Dans la nuit du jeudi 14 juillet 2011, les forces de sécurité se sont répandues en patrouilles à une heure inhabituelle dans les quartiers de Hanoukopé, Kodjoviakopé et autres, opérant interpellations et arrestations que personne n’avait comprises. Et c’était au cours de cette patrouille hors du commun que rien ne justifiait, alors qu’il n’était que 21 heures, 21 heures 30, que le leader du Parti des travailleurs, Claude Améganvi avait été brièvement interpellé puis relâché.
 
Plusieurs dizaines de jeunes ont été ainsi arrêtés dans la nuit de jeudi et conduits à la gendarmerie où ils ont été gardés jusqu’à hier dimanche. Selon les informations qui nous sont parvenues, pour obtenir leur libération, les parents de ces jeunes gens ramassés « les yeux fermés » et sans aucune étiquette d’appartenance au FRAC, auraient dû payer cinq mille (5000) francs pour chacun. Aucun couvre-feu n’avait été annoncé. Si cela avait été le cas, on pouvait comprendre cet élargissement moyennant une rançon en guise de pénalité. Qu’est-ce qui se passe donc dans notre pays ?
 
On apprend par ailleurs que ces jeunes appréhendés auraient été photographiés et leurs empreintes digitales enregistrées. Après ces formalités, des menaces auraient été proférées à l’endroit de chacun d’eux. D’après les menaces, si jamais demain on les retrouvait aux manifestations du FRAC et qu’ils étaient arrêtés, ils seraient déférés directement en prison. Il y a quelques jours, de nombreux commentaires ont été faits sur la malheureuse sortie diplomatique de Mme Patricia Hawkins, ambassadrice des Etats-Unis au Togo qui reconnaissait en la présidentielle de mars 2010 l’élection la plus transparente et la plus démocratique jamais organisée au Togo.
 
A Liberté, nous étions allés jusqu’à dire que ce qui tenait le plus à cœur à Mme Hawkins c’était de faire croire que Faure Gnassingbé avait été bien élu et qu’il fallait fermer la page de la présidentielle de 2010 et passer à autre chose. Pour nous, cela signifiait que les marches organisées tous les samedis par le FRAC pour réclamer la victoire de Jean-Pierre Fabre gênaient l’ambassadrice. Pourquoi ? Nous ne saurions le dire. De là, à comprendre que les manifestations de contestation de la victoire de Faure Gnassingbé dérangent le pouvoir, il n’y avait qu’un pas qu’on a vite fait de franchir.
 
Il nous souvient qu’il y a quelques semaines, un responsable de l’ANC déclarait sans ambages au cours d’une interview à une radio de la place, en réponse à une question posée par rapport aux résultats obtenus jusqu’ici depuis plus d’un an que les marches du FRAC se déroulent, que cela produit énormément d’effet et que le camp d’en face en sait quelque chose. Les Togolais viennent d’avoir la confirmation de cette assertion.
 
Eu égard à la sortie des forces de sécurité dans certains quartiers de la ville de Lomé suivie d’interpellation ou d’arrestation de passants sans raison valable avec détention pendant des jours avant de les remettre en liberté et à coup de menaces et d’intimidations, on a envie de se demander si l’on construit la démocratie au Togo ou si on la détruit.
 
Alain SIMOUBA
 
Liberté N° 1010 du Lundi 18 juillet 2011

 

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