matériel est déplacé sur un autre chantier prioritaire par ce qu’il y a une route qui doit finir avant le ronflant sommet sur la sécurité maritime.
Déjà à l’époque nous déplorions le fait que l’entreprise soit passée maître dans l’art de piétiner les employés, les contrats de travail, la plupart n’existant que de nom. On fait signer un projet de contrat au travailleur, on le lui retire pour que la direction appose sa signature, mais dans la plupart des cas, il n’est jamais restitué au contractant. De ce fait, l’employé n’a pas un contrat en main pour se prévaloir le cas échéant. Mais nos investigations prouvent qu’il y a pire que ça. Au-delà des agents, c’est toute la maison qui est à peindre.
 
Ces derniers moments, des indiscrétions font état de ce que des contrats ne sont plus renouvelés parce que l’entreprise est dans un processus de réduction de son capital humain. En effet, un audite interne a accouché des conclusions qui donne l’insomnie aux premiers dirigeants du GROUPE. Une dame interne à la boîte après presque deux ans de travaux a déposé des conclusions, les signaux sont au rouge. Même si le DG a souhaité voir la triste réalité être maquillée, l’auditeur en toute objectivité a présentés les fait tels quel. D’ici décembre, à moins que la structure reçoive un financement spécial, financièrement parlant, elle ne pourra pas tenir. Présentement sur plus de 4000 agents, au moins 600 (six cent) sont déjà remerciés. Et ce n’est que le début le pire est à venir, seuls les CDI, bénéficiaire des Contrats à Durée Indéterminée, donc ceux dont les contrats ont été validés, peuvent avoir la chance de tenir les câbles. Les stagiaires et ceux qui bénéficient des CDD, contrat à Durée déterminée, et plus de ceux qui n’ont même pas un contrat en main, risquent de ne pas voir leur contrat renouveler. Le capital humain de CECO, c’est aussi des agents à double vitesse, mêmes diplôme, même tâche, mais différents salaires, c’est selon, il faut y être pour apprécier les réalités a confié un employé. Le moi passé, les salaires n’ont pas été payé.
 
L’entreprise est malade de sa mauvaise gestion et s’est fait embourbée dans des éléphants blancs. Il y a eu des investissements improductifs dans certaines villes du pays, le matériel qu’on peut acheter au Togo se commande en Italie, le sur recrutement sans oublier les dépenses folles pour des hélicoptères à des fins politiques. Comptant sur des chantiers qui s’arrachent à tour de bras très souvent gré à gré, l’administration, la gestion et le fonctionnement des différentes filiales nageaient dans une opulence qui ne pouvait pas tenir longtemps. Le personnel a grandi à l’image de l’entreprise allant de 639 ouvriers en août 2013 à 3172 salariés en mars 2015. Le groupe est présentement entrain de faire des réajustements internes sur conseil de l’auditeur, mais trop tard pour relever la pente. En tout cas, à la lumière des réalités, il serait impossible de tenir.
 
A qui la faute ?
 
L’entreprise justifie que, la plupart du temps, elle tourne sur des chantiers pré- financés par elle-même et que l’Etat lui doit beaucoup d’argent. Le problème n’est pas à son niveau se défend-elle, l’Etat donne des marchés et dit de pré financer. Depuis près de 5 ans, l’entreprise tourne entre des chantiers pré- financés. On parle de plus de 10 milliards de CFA. Présentement pour tenir face à cette situation, le groupe compte sur des avances sur des chantiers étrangers. CECOGROUP c’est aussi des chantiers déjà lancés en Guinée, en côte d’Ivoire et dans d’autres pays sans oublier bientôt l’Angola. Les ramifications extérieures du groupe, loin d’être le fruit d’un professionnalisme, sont à mettre en partie, à l’actif des bonnes relations avec un proche de Gbagbo vivant au Togo. Ce monsieur dont nous gardons le nom est un ancien conseiller qui gère les biens de l’ancien président dans plusieurs pays. Dans ces différents pays, l’homme arrive aussi à ouvrir des portes dans les BTP pour ses amis Togolais même si ceux-ci se cherchent déjà au pays, d’ailleurs, « nul n’est prophète chez soit ».
 
CECO, c’est tout un chapelet de chantiers à Lomé et à l’intérieur du pays : projet de la voirie de Lomé ; ce volet comprend au moins trois bassins de rétention d’eau pluviale dans la capitale et plusieurs routes allant principalement d’Agbalapédo au quartier Adidoadin. Le marché de Niamtougou, la nouvelle direction de la gendarmerie nationale à Lomé, la cour d’appel à Lomé, la maison des jeunes à Kara, l’immeuble commerciale à Nyékonakpoe, le démolissement et probablement la construction du marché d’Adawlato, l’école nationale des instituteurs à Sotouboua, le siège technique de la TVT, la cour des compte, la liste est longue. Il en est de même des routes : Notsè Tohoun-frontière Bénin, Lomé-Vogan-Anfoin, le boulevard de la paix, CECOGROUP ce sont aussi des pistes rurales à travers les préfectures du pays. Si une partie est déjà achevée, plus de la moitié de ces routes et immeubles sont en cours d’exécution. Dire qu’une entreprise embrasse tous ces chantiers sur la base des préfinancements ? A moins que cette histoire de préfinancement soit un cache sexe pour nager dans le passe-droit, c’est que CECO compte sur ses moyens avant d’opter pour les préfinancements.
 
Si tel est le cas, l’entreprise a trouvé où cet argent pour financer presque qu’un pays avec ses propres fonds ? Le blanchiment devait-il aussi jouer un rôle dans le financement ? Présentement plus de la moitié des chantiers restent inachevés à un moment ou on parle de problèmes financiers. A quoi doivent s’attendre les Togolais ? A des chantiers inachevés avec ce que cela comporte comme désagrément et dépenses pour le contribuable. Sur quoi l’entreprise a-t-elle grandit pour commencer tout d’un coup à s’effriter comme un château de carte ? On parle d’une grande dame présentement au crépuscule qui serait parmi les grands parrains. Qui sont les actionnaires de CECO pour qu’en mine de rien elle monte en flèche pour ensuite amorcer une chute drue ? A commencer par la cour d’appel de Lomé où les occupant se plaignent déjà de l’immeuble, on peut se quelle est la qualité et jusqu’à quel point les travaux déjà réalisés par le groupe tiennent-ils la route. Actuellement CECOGROUP se compose de sept filiales. Le BTP, pour les infrastructures routières et ferroviaires ; l’IMMO, pour les bâtiments et opérations immobilières ; l’AGRO, pour la production agricole, l’agrobusiness et l’Agroindustriel; le TRADE, pour la gestion des centrales d’achat du groupe ; les MINE, pour exploitation de carrières et extraction minières ; la FABRIK pour la production industrielle non alimentaire, béton, enrobé, boiserie…. et le MAT pour la maintenance mécanique auto et la location de matériels.
 
La société a ainsi grandit plus que son âge embrassant plusieurs filiales mais aussi de sérieuses difficultés. Au-delà des limites dans la gestion, des sources très renseignées et des témoins de plusieurs scènes attribuent ces difficultés aux prétentions du DG à marcher dans des jardins secrets qui en fait sont des chasses gardées à certaines sommités. En tout cas, si les compagnies peuvent faire grandir une société elles peuvent aussi susciter une dégringolade. Surtout sur le plan des sentiments, tout ce qui brille n’est pas or. Un choix déplacé peut ouvrir la voie à de tristes épisodes. Dans certaines sommités, ordre a été donné de ne pas verser à CECO l’argent qu’on lui doit sans oublié des signaux envoyés même aux banques alors qu’on sait que l’entreprise tourne aussi sur des découverts. En tout cas c’est ce qu’on a retenu de notre coup de fil au chargé de la communication qui a nié toute difficulté soit-elle financière ou de quelque nature que ce soit tout en reconnaissant qu’une bonne partie de leurs chantiers est pré-financée. Voilà comment, au nom des entrées, les gens fabriquent, de toutes pièces, des monstres qui deviennent un problème pour la République. Imaginer, un temps soit peux, les dégâts humains, infrastructurels et financiers pour la République, si une entreprise comme CECO, après avoir maillé tout le pays de chantiers ouverts, doit mettre la clef sous le paillasson pour une raison ou pour une autre.
 
Déjà, à la lecture des réalités, le boulevard menant à l’aviation a toutes les chances pour ne pas finir avant le très attendu sommet. Loin de nous l’envie de noyer cette entreprise, plutôt que d’ouvrir des chantiers qui ne finiront jamais, il est grand temps que le groupe commence par faire la politique de ses moyens. Balle à terre, au nom des 4000 employés qui risquent d’être des victimes innocentes, nous pensons plutôt qu’il faut penser à une porte de sortie pour que les petites considérations de personnes ne s’invitent pas dans la construction du pays où tout est à refaire. Dans la liesse, le monstre est né, mais pour le tuer en si bonne route, les dégâts collatéraux seront immenses. Bon à suivre.
ABI-ALFA IZOTOU
 
source : Togo News
 

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