Pierre Nkurunziza

«Si ta richesse ne finit pas avant ta mort, c’est que tu mourras pour la laisser »(Al-Walid Aboubacar)

Le décès subit de Pierre Nkurunziza devrait enseigner une leçon aux despotes africains : tout est vanité sur cette terre. Si quelqu’un avait prédit au dictateur burundais qu’il n’aurait pas le temps de jouir de tous les biens qu’il a amassés ainsi que des nombreux privilèges qu’il s’est accordé, il n’aurait pas cru et l’aurait expédié en enfer. Après s’être maintenu pendant quinze ans au pouvoir au prix d’une terrible répression, Pierre Nkurunziza s’est réservé une retraite de grand privilégié. Un bonus de 1 milliard de francs burundais [500 000 euros], la construction d’une villa de haut standing, un service de sécurité, un parc de 6 véhicules, une pension mensuelle égale aux émoluments d’un vice-président, sans oublier une immunité de juridiction, sont autant d’avantages que le parlement lui a taillés sur mesure en janvier dernier. Mais il est parti sans avoir eu le temps d’en profiter.

Il est vrai que tous ne mourront pas de la même manière, mais quels avantages tirent-ils en rendant leur peuple miséreux, malheureux ? Etre président de la République, c’est un sacerdoce. Le pouvoir appartient au peuple et le peuple élit un dirigeant pour que celui-ci se mette à son service, pour œuvrer à son bonheur, à son bien-être, créer de la prospérité pour lui. Justement, les maîtres de l’œuvre recommandent aux dirigeants, aux hommes politiques de faire de l’altruisme, (se mettre au service des autres, d’une cause noble, d’une manière totalement désintéressée et dans le seul but de contribuer au bien) leur première vertu, car sans elle, il leur est impossible d’assumer leur devoir. Etre altruiste, c’est privilégier l’intérêt général par rapport à l’intérêt personnel.

Mais en Afrique, les dirigeants ont compris leurs charges de travers. Ils viennent au pouvoir pour amasser les richesses pour eux, leur harem, leur clan. Tout pour eux, rien pour les autres. Pendant que les dirigeants et ceux qui gravitent autour d’eux s’offrent un train de vie ostentatoire, ceux qui les ont portés au pouvoir doivent porter en bandoulière la pauvreté et la misère au quotidien.

Nos chefs d’Etat doivent apprendre à se sacrifier, à devenir une source de bien-être pour leurs populations ; ce faisant, ils dynamisent l’amour en eux et les vivifient. Il y a tant de plaisir à éprouver à rendre les autres heureux. On se divinise en participant à leur bonheur. Aucune évolution n’est possible sans renoncement, sans aucune volontaire privation au service de l’autre, mais on ne sait pas pourquoi les chefs d’Etat africains et ceux qui les entourent sont si égoïstes, si radins.

« Le prince ne doit pas craindre de n’avoir pas une population nombreuse, mais de ne pas avoir une juste répartition des biens », disait Machiavel. La justice sociale est ce qui manque le plus aux dirigeants africains. Or l’engagement pour la justice, soulignaient les évêques du Togo, est le premier moyen, l’instrument le plus éminent dans la réalisation de toute politique. Il y a 8 ans, Faure Gnassingbé s’était engagé à prôner la justice pour le bien de tous les Togolais.

« La Société que nous entendons bâtir est avant tout une société d’ouverture et d’inclusion. Les hommes et les femmes qui la composent doivent bénéficier de l’égalité des chances : égalité des chances devant la loi, égalité face à l’école, égalité face à l’emploi. En toutes circonstances, le mérite doit l’emporter sur tous les autres critères », disait-il. Rien que des promesses de Gascon. Nkurunziza parti, qui sera le prochain « surpris » ?

Médard Ametepe

Liberté N°3170 du Jeudi du 18 Juin 2020

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