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Alors que les autorités togolaises s’emploient à gagner des points afin de permettre au Togo d’être éligible au Millénium Challenge Account, des pratiques d’une autre époque rament à contre courant et risquent de faire reculer le pays de « cent ans en arrière ». Si un pays en voie de démocratisation peut se permettre de laisser libre cours à certaines personnes indélicates de s’opposer à sa politique de bonne gouvernance, il y a de quoi douter d’une réelle volonté de se hisser au rang des pays émergents d’ici à 2030.
 
A ce jour, tout le monde est conscient d’un Togo qui doit tourner la page d’une époque qualifiée de règne sans partage. Quand on ne prend garde, la Cour Pénal Internationale, si les textes l’y autorisent, peut s’inviter prochainement pour se saisir du dossier Palm Beach au regard des crimes contre l’humanité dont font l’objet les employés dudit hôtel. La démocratie à l’étape embryonnaire aidant, dame Myrna Tabchoury, gérante de l’hôtel Palm Beach, écrase à son aise tout sur son passage. Refuser la génuflexion à son passage est passible d’une peine allant de la mise à pied au licenciement sans autres formes de procès. D’innombrables employés congédiés en savent quelque chose.
 
Une fois encore, dame Myrna Tabchoury sort une décision datant du 10 octobre 2015 demandant à cinq des délégués les plus « gênants » de la boîte de ne plus mettre pied à leur lieu de travail. Ceux-ci, cette fois-ci, ne veulent plus laisser faire. Ils enclenchent une série de procédures en commençant par une conférence de presse organisée ce lundi 12 octobre 2015 à la CSTT à Lomé et dont la teneur suit :
 
Déclaration liminaire
 
Nous, employés de l’hôtel Palm Beach, décidons ce 12 octobre 2015 de rencontrer la presse pour lui présenter un certain nombre de préoccupations d’ordre professionnel qui nous tiennent à cœur.
L’hôtel Palm Beach, on ne le dira jamais assez, traverse une situation à nulle autre pareille au regard des traitements que subit le personnel depuis un certain temps. Malgré les voies de recours observées jusqu’alors conformément aux textes en vigueur, le bout du tunnel n’est pas proche. Autrement, il s’éloigne davantage chaque jour que Dieu fait.
 
En effet, l’organisation du personnel a débuté officiellement en 2006 suite à une décision du gouvernement mettant l’accent sur l’élection des délégués représentatifs des employés. Après cette étape, nous avons formulé en 2008, nos doléances relatives à la prime de cantine et de transport évaluée chacune à 19.000 F CFA. La Direction de l’hôtel, saisie par notre demande, propose une prime totale de 15.000fcfa et promet commencer à redresser la barre en fin décembre 2008 assorti de certaines conditions. Le reliquat des deux primes reste toujours impayé à ce jour. Aussitôt les discussions entre les deux parties terminées, le consensus est rentré dans un sommeil profond. Aujourd’hui, rappeler ces clauses à la Direction est une atteinte grave à sa quiétude.
 
En outre, il est préconisé des avancements chaque 18 mois pour le personnel. Depuis, sur les quatre avancements, seuls deux ont été respectés, le reste n’est plus d’actualité et ce à partir de 2012. Par conséquent, l’inexistence des rappels sur salaire pour le cas particulier de Palm Beach demeure une éthique.
 
Pour ne pas s’attirer la foudre de notre employeur, il faut s’abstenir de lever le doigt pour apporter sa touche à la bonne marche de l’hôtel. Dans la foulée, plus de 22 agents ont été congédiés pour, dit-on, licenciement pour motifs économiques sans aucune forme de procès. Le droit lié au licenciement étant une denrée rare dans la boîte, la Direction n’a pas daigné respecter les procédures en la matière. A titre d’exemple, les agents licenciés n’ont reçu qu’une indemnité calculée au gré des humeurs de l’employeur sans l’avis des inspecteurs de travail chez qui l’affaire est toujours pendante.
 
Devant une telle situation, les autorités compétentes sont saisies. D’innombrables rencontres et séances de travail ont été organisées avec celles-ci. A chaque rencontre, le manque de volonté notoire de l’employeur ne cesse de s’afficher. A la reprise de nouvelles tractations, la Direction, comptant sur ce qu’on peut appeler ses soutiens ou réseaux, ne s’inquiète guère. Elle a toujours le vent en poupe pour étouffer toutes démarches, même provenant de la part de la hiérarchie de tutelle.
 
Nonobstant cette série de mépris à l’endroit des employés, certains délégués ne désarment pas et rappellent à l’employeur, à chaque fois que besoin est, ses droits et devoirs pour une meilleure collaboration. Ceux-ci s’adonnent à cet exercice mais ils ont commis l’erreur d’oublier que la gestion moyenâgeuse et la conduite hitlérienne constituent des domaines de prédilection des dirigeants de l’hôtel.
 
Ce samedi 10 octobre 2015, la Direction leur a rappelé que la bonne gouvernance pour laquelle ils luttent ne fait pas partie de son cahier de charges. Conséquence : cinq des ces délégués ont purement et simplement écopé d’un carton rouge d’après la décision N°002-15/ITLS/LO1 de l’Inspection du Travail et des Lois sociales Lomé-Ouest I du 24 septembre 2015. Ce qu’on pourrait qualifier de licenciement abusif des temps immémoriaux appliqué à l’ère du renouveau est encore intervenu ; ce, naturellement au mépris des règles élémentaires régissant les procédures de résiliation de contrat. Selon nos informations, les employés restants, épris de bon sens et ayant des bribes de démocratie risquent de connaître à leur tour le même sort s’ils continuent de s’arc-bouter à la décence.
 
Nous avons décidé de briser le silence afin de porter l’affaire sur la place publique car, cette façon de gérer les employés sape dangereusement la politique de bonne gouvernance du pays. Nous lançons un appel pressant à l’autorité supérieure, notamment le chef de l’Etat, afin de rentrer dans l’arène pour sauvegarder la réputation du pays. L’objectif de cette implication est d’inspirer fierté et patriotisme aux employés pour contribuer à la cohésion sociale et s’éloigner de la précarité sans commune mesure qui sévit au sein du personnel.
 
Fait à Lomé le 12 octobre 2015
 
Le porte-parole des délégués abusivement licenciés
 
source : Emergence Togo
 

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