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Le débat continue de faire rage et alimente au quotidien toutes les discussions au sein du peuple togolais. Il s’agit de la succession de certains événements douloureux dans le pays sous le regard quasi impuissant du Chef de l’Etat, englué dans un système de plus de cinquante-trois ans aux ramifications diverses et variées. Dans cette position, tout porterait à croire que l’homme du quatrième mandat a littéralement démissionné par rapport aux impératifs régaliens qu’il se doit d’assumer en tant que Chef de l’Etat du Togo. Et, ces événements qui ne cessent de se produire posent fondamentalement le problème d’insécurité qui crée la psychose au sein des populations. Mais Comme l’on peut bien le constater, le Prince dont l’environnement est empreint à toutes sortes de crimes et de maux, semblerait être dépassé par les événements. Au regard justement de ces affreux, certains observateurs de la vie nationale sont tentés de dire que ce régime qui a trop duré court lentement vers son déclin.

A proprement parler, ce qui se passe dans ce pays dépasse l’entendement humain. Malheureusement, c’est la triste réalité togolaise. Car, tous ceux qui découvrent ce pays ne manquent jamais d’exprimer leur surprise sur cette réalité togolaise. L’élément traditionaliste, plutôt immobiliste qui attise toutes ces bestialités et dérives, réside insolemment dans un conservatisme comminatoire, foudroyant et funeste de la souveraineté du peuple qui induit à l’usure spatiotemporelle du pouvoir. Sans ambages, les événements qui se succèdent sous les yeux des Togolais sont une provocation d’une extrême gravité.

Et le Chef de l’Etat se mure dans une indifférence qui ne veut pas dire son nom. Sinon comment peut-on expliquer toutes ces animosités policières et militaires qui se succèdent dans le pays sans la moindre sortie du Chef de l’Etat qui devrait avoir tous les rapports afin de situer l’opinion et rassurer ses concitoyens ? L’assassinat d’un haut gradé de l’armée dans son bureau au lendemain de l’investiture du Chef de l’Etat, la tuerie d’un jeune débrouillard, les différentes bavures des forces de l’ordre, les braquages en plein jour, autant d’événements violents, sanglants et douloureux qui démontrent à suffisance, la déficience de l’autorité de l’Etat dansa mesure où des actions efficaces ne sont pas tellement mises en branle pour rassurer les Togolais de leur sécurité. Ces actes criminels et sauvages que nourrit l’impunité, font courir le régime à sa perte sans qu’il ne s’en aperçoive à temps.

A vrai dire, l’immense majorité des Togolais est déçue de la politique telle qu’elle est pratiquée dans ce pays de la sous-région ouest africaine. Nous pouvons même oser dire que le Chef de l’Etat, serait lui-même dépassé au regard de ces événements qui se produisent successivement dans le pays. Si tant est que le pouvoir togolais frappé d’usure peine à canaliser ces actes barbares et les endiguer qu’adviendrait-il demain? Nul ne saurait le dire. Toutefois, certains paramètres nous permettent d’analyser les faits et gestes qui sous-tendent, l’affaissement de l’autorité de l’Etat qui pourrait engendrer la fin d’un système qui n’a que trop duré et devient à la fin lassant.

Par ailleurs, dans la complaisance de l’obsolescence des valeurs corrompues, le régime togolais se fourvoie dans une anarchie empreint d’improvisation, de turpitude, d’insensibilité, d’insouciance, de représailles, d’injustice, bref de tous les maux qui freinent l’élan de la nation.

Aujourd’hui, au regard de ce phénomène dévastateur qui n’augure rien de bon, il n’est plus besoin de démontrer toutes les difficultés du chef de l’Etat à exercer la plénitude de ses prérogatives présidentielles. Oui, le Togo ne serait pas gouverné avec efficacité et efficience et cela pose un problème fondamental, celui de l’exercice du pouvoir. Cet état de fait pousse ses détracteurs à se demander si le Togo a un Président qui tient entre ses mains, la destinée de tout un peuple. L’essentiel ne réside pas dans la loi de la force pour se maintenir au pouvoir. Encore faut-il avoir la volonté, la manière de gérer avec perspicacité, les affaires de la cité. Le large éventail des travers, des injustices et autres dérives qui caractérisent la gouvernance sous le régime absolutiste des Gnassingbé, s’inscrit dans la dynamique machiavélique du pouvoir togolais à s’approprier les méthodes abjectes de gouvernement tenant lieu d’un obscurantisme incommodant. Et cela tient lieu de l’usure.

La bonne philosophie politique ne saurait résider dans l’escobarderie, dans l’impunité, dans l’injustice, dans la duplicité, dans l’hostilité des valeurs démocratiques, dans l’indifférence. Quand de près ou de loin, on scrute le paysage politique togolais, il est à s’apercevoir tout de go de l’inefficacité de la responsabilité du pouvoir qui débouche sur la déficience de l’autorité de l’Etat. Ce qui sans conteste explique bien l’amateurisme et le pilotage à vue dans la gestion de la chose publique et le manque cruel de véritables prises d’initiatives pouvant déclencher le mécanisme d’une bonne politique au service du développement, de la prospérité et de l’épanouissement du peuple.

Au Togo, aujourd’hui plus que jamais, il paraît assez clair que le régime totalitaire de Faure Gnassingbé, impopulaire à l’extrême, symbolise la régression à tous les niveaux et n’offre plus la moindre perspective si ce n’est le spectre d’un lendemain obscur. Le manque de notoriété, la faiblesse de l’autorité de l’Etat, le manque de perspicacité dans la gestion du pays, le laxisme condescendant et fâcheux etc. poussent le pouvoir togolais à se fourvoyer dans une anarchie qui l’emporterait si on en restait là.

L’essentiel n’est pas de conserver le pouvoir. Il faut avoir la capacité nécessaire, la poigne et l’ingéniosité à gérer convenablement le pays dont on s’arroge les fonctions du chef de l’Etat. S’il est une évidence que les hommes au pouvoir sont convaincus que la manière dont ils gèrent le pays est la meilleure qui soit pour qu’ils se fassent des illusions, il est une autre certitude que ces obscurantistes, étant incapables de se remettre en cause, aucune rénovation de leur système sclérosé n’est envisageable à terme. Ainsi, sont-ils foncièrement antirépublicains et ils ne s’en cachent pas. En outre, la fracture entre le système sclérosé et la légitimité populaire ainsi que les anciennes, les récentes et actuelles frustrations sont des éléments prépondérants et ostentatoires qui constituent une autre paire de manche pour le chef de l’Etat à la tête de ce pays exsangue et ankylosé où les risques de déflagration sont perceptibles à tous les niveaux. Avec la survivance hideuse de ces événements sanglants si l’on n’y prend garde au niveau supérieur de l’Etat, le vase sera débordé au bout du compte et la chute sera fatale.

Evoluant dans un milieu empreint de servilité, d’ignominie, de barbarie, d’obséquiosité, de désinvolture, d’immoralité publique, de corruption matérielle et morale, de gabegie, du pillage systématique des biens de l’Etat, lequel dépeint clairement la déliquescence de son pouvoir, le Chef de l’Etat pourra-t-il parvenir à rectifier le tir aussi facilement ? Rien n’est moins sûr.

Sa famille politique et lui ont alors beau forcer à tous les niveaux, ils ont beau charcuter les lois et principes de la nature pour se maintenir dans ce piédestal qui appartient au peuple, son exercice continuera toujours de prendre un goût de plus en plus amer jusqu’au jour où, de gré ou de force, ils seront obligés, par la conjugaison des circonstances, de le lâcher honteusement comme ce fut le cas pour certains despotes que le monde a déjà connus. Aussi, la confusion, cette grave et intolérable confusion entre une passion naturelle et noble liée à l’exercice sain d’un métier et celle qui flatte l’ego et les penchants de la chair liée au matériel, à la gloire et aux privilèges éphémères, n’a jamais pardonné. Du fait même que cette dernière éteint les fonctions de l’âme et de l’esprit, elle conduit inéluctablement au précipice et au mal au sens plein du terme. Qui s’y aventure paye d’emblée le prix, un jour ou l’autre sans ménagement ni concession de la nature.

Peter S.

Source : Le Triangle des Enjeux n°415 du Mercredi 03 Juin 2020

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