Gilbert_Diendere_findepartie


La partie est désormais terminée pour le général Gilbert Diendéré. Après avoir trouvé refuge pendant deux jours chez le nonce apostolique, l’ambassadeur du Vatican à Ouagadougou, l’ex-chef putschiste a été arrêté, jeudi 1er octobre dans l’après-midi, et conduit dans une caserne de gendarmerie. « Nous avons négocié et ça s’est passé le plus naturellement possible. Il suffisait juste d’aller le chercher à la porte. Il sera jugé par un tribunal militaire », indique le premier ministre, Isaac Zida, la voix empreinte de satisfaction. Pour cet ancien officier du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), voilà que l’heure de la revanche a sonné. Gilbert Diendéré l’avait placé à la tête de la transition il y a onze mois, avant de rompre brutalement avec celui qui avait voulu s’émanciper trop vite de son mentor. En somme, le fils vient de tuer le père.
 
Au même moment, « Z » a, lui, la voix d’un enfant dans un magasin de jouets. Z, qui souhaite conserver l’anonymat, est l’un de ces jeunes officiers venus d’une garnison de province pour déloger du pouvoir les putschistes issus du régiment de sécurité présidentielle (RSP). Un de « ces boys, comme disent les GI’s, qui ont volé au secours de la nation », comme les a qualifiés le président intérimaire, Michel Kafando, mercredi 30 septembre, au lendemain de l’assaut victorieux du camp Naba Koom 2, où étaient retranchés les derniers irréductibles du RSP.
Le camp de Naba Koom 2, caverne d’Ali Baba
 
Cette immense caserne qui jouxte le palais présidentiel de Kosyam, que même le chef de l’Etat de la transition n’avait jamais visitée, selon ses dires, alors que ses éléments « étaient censés protéger (s)a personne », faisait figure depuis des années de château de « l’Etoile noire » au Burkina Faso. Le siège d’une armée dans l’armée, choyée comme nulle autre du temps de Blaise Compaoré. Il est manifeste que ses anciens gardes prétoriens en ont conservé une certaine nostalgie. Une peinture du chef de l’Etat déchu, en tenue militaire, étudiant à la loupe une carte d’état-major est encore accrochée dans les couloirs menant à une salle de réunion.
 
Pour Z, le camp de Naba Koom 2 ressemble surtout à une caverne d’Ali Baba. « Il y a un arsenal conventionnel et non conventionnel incroyable, des armes que je n’ai jamais vues, même durant ma formation. C’est vraiment balèze », dit-il. L’arsenal du RSP a toujours été un secret bien gardé. « On a même découvert des armes traditionnelles qui servent pour les braquages », assure Z. Ont-elles été prises à des malfrats par le RSP ou bien ont-elles servi à commettre des méfaits ? Mystère. Autre interrogation : combien de soldats ont péri dans le bref assaut donné mardi après-midi à ce camp où étaient retranchés les derniers soldats de cette unité d’élite ?
Une rébellion sans perte humaine
 
« Honneur à cette armée nationale qui a réussi la prouesse tenant du miracle de mettre fin à la rébellion sans perte en vies humaines ni du côté des loyalistes, ni du côté des insoumis », a déclaré, mercredi, Michel Kafando, le président de la transition, sur la place d’armes du camp Naba Koom 2. « Nous-mêmes, on n’y croit pas trop, mais je peux vous assurer que l’on n’a toujours pas retrouvé de corps sur place. Quand on est rentré à l’intérieur, le camp était vide », dit Z, considérant que « les tirs d’artillerie ont été vraiment dissuasifs ».
 
Si à Ouagadougou, un certain scepticisme demeure sur ce bilan, un officier à l’état-major des armées affirme que « deux salves d’orgues de Staline sur des positions inhabitées du camp du RSP ont suffi à créer la panique ». D’après plusieurs sources, la stratégie mise en place par l’armée loyaliste a été de laisser les derniers soldats du RSP sortir de leur camp pour tenter de les récupérer par la suite. « Huit cents à neuf cents hommes (sur les treize cents que comptait le RSP), ont rejoint le camp 1178, où ils ont été sommés de se rendre, ou de rejoindre leur nouveau lieu d’affectation » après la dissolution du RSP, expliquait jeudi après-midi un officier. Reste à savoir, comment les frères ennemis d’hier cohabiteront à l’avenir.
 
source : Le Monde
 

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