Tout le Royaume-Uni a célébré cette semaine sa reine. Pendant quatre jours, du 2 au 5 juin, les Britanniques ont célébré en grandes pompes le jubilé de diamant de sa reine, Elisabeth II. A anniversaire exceptionnel, évènements exceptionnels. Point besoin de revenir sur cet imposant anniversaire à la mesure des 60 ans de règne de la Queen.
Un anniversaire en appelant à un autre, au Togo, le jeune monarque qui trône à la tête du pays a aussi célébré hier son 46è anniversaire. Pas de son accession au pouvoir… mais de sa naissance. Le fils du père est né un 6 juin 1966, un 6/6/6 comme on le dit. Un chiffre auquel on prête toutes sortes d’interprétations. Passons ! Selon le très « toxique » site du gouvernement, republicoftogo.com, le président togolais est l’un des plus jeunes chefs d’Etat en Afrique. Mais ce que le site d’endoctrinement oublie de mentionner, c’est qu’il est aussi l’un des grands en matière de hold-up électoraux.
Contrairement au Royaume-Uni, il n’y a pas eu de flonflon au Togo et l’évènement est passé inaperçu. Ils sont peu, très peu, les Togolais qui savent que leur président a soufflé une bougie de plus. Comment pourraient-ils le savoir quand le N°1 Togolais est un Super président qui reste toujours cloîtré dans sa tour d’ivoire, qui communique très rarement, que les populations ne voient presque pas. Le jour où il parle, c’est qu’il y a un évènement hyper important dans le pays. Autrement, c’est le silence radio. Les populations peuvent passer des mois sans voir leur président ni écouter sa voix. Il donne parfois l’impression d’avoir peur de ceux qui l’ont « élu ».
Cette situation relève du fait que le jeune monarque n’a pas le soutien de son peuple. S’il a l’onction des populations, l’évènement aurait pu se fêter dignement. Mais tel n’est pas le cas. C’est un secret de polichinelle, le fils du père s’est imposé de fait aux Togolais. Dans ces conditions, il va de soi qu’on le boude. De plus, les Togolais ont beaucoup d’autres problèmes, ils sont plus préoccupés par leur survie quotidienne, que de porter un quelconque intérêt à un quelconque anniversaire, fût-il de leur président. Bon anniversaire tout de même !
Un président « normal », une santé « normale »
Un mois tout juste après son accession à l’Elysée, transparence oblige, François Hollande a publié son bulletin de santé. RAS (Rien à signaler). Le tombeur de Sarko se porte comme un poisson dans la Seine. La santé du président est « normale », révèle l’examen clinique et paraclinique qui lui a été pratiqué au service médical de la présidence de la République. Bien avant que Hollande ne soit élu, il avait fait savoir qu’il était « important que les Français aient confiance en la capacité de leur président à gouverner », et s’était déclaré favorable au fait de « donner publiquement et régulièrement les informations liées à l’état de santé du chef de l’État ». Une promesse qu’il venait de tenir. Le président français s’est par ailleurs engagé à publier un bulletin de santé « tous les six mois ».
Un contraste avec ce qui se passe sous les tropiques. En Afrique, les chefs d’Etat sont des extraterrestres et leur santé, un sujet tabou. Un black out total entoure la question. Il est formellement interdit d’en parler et qui s’y frotte s’y pique. Dans certains pays, des journalistes l’ont payé cher pour avoir fouiné dans une affaire qui ne les concerne en rien. Ils ont été tout simplement embastillés pour avoir révélé que leur président était malade. Comme s’il ne devrait jamais l’être.
Au Togo, depuis sept (07) ans que le jeune président est en fonction, les Togolais n’ont eu aucune information concernant son état de santé. S’il se porte bien ou s’il est malade, jamais on ne le sait. On se contente des images de lui à la télé. C’est tout. Par manque d’informations, les populations se délectent des rumeurs. Souvent, les spéculations et les supputations vont bon train.
Pour couper court à cela, son père, Gnass lui, avait publié son bulletin de santé. Et le résultat était sans équivoque : il « ne tombe jamais malade ». Il a laissé entendre qu’il n’a jamais attrapé le moindre palu…jusqu’à ce que ne survienne le 05 février 2005 la catastrophe « gnassionale » avant que les Togolais ne se rendent compte que leur président n’est pas immortel…
Font-ils le jeu du pouvoir ?
Dans moins de cinq mois, les Togolais seront appelés à se rendre aux urnes pour choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale. Mais les conditions devant permettre aux populations de faire librement et en toute transparence leur choix, ne sont pas réunies. Pris de boulimie du pouvoir, le parti cinquantenaire Rpt/Unir qui régente le pays depuis près d’un demi-siècle ne veut pas lâcher du lest. Très impopulaire, son arme « FATale » réside dans la fraude électorale. Et il en use et en abuse à chaque joute électorale.
Pour s’assurer une majorité absolue au parlement lors des prochaines législatives, le fils qui vient de faire sa mue en fondant un nouveau parti et qui se disait pourtant différent de son géniteur – on connaît sa célèbre boutade « lui c’est, moi c’est moi »-, se comporte malheureusement exactement comme son papa en viciant le processus. Unilatéralement, il fait élaborer un code électoral et un découpage à sa mesure et les fait adopter par sa chambre d’enregistrement malgré le concert de réprobations des partis d’opposition et des organisations de la société civile.
Alors que certains partis et organisations continuent de se battre pour obtenir un minimum de transparence lors de ces législatives, d’autres formations politiques, celles qui ne représentent rien, absolument rien, sont pressées comme la diarrhée d’aller aux élections. Le premier à donner le ton est Fo Nico. L’opposant « pétard » et sa « particule », le Prr n’entendent pour rien au monde bouder les élections à venir. Le comble du ridicule est qu’il est même certain d’en sortir gagnant. « Notre victoire permettra enfin d’agir puissamment pour engager les réformes institutionnelles et constitutionnelles majeures et promouvoir les réformes économiques et sociales décisives pour le redressement national ». Hum !?
Comme Fo Nico, Bassabi Kagbara lui aussi n’entend pas laisser le terrain libre au Rpt/Unir/Ufc même s’il est convaincu que les dés sont pipés d’avance. « Au nom de la Patrie, le PDP sera au rendez-vous de 2012 », affirme Bassabi Kagbara. Pour quel résultat ? Allez-y savoir. De là, à conclure qu’ils font le jeu du pouvoir, le pas est vite franchi.
liberte-togo.com