Les minutes qui se sont écoulées pendant le raid contre le repaire d’Oussama ben Laden dimanche ont été « longues comme des jours » pour Barack Obama et son équipe, qui suivaient les opérations en temps réel depuis la Maison Blanche, a raconté lundi un proche conseiller du président américain. « Ces moments ont sans doute été les les plus angoissants de la vie des gens qui étaient rassemblés ici hier », a affirmé John Brennan, conseiller de M. Obama pour l’antiterrorisme.
Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, M. Brennan a levé le voile sur le déroulement de l’assaut contre la villa d’Abbottabad, au nord d’Islamabad, où Ben Laden s’était caché. « Les minutes étaient longues comme des jours, et le président était très inquiet de la sécurité de nos équipes » sur le terrain, s’est souvenu M. Brennan, un ancien responsable de la centrale du renseignement américaine (CIA) qui pourchassait Ben Laden depuis 15 ans. « C’était ce que (M. Obama) avait à l’esprit, et il voulait faire en sorte que nous réussissions la mission », a ajouté M. Brennan, racontant comment M. Obama et ses conseillers avaient suivi l’opération de 40 minutes en temps réel depuis la Maison Blanche où la « Situation room », la salle de crise, est dotée d’un système sophistiqué de communications.
« Soupir de soulagement »
« C’était évidemment très tendu, beaucoup de gens retenaient leur souffle », a développé M. Brennan, « et il y avait un certain silence qui régnait, au fur et à mesure de la progression » de l’opération commando américaine. « Lorsque nous avons finalement appris que ces (membres du commando) avaient réussi à pénétrer dans le complexe et trouvé un individu identifié comme Ben Laden, il y a eu un grand soupir de soulagement », selon le conseiller.
Si l’opération héliportée avait mal tourné, M. Obama aurait pu se retrouver en très mauvaise posture politique, au moment où il vient de se lancer dans la campagne électorale de 2012. Il a pris un risque calculé, selon M. Brennan. « Le président a dû évaluer la solidité des renseignements et a pris ce que je pense être l’une des décisions les plus audacieuses qu’ait eu à prendre un président de mémoire récente », a affirmé M. Brennan.
« Nous l’avons eu » (Obama)
La tension a atteint son comble lorsque l’un des hélicoptères est tombé en panne en pleine opération. « Lorsque cet hélicoptère s’est retrouvé immobilisé, d’un seul coup, il a fallu passer à un plan de rechange. Et ils l’ont fait sans accroc », a assuré M. Brennan. Le conseiller a également révélé que les Etats-Unis n’avaient pas prévenu les responsables pakistanais « avant que tous nos gens, tous nos appareils soient sortis de l’espace aérien pakistanais ». « A ce moment-là, les Pakistanais étaient en train de réagir à un incident dont ils savaient qu’il était en train de se produire à Abbottabad », a-t-il ajouté, en laissant entendre qu’un affrontement entre forces américaines et pakistanaises aurait pu se produire. « Nous étions évidemment inquiets de voir les Pakistanais faire décoller en urgence leurs avions », a reconnu M. Brennan. « Ils n’avaient aucune idée de qui pouvait être là, les Etats-Unis ou quelqu’un d’autre ».
« Heureusement, il n’y a pas eu d’affrontement avec les forces pakistanaises. Cette opération était destinée à minimiser les risques » d’une telle éventualité selon lui. Le conseiller de M. Obama a aussi confié que le président et ses collaborateurs avaient réalisé graduellement que le commando avait tué Ben Laden et réussi à quitter les lieux de l’assaut avec sa dépouille. Ils ont éprouvé « une confiance de plus en plus grande, un sentiment croissant de réussite », selon le conseiller. La réaction de M. Obama à l’issue de la mission? « Nous l’avons eu », a répondu M. Brennan.
source: lepoint