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Durant trois jours, du sang a coulé dans le très fréquenté centre commercial « Westgate ». Une dizaine d’islamistes, des Shebabs, ont pris en otage le bâtiment à deux niveaux, exécutant froidement une soixantaine (le bilan était encore provisoire hier) de ses occupants. Au nom de Dieu! Pour se venger de la participation des forces kenyanes à la mission des Nations Unies qui mène la guerre aux Shebabs en Somalie. Ils avaient prévenu, ces « fous de dieu », un peu comme avaient prévenu aussi les islamistes du Nord Mali, quand s’organisait le dispositif militaire international qui devrait les déposséder plus tard de leur butin.
 
Nairobi, si loin si proche. Géographiquement, ce qui s’est déroulé dans la partie Est du continent peut sembler lointain de l’Afrique de l’Ouest. Seulement quand on analyse les contextes, on ressort beaucoup de similitudes dans les contextes. Si l’Afrique de l’Est a « ses » Shebab, l’Afrique de l’Ouest à aussi « ses » terroristes : Alqmi, Boko Haram et autres. Tous ces mouvements ont ceci de commun que ce sont des extrémistes réligieux qui croient devoir aider « Allah » à mettre fin à la vie d’autrui, surtout des « mécréants ». L’Est de l’Afrique, du fait de sa proximité avec le Proche et le Moyen Orient où foisonnent des mouvements extrémistes réligieux, semble particulièrement exposé certes, mais n’oublions pas que Alqaida a pu s’installer au Maghreb, juste au-dessus de nos têtes. Boko Haram dont les relations sont presque certaines avec les autres groupes terroristes, depuis plusieurs années, refuse de disparaître du Nord Nigeria et résiste farouchement aux fréquentes campagnes militaires dudit pays. Nous sommes là à moins d’une demi-journée de voiture de notre pays.
 
Longtemps restées sur le banc des accusés sur le plan international, les autorités togolaises ont cru devoir trouver la formule pour se refaire une place aux côtés des autres pays. La trouvaille ? Multiplier la participation du Togo aux missions militaires communautaires et internationales, même si les Togolais doivent servir de gardiens avec des chaussures de brousse à la place des godasses. Et manger du gari, pendant que les autres se régalent de poulets braisés et autres recettes succulentes. Depuis quelques années, le Togo est presque toujours présent sur tous les fronts, en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Soudan (Darfour), et récemment au Mali où la question est plus sensible. Là, il s’agit de faire face à des groupes reconnus comme terroristes.
 
Même si un calme apparent semble régner au Nord Mali avec la participation de certains groupes terroristes qui ont occupé le nord du pays suite à un processus de négociations, la menace n’est pas pour autant totalement écartée. Les pays voisins comme l’Algérie et le Niger ont connu au moins une fois la répercussion de ce conflit sur leur territoire. Disons-le tout net, la lutte contre le terrorisme a un prix; les Etats-Unis paient ce prix chaque jour, sur leur propre territoire ou partout où se situent leurs intérêts dans le monde. Et se sachant menacés, ils prennent toutes mesures nécessaires à leur protection, quitte à bousculer les habitudes des habitants des pays où se situent leurs Ambassades.
 
Avant d’engager la France au Mali, François Hollande a présenté un plan de sécurité, conscient des risques que l’opération Serval faisait courir à son pays. Mais au Togo, rien à ce jour. Déjà que dans notre pays, il n’y a d’arsenal sécuritaire que pour le « Prince ». Les « simples » phénomènes de vol et braquages résistent à nos systèmes de sécurité. Il y a deux ans, on se rappelle, quelques individus à bord d’un véhicule ont pu braquer, en pleine journée, l’agence Togocel d’Adidogomé, tuer deux militaires, tenir en respect le personnel, ramasser tout ce qu’ils voulaient et repartir, tranquillement. Alors que le Commissariat de Djidjolé, le camp militaire d’Adidogomé et la frontière ne sont pas si loin du lieu du crime sanglant.
 
Vu l’actualité au Kenya, quelques questions taraudent l’esprit du Togolais: sommes-nous prêts à assumer entièrement notre engagement, aux côtés des autres pays, contre le terrorisme ? De quels moyens logistiques et humains dispose aujourd’hui le Togo pour éliminer tous les risques liés à sa participation à la mission au Mali ? Des questions, pour l’instance, sans réponses.
 
 
Mensah K.
L’Alternative Togo