« Si l’on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un moment à choisir cette dernière formule » (Thomas Jefferson)

A force d’user et d’abuser de ses prérogatives, viendra un moment où on se retrouve dos au mur. L’Assemblée nationale tient des audiences et des débats ouverts au public. Au sein de l’appareil judiciaire, tant pour les procès civils que pénaux, les audiences restent publiques, même quand il s’agit de priver de liberté pour plusieurs années des citoyens. Cette pratique n’a d’autre but que de  livrer des magistrats au jugement d’une assistance assoiffée de déterminer si les sanctions prononcées sont à la mesure des débats entre les parties.

A la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), la pratique qui a toujours cours voudrait que les audiences de l’institution, lorsqu’un directeur de publication est convoqué, se déroulent loin des regards du citoyen. Conséquence, il devient fréquent de retrouver des communiqués produits par cette institution et qui sont en déphasage avec les sujets de discussion. La dernière décision prise et qui inflige une sanction frisant la démesure au bihebdomadaire « L’Alternative » vient confirmer cette tendance. Et quand on ajoute à ce constat la sortie ô combien masculine d’un des membres contre cette décision, on comprend que l’institution est à un tournant.

La HAAC a-t-elle quelque chose à se reprocher dans son fonctionnement ? Est-elle uns institution privée ou publique ? Les membres ont-ils des raisons de craindre la présence du public lors des audiences ? Les réponses à ces interrogations poseront assurément la question sur la manière dont les audiences sont conduites par cette institution en charge de réguler les médias ; pas seulement de les sanctionner.

Lorsque la sanction contre le journal est rendue publique, il en est qui ont jubilé. C’est leur droit, surtout lorsqu’ils n’y connaissent que dalle en investigation. Mais à côté, d’autres se sont étonnés de la démesure de la HAAC, surtout après que le journal en cause a produit la quintessence des débats pour édifier les citoyens. Et quand un membre de l’institution a osé mettre le pied dans le plat et récusé sa signature, on en arrive à la conclusion qu’au sein de cette HAAC là, il y a quelque chose d’anomale qui se passe. Mais comment y remédier ?

Rendre publiques les audiences est la seule manière de prendre à témoin les citoyens dont les contributions aux recettes de l’Etat togolais permettent de payer tous les fonctionnaires de l’Etat, ceux de la HAAC compris. Et si l’Assemblée nationale ou la justice conduit des débats publics, il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement pour une institution dont les décisions mettent à mal l’image du Togo à l’international.

Godson KETOMAGNAN / Liberté N° 3325 du 11-02-21

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