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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) dirigée par Angèle Dola AGUIGAH ne cesse d’étonner l’opinion nationale et internationale par ses sorties intempestives. La population togolaise, surtout les acteurs politiques de l’opposition, n’ont pas encore fini de digérer la décision impopulaire de cette institution qui avait déclaré par la voix de sa présidente et de façon illégale que les élections législatives auront lieu dans la première semaine de juillet 2013 que la CENI a jeté de l’huile sur le feu en lançant les candidatures pour les prochaines législatives. Cet appel qui court du 3 au 10 Juin 2013 est perçu comme une nouvelle provocation.
 
«Dans le cadre des élections législatives de 2013, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) invite les partis politiques, les regroupements de partis politiques et les groupes de candidats indépendants que le dépôt de candidature commence le lundi 03 Juin 2013 à 8 heures et prend fin le lundi 10 Juin 2013 à minuit ». Voilà en substance ce que disait ce communiqué de la CENI concernant l’appel à candidature. Les conditions d’éligibilité ainsi que la composition du dossier de candidature ont été précisé dans ce communiqué. Dans les 24 h qui suivent l’acceptation des candidatures, le candidat en tête de liste doit payer un cautionnement qui s’élève à 200 mille FCFA par candidat au Trésor public. « Le récépissé définitif de candidature ne sera délivré que suite à la présentation de la quittance de cautionnement », précise encore le communiqué.
 
Cette nouvelle sortie de la CENI arrive à un moment où la crise politique connaît une crispation avec l’arrestation de deux membres très influents du Collectif Sauvons le Togo ; le Président de l’association des victimes de la torture (ASVITTO), le Commandant Amah POKO et le Président du parti Mouvement des républicains centristes (MRC), Abass Kaboua croupissent depuis la semaine dernière respectivement dans les prisons civiles de Mango et de Notsè. Abass Kaboua, quoique souffrant, a passé quelques heures à la prison civile de Lomé avant d’être transféré avec les mains menottées derrière à la prison civile de Notsè.
 
La CENI, selon beaucoup d’observateurs, se confond à une caisse de résonance du gouvernement. Sinon comment comprendre qu’un appel à candidatures pourrait être lancé pendant que certains acteurs politiques sont jetés en prison et d’autres, interdits de quitter l’aire géographique de Lomé ou encore placés sous contrôle judiciaire ? Comment pourrait-on faire une élection inclusive, transparente et équitable dans de pareilles circonstances ? Autant de questions qui font dire que la CENI est loin d’être une institution indépendante. Et selon des observateurs avisés, le gouvernement voudrait profiter de la complicité de la CENI pour mettre sur les carreaux l’opposition regroupée au sein du Collectif Sauvons le Togo (CST) et la Coalition Arc-en-ciel. Ce gouvernement qui a créé de toutes pièces, les histoires des incendies pour mettre en prison, ceux qui dérangent le pouvoir ou sont les potentiels candidats gênants.
 

L’opposition réagit face au coup de force de la CENI

 
Pour Me Zeus Ajavon, cette sortie médiatique de la CENI risque d’envenimer la situation sociopolitique déjà délétère. Et d’ajouter que les élections législatives risquent même de ne pas être organisées au Togo en cette année 2013.
 
Même son de cloche du côté de Patrick Lawson de l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Pour lui c’est une provocation de plus de la part du gouvernement. Il dit ne pas comprendre pourquoi le gouvernement s’agite pendant que les conditions sont loin d’être satisfaites pour des élections apaisées. Pour lui, le dialogue préalable aux élections reste toujours d’actualité. Il a rappelé que ce ne sont pas des candidats qui manquent pour son parti mais il tient beaucoup à l’apaisement du climat politique car, estime t-il, les élections seules, ne constituent pas le problème dont souffre le pays.
 
Brigitte Adjamagbo-Johnson de la Convention démocratique des peuples africains(CDPA), elle, appelle le pouvoir à la retenue. Le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Gilbert Bawara, justifie cette annonce de la CENI en disant que cela permettra de donner du temps aux différents candidats de se préparer aux élections qui devraient se tenir autour du 10 Juillet 2013. A bien d’égard, cette annonce des enrôlements des candidats et celle de la date probable du scrutin sont stratégiques pour le pouvoir. En effet, les deux personnes incarcérées dans la fameuse affaire des incendies sont perçues comme des appuis solides pour l’opposition dans le Nord du pays en l’occurrence dans la région de la Kara. L’objectif est de décapiter l’opposition. Et si la CENI qui clame son indépendance se mêle à ce jeu, il y a péril en la demeure.
Mais si elle s’enfonce les yeux fermés pour aller au bout des dérives, elle serait seule face à l’histoire. Sinon, à en croire beaucoup d’observateurs, le contexte politique actuel ne s’y prête pas du tout. Et cette décision reste et demeure impopulaire et suicidaire pour la paix sociale.
 
Jean-Baptiste ATTISSO
 
L’Indépendant express N° 257 du 04 juin 2013
 

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