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Réformes de l’APG et rencontres politiques à la Primature
 
. A quand et à quoi va ressembler la prochaine étape ?

 


Les concertations politiques engagées depuis le jeudi 13 mars par le Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu se sont achevées vendredi. Après l’Alliance nationale pour le changement (Anc), la Coalition Arc-en-ciel et l’Union des forces de changement (Ufc) jeudi, c’est le tour de l’Union pour la République (Unir) et de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi ) d’être reçus le lendemain, clôturant ainsi ces rencontres préalables. Quel bilan peut-on établir de cette première partie de ces concertations visant à terme à obtenir le consensus autour des réformes constitutionnelles et institutionnelles de l’Accord politique global (Apg) ?
 
L’Unir moins tranchée que d’habitude
 
C’est sans doute la grande surprise de ces concertations. Le commun des Togolais s’attendait à une position intenable et assez tranchée du parti au pouvoir, et à des déclarations incendiaires de sa délégation composée des 1er et 2e Vice- présidents Georges Aïdam et Foli-Bazi Katari, de Mmes Méimounatou Ibrahima et Patricia Dagban-Zonvidé. Mais l’Union pour la République (Unir) a étonné l’opinion par sa flexibilité qui mérite d’être soulignée – cela ne nous arrive pas souvent.
 
Le parti, par la voix de son 1er Vice-président, dit avoir «pris acte de ce qui a été dit » par le Premier ministre et exprimé sa « disposition à accompagner tous les efforts du gouvernement afin que les réformes puissent s’opérer pour le bien de notre pays ». Georges Aïdam s’est félicité du climat d’«apaisement et de compréhension qui prévaut actuellement au sein de la classe politique ». En tout cas, on n’a pas trouvé l’Unir faire de la fixation sur une position, dire par exemple que c’est l’Assemblée nationale ou rien, même si Georges Aïdam a indiqué que « si l’Assemblée nationale est mise en place, c’est pour qu’elle joue son rôle ». « L’essentiel, a-t-il déclaré élégamment, c’est qu’on parvienne au consensus pour les réformes ». A lire entre les lignes, l’Unir est donc disposé à supporter la création d’un autre cadre de discussions pour parvenir aux réformes. C’est à mettre à l’actif du parti au pouvoir qui a eu, pour une fois, le sens de la mesure. Et sous réserve que cette attitude est trompeuse et cache des manœuvres ultérieures, on peut conclure qu’une telle détente augure d’une bonne suite pour les discussions.
 
Une convergence relative de vues
 
Les concertations se sont terminées sur une note globalement positive. De façon générale, il a été remarqué une concordance de vues. Des cinq (05) entités politiques rencontrées par le Premier ministre, il est manifeste qu’au moins quatre (04) militent pour le consensus, et sont donc disposées à supporter toutes les démarches visant à y concourir, notamment la création d’un nouveau cadre élargi. Il s’agit de l’Anc, de la Coalition Arc-en-ciel, de l’Addi et de l’Unir.
 
Leurs positions sont connues depuis jeudi, l’Anc et la Coalition Arc-en-ciel sont pour la création d’un cadre pour les discussions, élargi éventuellement aux partis extraparlementaires et où le consensus devrait se faire avant que le contenu ne soit envoyé à l’Assemblée nationale pour adoption. Même son de cloche du côté de l’Addi. « Il était mieux d’avoir un cadre élargi pour en discuter. Elargi en principe, c’est-à-dire que ça doit concerner toute la classe politique, qu’il faut trouver un moyen pour que les autres partis politiques puissent s’exprimer, de même que les gens de la société civile. (…). Il faudra trouver un moyen tout en demeurant dans le cadre du parti parlementaire, pour que chaque groupe ait la possibilité d’inviter qui il voudrait », a déclaré ce vendredi au sortir de l’audience avec le Premier ministre, le Pr Aimé Gogué, accompagné par l’honorable Alphonse Kpogo et Dr Nagbandja Kampatibe. S’il faut ajouter à tout cela les propos assez réconfortants de Georges Aïdam, « Nous contribuerons à tous les efforts qui pourront amener à ce que ces réformes soient effectivement opérées (…) Nous sommes disposés à aller dans le sens constructif aussi », on ne peut que se réjouir de la communion d’esprit.
 
La seule fausse note aura été la position drôlement extrémisme et teintée de caprice de l’Ufc résiduelle de Gilchrist Olympio qui, par la voix de Jean-Claude Homawoo, a dit ne pas être disposé à participer encore à des discussions dans d’autres cadres. « Les réformes sont importantes et doivent être faites assez rapidement, et l’Ufc ne veut plus se retrouver dans des prétendus cadres de dialogue où on va perdre du temps à décider du sexe des anges. C’est au parlement que la plupart des choses vont se faire (…) L’Ufc n’ira plus perdre de temps à quelque nouveau cadre que ce soit », avait-il tranché. Drôle de position pour un parti qui crie être toujours de l’opposition et dit agir au nom du peuple !
 
Quelle suite pour ces concertations ?
 
A quand et à quoi va ressembler la prochaine étape ? Ce sont là les inquiétudes qui triturent les méninges, après cette première étape conclue sur une note assez positive. Ces concertations menées jeudi et vendredi ne sont que des préalables qui devront laisser place à des choses sérieuses. Mais l’avenir est plein d’incertitudes.
 
A priori, on peut s’attendre à des discussions dans un nouveau cadre élargi, au vu de la disposition d’esprit montrée de part et d’autre, et surtout par le pouvoir. Patrick Lawson, le 1er Vice-président et chef de la délégation de l’Anc, avait décelé jeudi « une volonté (du gouvernement et du régime, Ndlr) de pouvoir vider ce qui est resté en suspens jusqu’à présent, à savoir le contenu de l’APG qui n’a pas été traité ». Mais, c’est un secret de Polichinelle, la bonne foi est le tendon d’Achille du pouvoir Faure Gnassingbé. Et malgré la volonté exprimée par Georges Aïdam, on n’est pas à l’abri d’un revirement de situation. Le pouvoir fidèle à sa logique de coup de force, pourrait bien se rebiffer et s’opposer à la création d’un autre Cpdc. Ainsi donc, il déciderait d’envoyer directement à l’Assemblée nationale la proposition qui l’arrange et déjà exprimée dans les différents cadres de discussions, celle de réformes de la limitation du mandat présidentiel à deux, mais pas avec effet immédiat ; et le tour serait joué, avec l’aide de la majorité mécanique et de quelques députés des autres courants qui seraient conditionnés pour les besoins de la cause. Déjà sur la question de savoir si l’Unir est disposé à supporter la création d’un autre Cpdc, son 1er Vice-président s’est fait violence pour ne pas être clair et dit que le parti « se réserve pour ce qui concerne le cadre ». Bien malin donc qui pourrait présager de la suite.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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