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Le drapeau togolais est-il devenu un label pour toutes sortes de trafics en haute mer ? C’est une question qu’on peut désormais légitimement se poser au vu des multiples cas d’arraisonnement de navires togolais enregistrés ces dernières années avec à leur bord drogues, armes ou migrants clandestins. Le dernier remonte au dimanche 28 février dernier.
 
Plusieurs organes de presse ont repris l’information communiquée par la Police grecque. Un cargo battant pavillon togolais et transportant des armes et des explosifs en direction du Liban, a été arraisonné par les garde-côtes grecs à proximité de la côte ouest turque.
 
«Le bâtiment de 76 mètres de long et 11 mètres de large, immatriculé «Kuki Boy» et en provenance de Turquie, a été forcé de s’arrêter à 102 kilomètres au sud-est de la ville de Bodrum. Le navire a été escorté vers le port de Souda, en Grèce. Une inspection est en cours. Le cargo a éveillé les soupçons des garde-côtes grecs le 28 février, lorsqu’il n’a pas respecté leur signal d’arrêt. Selon les informations de Dogan, «le navire a levé l’ancre dans un port international de la province d’Izmir, à destination du Liban»», renseigne le confrère www.lorientlejour.com.
 
« Un des deux conteneurs contrôlés contenait 6.400 fusils et le second «une grande quantité d’explosifs et d’autres matériels similaires », précise la police turque dans un communiqué. Le navire immatriculé au Togo avait appareillé le 26 janvier du port turc d’Izmir et se dirigeait vers la Valette (Malte) après deux escales prévues à Mersine (Turquie) et à Limassol à Chypre, selon la Police.
 
Cette information tombe alors que les autorités togolaises ont annoncé avoir assaini les registres du pays en les dépouillant des navires impliqués dans des activités criminelles en mer. « Sur les 541 navires battant pavillon togolais, 144 ont été définitivement radiés en raison de pratiques illégales, indique un communiqué publié mercredi à l’issue du conseil des ministres.
 
Les autorités entendent mettre de l’ordre dans le domaine des immatriculations, ce qu’a annoncé récemment le chef de l’Etat lors de la 2e réunion du du Haut Conseil pour la Mer (HCM). Les violations répétées des règles de la navigation maritime par certains navires sous pavillon togolais poussent le gouvernement à envisager de nouvelles mesures afin d’assainir ce secteur parmi lesquelles de nouvelles mesures de délivrance des certificats », écrivait en octobre 2015 le portail de propagande du pouvoir togolais, republicoftogo.com. Ce dernier reconnaissait que « Plusieurs bateaux battant pavillon togolais ont été impliqués ces dernières années dans des trafics de drogue, d’armes, de cigarettes ou de migrants au large de l’Europe et de la Turquie ».
 
En avril 2013, un navire immatriculé au Togo transportant 45 tonnes d’armes lourdes a été arrêté par les autorités égyptiennes dans la mer rouge. « Le navire, qui compte au moins sept membres d’équipage, a passé une semaine dans les eaux internationales avant de pénétrer dans les eaux égyptiennes. Les informations concernant ce navire restent cependant floues sur la provenance, la nationalité ou la destination de ce bateau. Le navire a été escorté jusqu’au port de Safaga, à 570 km au sud-est du Caire, où les membres d’équipage ont été interrogés et une enquête est en cours pour déterminer si ces armes sont légales. Selon les forces égyptiennes ce navire battant pavillon togolais transporte 45 tonnes d’armes », détaille le confrère isréalien du site israelflash.com.
 
En juin 2014, un navire bourré de drogue a été arraisonné dans la Méditerranée « 42,7 tonnes de résine de cannabis ont été saisies vendredi par la police financière italienne au large de la Sicile à bord d’un cargo battant pavillon du Togo. L’Aberdeen acheminait la drogue du Maroc vers un port de la méditerranée pour ensuite l’écouler sur le marché européen. La police a interpellé l’ensemble de l’équipage composé de marins Libanais, Syriens et Indiens », reconnaissait republicoftogo.
 
En janvier 2015, un navire, cette fois transportant 300 immigrés clandestins, a été arraisonné au large de la Turquie par les garde-côtes de ce pays. Les trafics illicites sur des bâtiments togolais ou sur le sol togolais ne datent pas du temps du fils. C’est depuis l’ère du père que le Togo porte la triste réputation de pays trafiquant. En 2004, par exemple, un scandale impliquant un navire togolais a éclaboussé le Togo.
 
«Entre une et trois tonnes de cocaïne vénézuélienne ont été saisies dans le bateau togolais «Pitéa», intercepté au large du Ghana, une prise qui illustre «les nouvelles voies d’acheminement» de cette drogue sur le marché international, selon les spécialistes français. Le remorqueur qui venait du Venezuela avec sept hommes et une femme à bord, a été arraisonné dans la nuit de dimanche à lundi. Il contenait «plus de deux tonnes de cocaïne», selon un communiqué de la préfecture maritime de l’Atlantique (…) Estimée «de très belle qualité» selon les premières analyses effectuées à partir d’échantillons, cette cocaïne représente une valeur marchande en France «de 40 à 120 millions d’euros », avait-on appris de l’Agence France Presse (AFP).
 
Plus de dix ans après sa mort, le trafic n’a pas cessé. Sous son fils, les trafics ont plutôt l’air de prospérer. Même si, à l’approche du fameux sommet sur la sécurité maritime, le pouvoir cherche à polir son images en multipliant les beaux discours, les faits sont là, têtus, et donnent raison à un certain Laurent Bigot, ancien sous-secrétaire chargé de l’Afrique de l’Ouest à l’Elysée au Quai d’Orsay qui déclarait l’année dernière que « la piraterie est institutionnelle au Togo. On sait que le système pille le pays et que le régime est affairiste.
 
Là aussi, il faut arrêter de se raconter des histoires. C’est comme si l’on organisait une conférence contre le trafic de drogue, avec pour principal invité Pablo Escobar ».
 
La grande question qu’il faut se poser est de savoir comment autant de criminels ont pu réussir à se faire immatriculer leurs navires au Togo et que malgré la radiation de 144 bateaux, il puisse en exister encore de pourris. A qui profite(nt) le business des immatriculations des navires au Togo ? Combien de navires impliqués dans ces activités sont encore en circulation ? Comment peut-on prétendre lutter pour la sécurité maritime alors qu’on accorde soi-même la caution à du grand banditisme en haute mer ?
A suivre !
 
Mensah K.
 
L’ALTERNATIVE – N°504 du 08 Mars 2016
 

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